Story

Milo: «Si je comprends bien, c'est avec toi que je vais passer les trois prochains mois dans cette cellule, c'est ça?»
Compagnon de cellule: «Contente-toi de te taire, on n'est pas en prison pour se faire des amis.»
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Entretien avec le psychologue de la prison

«Milo Ridley Smith… Autant dire que Milo ne sonne pas américain, Ridley non plus. En fait, il n'y a que Smith qui vous raccroche aux Etats Unis d'Amérique.» «Moi qui pensais qu'on parlerait de comment sortir d'ici le plus vite, voilà qu'on s'en prend aux choix de prénoms de mes parents.» «C'est juste que j'aime bien étudier mes patients. Milo, c'est de quelle origine? Et Ridley, ça doit venir de votre mère qui est anglaise, je me trompe?» «Milo est sorti de la bouche de ma mère, tout comme Ridley. Est-ce que je vous demande pourquoi vos parents vous ont appelé Rufus? C'est généralement pour les chiens que l'on utilise ce genre de prénoms arriérés, non?» Autant vous le dire, je n'ai jamais aimé les psychologues et quand en plus ils essaient de s'intéresser à une quelconque origine, ça me donne juste envie de les envoyer chier. Après tout, ils sont là pour parler de mes problèmes, autant mettre le sujet sur la table et commencer au lieu de parler de trucs pareils, non? Assis sur cette chaise avec les menottes aux poignets, je le fixai d'un air méprisant, après tout qu'il parle, je ne comptais pas rester dans cette prison pendant trois mois. «Bien… Parlez-moi de vous, de pourquoi vous en êtes arrivé à être en prison aujourd'hui» Je rigolais, je me demandais s'il se foutait de moi. Après tout, il devait en savoir bien assez pour connaître l'origine de ma mère. Je me frottai le haut du front et soufflai, ennuyé. «Mes parents se sont envoyés en l'air un soir, ont accueilli un troisième enfant qui s'appelle comme moi. Il a grandi, il a suivi sa scolarité, tentant l'université jusqu'à ce qu'il se fasse renvoyer et bam… il se retrouve accuser de revendre de la drogue et se retrouver en prison avec un psychologue qui lui casse les cou…» «Je vois, je vois… On va éviter les vilains mots, on a beau être dans une prison, il y a d…» «… j'ai l'âge de dire ce que je veux, non? Je ne vais pas me retenir de dire que les mecs qui m'ont dénoncer sont des enfoirés et que vous êtes l'un de ces cons de psy qui fait semblant de s'intéresser à la vie des prisonnier. Donc allez, abréger…» Je détestais que les choses aillent lentement et je détestais cet endroit. C'est vrai que j'avais merdé, mais n'empêche que vendre de la drogue était un moyen de se faire de la tune facilement et de vivre sa vie. Je m'étais fait choper, j'ai essayé de prouver mon innocence mais on m'a foutu ici et je n'ai qu'une envie, en ressortir. «Bien… Regrettez-vous d'avoir été viré de l'Université pour devenir un dealer dont les parents ont refusé d'assister au procès tellement ils avaient honte de leur fils? Aucune visite depuis trois semaines, ni même vos deux sœurs. On peut dire que vous avez réussi votre vie. Pas de travail, pas d'avenir, pas de famille… Que comptez-vous faire quand vous sortirez? Revendre de la drogue puis revenir en prison?» Sur le coup, j'étais resté silencieux. Le psychologue que j'avais cru raté, avait finalement montré comment démonter une personne en quelques phrases. Comment faire mal en utilisant des points sensibles. J'avais serré les dents tout en regardant ailleurs. Oui, mes parents refusaient d'entendre parler de moi et ne comptaient pas me voir, ni même mes sœurs. C'était difficile à avaler mais je m'y faisais, après tout, depuis que j'avais été renvoyé de l'université après avoir frappé ce professeur, j'étais descendu dans l'estime de chacun. L'élève que j'étais n'était plus apprécié alors qu'au fond, j'étais l'un des meilleurs. J'étais malin, je connaissais beaucoup de choses et lorsque je dealais, je mettais mes connaissances à profit, me faisant plus d'argent que certains. J'avais tout pour me fabriquer un avenir en étant à l'Université mais ça a raté, et alors? J'ai de quoi rebondir, je sais qu'en ressortant de prison, je reprendrai mes affaires, bougerais à quelque part d'autres et voilà. «Je trouverai un travail, comme n'importe qui le ferait et je vous mettrai dans mes références. Après tout, ils en sauront plus de votre part que de la mienne j'en ai l'impression. Je ne suis pas sûr de pouvoir mieux résumer ma vie que vous.» Il s'était mis à rire, fermant mon dossier tout en le glissant dans la poubelle. J'avais été surpris mais ce qu'il me dit, me fit comprendre le pourquoi du comment. «Vous sortez ce week-end, quelqu'un a pris votre défense et ça a pesé. Il paraît que c'est votre sœur aînée, vous irez la remercier. Quant à me mettre dans vos références, n'hésitez pas, je pense que vous avez un certain potentiel. Pour tout te dire Milo, j'ai été psychologue à Yale, je te connais très bien. Je pense que ton renvoi était mérité, mais je pense que certaines universités, moins brillantes pourraient encore t'ouvrir leurs portes. Tu as du talent, profites-en» Yale… L'Université dans laquelle j'étais il y a encore six mois. Rapidement je compris et je me rappelai de ce Rufus Tinley. Psychologue qui allait déménager sur Boston pour une prison, celle où j'étais en ce moment. Je compris pourquoi il en savait autant sur moi, après tout qui à Yale n'avait pas de contact avec mes parents, qui? Personne.
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Depuis ce passage, je suis sorti de prison, cinq mois que je vis à Los Angeles où j'ai repris mes activités… Non pas scolaires mais de dealer. Les affaires sont plutôt bonnes, les femmes sont naïves et les gens sont très tentés par de nouvelles expériences. Des problèmes? J'en ai, mais je m'en tape, je suis encore en vie, j'ai réussi à m'offrir une maison – peut-être que l'argent de mes parents y est pour quelque chose – et la drogue me rapporte plus que je l'aurais pensé. En plus, à Los Angeles, les stars sont un peu partout et elles paient cher, même lorsque c'est de la moins bonne. Qui s'en plaindrait?