Encore une fois, Ava se retrouvait seule. Son meilleur ami, Gabriel, l’homme pour qui elle avait des sentiments plus qu’amical peu à peu venait de repartir pour la Californie. Elle l’avait accompagné à l’aéroport il y avait 48 heures et la solitude la gagnait à nouveau. Certes, ils s’étaient déjà appelés trois fois mais ce n’était pas pareil. Ils avaient pris l’habitude de se voir tous les jours et tout d’un coup il n’était plus là. Encore un choc pour le petit cœur de notre demoiselle, mais elle se jura de s’en remettre et de ne pas sombrer et se laisser aller comme elle l’avait fait. Elle l’avait promis à Gab’ le jour de son départ. Aujourd’hui, elle se demandait encore pourquoi le sort s’acharnait sur elle, pourquoi est-ce qu’il y avait trop d’interne à l’hôpital de Los Angeles qui n’accueillait pas Gabriel. D’un autre côté, elle croyait au destin et se disait que cet éloignement était un signe. Depuis le départ elle doutait de ses sentiments pour le jeune homme. Elle restait partagée entre l’amour et l’amitié sans trop savoir de quoi il s’agissait et ça en devenait pesant. Maintenant, elle en était certaine, elle ne ressentait pour lui qu’une amitié fusionnelle et fraternelle, surtout qu’elle n’était pas pour les relations à distance. Il l’avait bien aidée, le fait que Caleb l’abandonne alors qu’ils devaient se marier, qu’ils avaient décidé d’avoir un enfant l’avait anéantie et même si elle avait jeté sa bague a la mer, il lui arrivait encore d’aller ouvrir ce fameux tiroir en espérant qu’elle réapparaisse, qu’elle puisse à nouveau la remettre à son doigt et se souvenir de tous les bons moments qu’ils avaient passés ensemble.

Mais Ava se forçait d’oublier, après tout il l’avait planté là sans aucunes explications, sans aucun remord et même si il revenait elle ne pourrait s’empêcher de lui en vouloir pour ça. Elle se rendait compte qu’il s’était bien foutu d’elle et se demandait comment il avait pu lui faire ça alors qu’il avait pleinement conscience de son passé plus que tumultueux. Si au moins il avait eu le courage de lui expliquer … Mais peut-être qu’il n’y avait pas d’explications, peut-être qu’il ne l’aimait plus tout simplement et que lâchement il avait pris la fuite malgré les responsabilités et les engagements qu’il avait pris.

Ava avait passé sa journée dans les magasins, elle avait appris la veille qu’elle était engagée dans une école non loin de chez elle en tant qu’institutrice. Son rêve et un revenu correct. Sa vie reprenait à nouveau un court normal et elle était ravie. Elle s’était donc acheté quelques fourniture, quelques tenues et avait mangé une salade au passage. La jeune femme avait repris goût à manger ce qui était une excellente chose, elle ressemblait moins à un squelette et elle reprenait une apparence normale peu à peu. Dans la soirée, elle avait rangé ses affaires, avait pris une bonne et longue douche avait terminé un de ses romans préféré qu’elle relisait sans cesse et s’était mise au lit. Seule, ce qui ne l’empêchait pas de se faire plaisir et de porter une nuisette de satin bleu turquoise. C’était tout donc et en plus elle aimait se sentir belle dedans. Ava ne tarda pas à s’endormir, mais une heure et demie plus tard, alors qu’elle était plongée dans un sommeil des plus profonds on sonna à sa porte. Elle se leva d’un bond. Qui ? Qui à cette heure si tardive alors que Gab’ était à des centaines de kilomètres ? Elle n’en n’avait aucune idée et elle hésita longuement à ouvrir, avec tout ce qu’il lui était déjà arrivé ca aurait été de la folie et pourtant …

La curiosité poussa la demoiselle à ouvrir la porte quelque minute plus tard, sans savoir pourquoi elle avait replacé ses cheveux correctement et avait tiré sur le bas de sa nuisette plutôt courte. Elle se stoppa net en voyant le visage de l’homme qui se tenait de l’autre côté de la porte. Elle rêvait ? Ou faisait un cauchemar ça serait plus correct … Elle avait toujours désiré le voir la, frappé à cette porte, son sourire lorsqu’il l’aurait aperçu, ses cheveux foncé, ses yeux brillants,… Jamais elle n’aurait imaginé qu’il puisse revenir dans cet état qu’elle ne pouvait même pas qualifié. Il portait un jeans, le même que toute cette semaine à en juger par son état, un sweat à longue manche alors qu’elle avait toujours connu dans des chemises impeccablement repassées. Ses cheveux étaient ébouriffés, ses yeux rouge, injectés de sang et il ne s’était plus rasés depuis un moment. Encore un peu et elle ne le reconnaissait pas. La jeune femme ne pouvait s’empêcher de le fixer, de le détailler des pieds à la tête comme pour vérifier que c’était bien lui, et c’était lui. Il lui faisait pitié, elle avait envie de lui demander comment il en était arrivé là, pourquoi il était parti mais aucun son ne sortait de sa bouche, elle était incapable d’articuler trois mots. Jusqu’à ce qu’elle se souvienne de ce matin où elle s’était levée tard. Il n’était pas là et elle l’avait attendu, elle avait préparé à manger, avait rangé la maison mais il n’était jamais rentré. Trois jours plus tard, il n’était toujours pas là, elle avait appelé tous les hôpitaux de la région mais il ne lui était rien arrivés. Elle se souvînt de ces mois horribles qu’elle venait de passer, de l’état dans lequel elle se trouvait, de Gabriel qui l’avait aidée à remonter la pente. Et maintenant que ça commençait à aller il était de retour ? La bonne blague …

En colère, elle referma la porte sans lui adresser une parole, mais elle s’en voulu directement, pas pour lui, mais pour elle. Après tout, elle voulait savoir. Connaître le pourquoi du comment, elle voulait qu’il s’explique qu’il lui dise pourquoi il était partit et il avait intêret à avoir une bonne excuse. Alors, elle voulait qu’il entre, qu’il s’asseye sur une chaise, et qu’il s’explique, elle ne lui proposerait rien et ensuite il partirait pour ne jamais revenir. Il disparaitrait à nouveau c’était cela qu’elle voulait. Mais elle avait peur de céder à la tentation. Elle l’avait tellement aimé, elle l’aimait encore. Comment ne pas avoir envie de se serrer dans les bras de l’homme que l’on attend depuis des mois ? Elle ne pouvait pas retomber aussi bas …

La porte s’ouvrit et ses yeux se plongèrent dans les siens, il cachait quelque chose, il avait l’air malade. Ce qui semblait si évident ne lui sauta pas aux yeux et pourtant n’importe qui aurait pu voir qu’il se droguait. Mais c’était Caleb, son Caleb et elle était pleine d’illusion …

Entres, j’attends tes explications …

Pas un mot de plus, Ava avait prononcé ca sèchement, durement. Elle en avait même oublié sa petite tenue. Plus rien ne comptait, plus rien appart ce qu’elle s’apprêtait à entendre.

Ava comprit immédiatement qu’elle avait blessé Caleb dans ses paroles. Elle le comprit parce qu’il s’emporta, son visage se crispa, ses paroles s’accélérèrent et le ton augmenta. Elle savait sans trop savoir pourquoi qu’il ne lui mentait pas, qu’il n’avait pas eu le choix. Mais elle repensa à cette attente interminable, aux questions qu’elle s’était posées sans cesse et elle se demandait si elle devait le pardonner. Elle en avait envie, elle n’avait jamais pu l’oublier et même si elle l’avait vraiment voulu elle n’aurait jamais pu. Ils avaient vécu bien trop de choses des heureuses et des malheureuses, des dramatiques mêmes. Des souvenirs fusèrent dans la tête de la jeune femme, elle se revoyait sur ce lit d’hôpital, elle ressentait cette connexion qui les avait lié ce jour-là, elle l’avait vu pleurer pour la première fois, il pleurait pour elle. Elle se souvenait de ses paroles, de sa demande en mariage. Ils étaient fait pour être ensemble elle en était convaincue, même si ils se disputaient malgré tout, au moins ils ne tombaient pas dans la routine. Aujourd’hui, elle avait envie de reprendre là où ils s’étaient arrêtés, mais elle avait comme l’impression que ce n’était pas possible. Il était différent et il semblait avoir beaucoup de choses à surmonter. Elle avait envie de l’aider, parce qu’il en avait besoin c’était certain, mais elle ne savait pas comment si prendre parce qu’elle ne savait pas de quoi elle devait l’aider. Elle écouta ses paroles et essaya de comprendre, parce qu’il lui avait demandé. Elle savait qu’il n’était pas un lâche mais elle avait cru s’être trompée sur lui, elle avait du mal à imaginer qu’à aucun moment il n’ait pu la contacter mais elle commençait à s’en faire une raison. Il avait l’air mal, il avait l’air sincère et elle savait pourtant qu’il n’était pas du genre à se laisser abattre. Elle ne lui répondit pas, elle n’avait rien à dire et ne voulait pas s’emporter.

Il avait l’air agressif, menaçant et pourtant elle n’avait pas peur de lui, elle savait qu’il ne lui ferait jamais aucun mal. Ses yeux se plongèrent dans les siens et elle essaya de le reconnaître à travers ceux-ci. Ils étaient petits, rouges et fatigués. Ce n’était pas les mêmes yeux, ou alors c’était des yeux qui avaient subi tant de choses. Elle ne comprenait pas la souffrance qu’il avait vécue car elle ne savait pas. Mais elle essayait d’imaginer que peut-être il s’était retrouvé dans une situation bien pire que la sienne.

Je ne sais pas quoi imaginer, je ne sais pas ce que tu as fait, qui est cet ami et pourquoi c’est toi qu’il est venu voir. Pourquoi c’est toi qu’il est venu chercher. Il aurait bien pu prédire qu’il allait détruire ta vie et la mienne par la même occasion non ? Tu sais, je me suis imaginé des tas de truc, je t’ai même cru mort ! J’ai du mal à me dire que je vais vivre sans jamais ne savoir réellement ou tu étais et pourquoi, j’espère vraiment qu’on pourra surmonter ça et que je ne me poserai pas cette question éternellement à chaque fois que je te regarderai. Dis-moi juste que tu n’as rien fait de mal …

Il baissa la tête et elle le regarda, un sourire apparu sur son visage et ça la fit sourire elle aussi. Elle était perdue, se retrouvait sans repères et ne comprenait pas grand-chose, mais il était là, devant elle. Et au final n’était-ce pas ça le plus important ? Peu importe l’état dans lequel il était, elle serait là pour lui, elle s ele promit. De toute manière, elle ne pourrait pas vivre dans la même ville que lui sans le voir, sans le toucher, sans sentir se présence. Il était la première personne qu’elle aimait à ce point et ca c’était important, sûrement plus important que tout autre chose. Romantique ? Oui, mais raisonnable également et Ava ferait bien attention à l’endroit où elle mettait les pieds, elle allait l’aider, mais si sa vie en subissait trop de conséquences, elle n’hésiterait pas à le lui dire pour qu’il change les choses, sinon … Et ben sinon, c’est elle qui les changerait. Elle sentit une pression sous son mention et elle releva la tête pour le regarder.

Comment tu veux que je t’oublie ? Je ne t’ai jamais oublié Caleb … Ca je veux que tu le comprennes, peut-être que tu m’as vu avec Gabriel, mais tu étais toujours dans mon cœur … Je ne te cache pas que j’ai été déçue, effondrée, j’ai eu peur de ce qui pouvait t’être arrivé, j’ai eu peur de ne pas pouvoir vivre sans toi. J’ai eu peur d’être enceinte Caleb, imagines toi un peu, ça ne t’as peut-être pas traversé l’esprit, mais je suppose que tu te souviens qu’on voulait un enfant non ? Imagine toi que tu aurais pu revenir aujourd’hui et me retrouver avec un bébé dans le ventre. Tu sais autant que moi que je ne l’aurais pas supporté …

Ça avait été la plus grosse hantise de la jeune femme et heureusement ca n’avait pas été le cas, elle n’aurait pas pu assumer le fait d’être abandonnée et en plus de devoir élever son enfant seule. Surtout qu’il aurait eu les traits de Caleb et qu’en le voyant elle n’aurait pas pu oublier le jeune homme qui avait tant compté dans sa vie. La demoiselle le laissa attacher la chaîne qu’il avait autour du coup, autour du sien. Ça représentait comme une promesse pour elle, celle qu’il ne repartirait pas et qu’il redeviendrait celui qu’il était. En une seule soirée sa vie prenait un nouveau tournant, encore … La jeune femme baissa les yeux sur la main du jeune homme, elle n’avait pas manqué de remarquer qu’il tremblait mais elle était bien loin d’en connaître la raison. Elle ne pût s’empêcher de la prendre et de la serrer dans la sienne. Elle le tira avec elle jusqu’au canapé et s’installa à côté de lui. C’était étrange de laisser cet espace entre eux. Autrefois elle se serait blottie dans ses bras, elle aurait posé sa tête sur son épaule, mais en ce moment, plusieurs centimètres les séparaient.

Je vais te laisser du temps, et je vais même t’aider. Je sens que tu as besoin de moi, mais … je ne sais pas pourquoi, dis-moi …

La jeune femme attendait en espérant qu’il se confierait à elle, qu’il ne dirait pas que tout va bien par fierté. Elle n’allait pas l’abandonner. Son regard se déposa sur leur mains toujours l’une dans l’autre …

« On en parlera mais ce n’est pas le moment. » Ava se doutait qu’il avait raison, elle n’avait plus spécialement envie de parler de tout cela aujourd’hui alors qu’il était passé minuit, il était là, face à elle et c’était le plus important. C’était peut-être faible de sa part de le pardonner comme ca, ou peut-être pas tout compte fait. Elle ne pouvait pas faire autrement de toute manière. Il était comme sa moitié et le voir aujourd’hui lui prouvait par ce qu’elle ressentait qu’elle voulait qu’ils recommencent. Ca prendrait du temps, elle le sentit mais peu importe, elle ferait n’importe quoi pour lui, elle était prête à l’aider, bien décidée à prendre soin de lui et à s’en occuper comme jamais elle ne l’avait fait auparavant. Elle l’aimait et voulait le meilleur pour lui, pour elle, pour eux tout simplement. Elle acquiesça en signe d’approbation, et se rendit compte qu’elle avait chaud et qu’elle se sentait quelque peu oppressée, ça devait être toute cette émotion alors qu’elle ne s’y attendait pas.

Fixant Caleb, elle savait que ses paroles, le fait d’évoquer Gabriel, de parler de bébé ne lui plaisait pas. Le visage du jeune homme se crispait, son poing se serra. Elle le connaissait bien et savait que c’était un signe de frustration chez lui. Mais elle termina, parce qu’elle voulait qu’il se rende compte qu’elle avait eu peur, trop peur. Et qu’il prenne conscience des risques qu’il avait pris. Ce n’est qu’après qu’il lui ait répondu qu’elle se rendit compte de ce qu’elle venait de dire. Ce n’était pas gentil, loin de là. Ses paroles étaient pleines de reproches alors qu’il n’avait pas eu le choix. Finalement, elle avait du mal à assimiler cette idée, la preuve. Le pire était qu’il lui criait presque dessus et qu’elle ne comprenait pas pourquoi il s’emportait autant. Il était venu la voir pour la récupérer oui ou non ?

Ne me crie pas dessus, silteplaît …

Ava baissa les yeux et reprit.

Tu as raison et je m’en excuse même, mais il est tard, je suis fatiguée, toi aussi. Tu as raison, on ne devrait plus en parler, du moins plus aujourd’hui. On risque de faire empirer les choses et ce n’est pas ce que je veux.

Ils s’installèrent dans le canapé, parce qu’Ava avait jugé qu’il serait mieux là et qu’elle aussi d’ailleurs. Elle tenait à peine debout et préférait cette position. Il la suivait à contre cœur, elle en vait conscience mais elle fit semblant de rien. Il avait besoin de sa présence et elle était là, mais sans savoir pourquoi elle savait que ça ne suffirait pas et son intuition féminine lui indiquait qu’il lui cachait quelque chose et ça avait un rapport avec ce teint blafard qu’il affichait, les kilos qu’il avait perdu et ses yeux. Ses yeux si fatigués, si cernés... Elle n’allait pas lui poser plus de questions aujourd’hui, peut-être même pas demain et si elle le fallait elle découvrirait par elle-même. Mais elle n’allait pas le laisser dans cet état ça c’était certain.

Soudainement, il se leva, elle le regarda s’éloigner. Alors il partait comme ça ? L’idée qu’il ne puisse pas revenir hantait la demoiselle. Elle avait peur de ne jamais le revoir… Et si tout ça n’avait été que des adieux, les explications qu’il lui devait avant de partir. Précipitamment, Ava se leva à son tour et se posa dos à la porte. Elle ne voulait pas qu’il s’en aille, pas déjà alors qu’elle venait à peine de le retrouver. S’il avait besoin d’elle, elle avait besoin de lui et de sa présence ce soir.

Non, tu ne t’en vas pas. Restes avec moi …

Elle lui barrait la route de toute manière et il ne pouvait pas sortir a moins de lui passer sur le corps. Bon d’accord, ce n’était pas dur vu leur différence de gabarits mais bon … La demoiselle tourna la clé dans la serrure pour les enfermer tous les deux et la laissa ensuite glisser entre ses deux seins. La clé fût stoppée par l’élastique de la nuisette et là, elle était en sécurité. Et par ce geste c’est Caleb qu’elle mettait en sécurité. Il était tard, il faisait noir et il n’avait pas l’air bien, il était de plus en plus blanc et il transpirait beaucoup alors qu’il ne faisait pas si chaud. Elle ne voulait pas qu’il rentre chez lui, pas tout seul dans cet état.

Ava était dans une drôle de situation, une situation qu’elle n’aurait jamais pu imaginer auparavant. Elle c’était imaginée des centaines de scénarios dans lesquels Caleb revenait. Mais pas celui-là, non, jamais elle ne l’avait vu sombrer à ce point. Elle ne le savait même pas capable de ça. Elle l’avait toujours vu comme son héros, celui qui l’avait aidé, qui l’avait sorti de son passé. Et aujourd’hui la situation s’inversait. C’était à son tour d’être là pour lui, à son tour de l’aider comme elle le pouvait pour qu’il s’en sorte et qu’ils puissent reprendre une vie normale. Ca prendrait du temps, beaucoup de temps et probablement que des éclats de voix se feraient entendre. Elle pouvait essayer de s’imaginer ce qu’était une personne en manque, ça ne devait pas être joli et encore moins agréable et pourtant elle allait devoir faire face à tout ça, parce que jamais elle ne le laisserait s’injecter une dose de plus, jamais.

Elle était debout, en nuisette, dans une douche, face à l’homme qu’elle aimait qui était dans le pire état qu’elle n’avait jamais vu. Sa main dans la sienne elle attendait qu’il se lèvre et qu’il la suive sans trop y croire. La jeune femme ne savait même pas si il savait qui elle était en ce moment. Il était complètement à l’ouest, ses pupilles était dilatées, il regardait dans le vide, fermait les yeux parfois. A un moment, elle crut même qu’il s’était endormi, mais il ouvrit les yeux et redressa quelque peu la tête pour la regarder. Savait-il qu’elle était là ? Savait-il qui elle était ? Savait-il qu’elle était là pour lui ? Elle n’en savait rien, mais il lui adressa des paroles, des paroles qu’il aurait pu dire à n’importe qui. « Laisse-moi … » . Elle n’en avait aucune envie, elle ne pouvait pas l’abandonner là, le laisser dans cet état. Il pouvait s’en sortir, elle en était certaine, mais pas tous seul. Et les jours qui allait suivre, les semaines, peut-être les mois seraient probablement les plus durs de la vie du jeune homme. Mais elle serait là. Elle était prête à encaisser tous ce qu’il allait lui jeter à la figure. Elle pouvait faire ça pour lui.

Ava compris, qu’il ne se lèverait pas. Mais elle ne le laisserait pas pour autant. La demoiselle sortit de la douche et sorti de la salle de bain. Elle alluma la chambre et constata de l’état pitoyable dans lequel elle se trouvait. Elle rangea quelque peu, ouvrit les fenêtres pour aérer, refit le lit et retourna dans cette salle de bain froide. Il n’avait pas bougé, elle s’asseya par terre juste à côté de la douche et le regarda. Il avait les yeux ouvert, le regard perdu dans le vide. Elle ne savait pas quoi faire, quoi lui dire. Elle cherchait quelque chose qui le ferait réagir, en vain … Les effet de la drogue étaient encore trop puisant, mais Ava comptait bien attendre qu’il s’estompe. Elle pensait à la suite. Demain matin, ils s’en iraient, ils retourneraient dans la villa du jeune homme. Un endroit qu’il connaissait, qui lui était familier. Cela pourrait l’aider. Et elle resterait près de lui. Par chance, ce n’était pas encore la fin des vacances et elle ne devait pas aller travailler. Elle se doutait que lui non plus. Ensuite, elle verrait et improviserait. Elle ne savait pas le comportement qu’il aurait avec elle et ca lui faisait un peu peur. Il était là, face à elle et elle avait l’impression de voir un autre homme. C’était difficile à admettre et elle se demandait encore si elle n’était pas encore en train de faire un mauvais cauchemar.

La demoiselle le regarda à nouveau, il était trempé, il faisait froid, il allait être malade si il ne bougeait pas, si il ne dormait pas. Elle s’avança vers lui, dans la douche et s’accroupi pour être à sa hauteur. Elle prit sa main dans la sienne et posa l’autre sur le mur pour se soutenir.

Caleb … Regardes moi … C’est moi, Ava, tu me reconnais quand même ? … Tu te souviens ? … Ecoute, je sais que ce n’est pas facile, mais je t’assure qu’il faut que tu te relèves, viens, on va dans la chambre tu vas te sécher et te coucher et puis on verra demain d’accord ? Je ne sais même pas si tu me comprends … Je ne sais pas ce que ça fait d’être dans l’état dans lequel tu es … Si ça tombe tu ne m’entends même pas. Qu’est-ce que je dois faire, dis le moi. Dis-moi comment je dois t’aider. Je vais rester avec toi, surtout n’aies pas peur tu vas t’en sortir et ta vie reprendra comme celle d’avant …

Ça sonnait comme une promesse, mais c’était aussi pour Ava une façon de se convaincre elle-même que c’était possible. Possible qu’il sorte de tout ça, qu’il reprenne des photos magnifique comme il le faisait, qu’il se couche à ses côtés le soir, qu’il l’embrasse, qu’il prenne soin d’elle et qu’elle prenne soin de lui. La jeune femme caressa la joue du jeune homme et s’avança vers lui pour déposer ses livres sur les siennes doucement. Elle en avait besoin et pensait que peut-être ça le ferait réagir, peut-être qu’il la reconnaîtrait … Elle ne savait pas, Elle voulait juste qu’il lui dise quelque chose, qu’il fasse un geste …

Quand Ava sentit la main de Caleb se placer dans son dos elle sut. Elle sut que tout n’était pas perdu. Jusque-là, quelques doutes avaient persisté dans son esprit. Elle n’était pas certaine qu’un jour il redeviendrait celui qu’il avait été. Mais ce geste, ce geste si familier qu’il avait pris l’habitude de faire, comme pour la protéger et qu’il refaisait aujourd’hui lui redonnait espoir. Au fond, il était toujours lui. Il avait juste quelque peu changé.

Qu’elle soit patiente ? Evidemment qu’elle allait l’être. Peut-être qu’elle n’y connaissait rien en drogue et autres substances illicites, mais elle savait que ce sortir de là prenait du temps. Beaucoup de temps. Et elle l’aiderait, elle attendrait qu’il redevienne entièrement lui-même. C’était lui l’homme de sa vie, elle en avait toujours été consciente et malgré l’état pitoyable dans lequel il se trouvait aujourd’hui, c’était toujours lui.

D’accord, désolée … C’est juste que je n’y connais rien, je ne sais pas comment ça se passe, je ne sais pas ce que tu ressens en ce moment. Mais ne t’en fais pas je serai là et je t’attendrai, je te le promets.

La jeune femme resta là, accroupie près du jeune homme, la main de celui-ci était toujours placée dans son dos. Une dizaine de minutes plus tard, il la regarda à nouveau et lui demanda de partir. Il était évidemment hors de question qu’elle le fasse. Il était venu la chercher, il avait besoin d’elle et elle ne pouvait pas l’abandonner comme ça, elle ne se le pardonnerait jamais. Mais elle pouvait comprendre qu’il ait besoin de tranquillité. Elle se doutait qu’il n’avait pas envie qu’elle le voit comme ça. Elle-même n’aurait pas voulu qu’il la voit quand elle avait vécu cette mauvaise période, après qu’il soit partit. La demoiselle se demandait bien dans combien de temps cette injection qu’il s’était apparemment fait peu de temps avant qu’elle n’arrive ne ferait plus d’effet. Quand est-ce qu’il sera complètement lucide ? Elle avait de la peine pour lui, elle se sentait triste de le voir comme ça, elle avait peur qu’il n’ait pas assez de volonté pour s’en sortir. Parce que la clé c’était ça, il fallait qu’il fasse tout ce qui était en son possible pour s’en sortir. Et elle pouvait être sa motivation. S’il l’aimait vraiment et s’il voulait que leurs vies redeviennent conjointes, comme avant, alors il pouvait le faire. Mais elle ne savait pas ce qu’il voulait, il ne lui avait pas parlé du futur. Elle ne savait même pas s’il voulait encore d’elle, ou s’il était venu la retrouver en tant que simple ami. Une chose était certaine, jamais elle ne saurait se contenter d’une simple amitié avec lui, alors si c’était ça qu’il voulait et bien elle l’aiderait et une fois qu’il serait sorti de tout ça elle lui dirait au revoir et espèrerait ne plus le croiser.

Je ne peux pas Caleb, je ne peux pas te laisser seul. Mais je vais sortir de la salle de bain, je vais te laisser tranquille et t’attendre dans ta chambre. Les effets finiront bien par s’estomper et tu sortiras de cette douche. A ce moment-là je serai là. Et n’essaie pas de me faire changer d’avis, tu sais que je suis bien plus forte que toi à ce jeu-là !

Une petite touche d’humour certes. Ils s’étaient souvent prit la tête pour des bêtises et elle aimait croire qu’elle avait souvent le dernier mot même si ce n’était pas vraiment le cas. Elle le taquinait et elle ne savait pas si elle réagirait, enfin, elle pensait bien que non. Par cette même occasion, elle espérait qu’il se souvienne un peu à quoi ressemblait leur vie lorsqu’ils étaient ensemble. Au nuit qu’ils passaient, au fin de soirée lorsqu’ils étaient incapable d’attendre. Aux repas qu’ils avaient partagés, aux moments durs, mais aussi aux moments merveilleux. La jeune femme voulait qu’il pense à elle tout simplement, qu’il pense à elle et qu’il se sorte de cette torpeur dans laquelle il se trouvait.

La jeune femme se redressa et sentit la main de Caleb glissé dans son dos jusqu’à ce qu’elle ne la touche plus. Elle lui jeta un dernier petit coup d’œil et s’éloigna, elle passa la porte qu’elle laissa malgré tout ouverte. De cette manière elle pourrait entendre le moindre bruit en provenance de la salle de bain. Elle s’avança vers le lit du jeune homme et s’allongea par-dessus la couette pour essayer de réaliser ce qu’elle venait de voir. Pour essayer d’encaisser. Elle ne pleurait pas et pourtant elle en avait envie. Mais pour une fois c’était à elle d’être forte, forte pour lui, pour l’homme qu’elle aimait. La demoiselle ferma les yeux et essaya de faire le vide dans sa tête. Rapidement elle s’endormi et les heures défilèrent, jusqu’au moment où elle entendit du bruit …

Mais Ava ne changerait pas d’avis. Elle avait toujours été têtue de caractère et ne comptait pas changer. Surtout pas dans cette situation. Elle ne pourrait pas supporter d’être a l’extérieur, de retourner chez elle et de savoir Caleb recroquevillé dans cette douche humide et froide. Non, il en était hors de question et c’était pour cette raison qu’elle se trouvait allongée sur son lit. Par-dessus la couette, les yeux clos elle dormait paisiblement. L’épuisement avait repris le dessus alors qu’elle essayait juste de faire le vide à la base. Mais peu importe, au moins les heures défilerait plus vite de cette manière. Mais la demoiselle sentit quelque chose sur elle, comme une pression. De la chaleur. Il y avait quelqu’un à côté d’elle, quelqu’un qui se rapprochait de plus en plus d’elle. Elle pu distinguer des lèvres se poser dans son cou, un souffle. Elle savait de qui il s’agissait. Elle savait que c’était Caleb.

La jeune femme n’avait aucune idée de l’heure qu’il était, du nombre d’heure qu’il s’était écoulé. Elle ouvrit les yeux paisiblement et le regarda. Il se trouvait allongé face à elle, la main du jeune homme était encore posée dans le creux de sa nuque. Elle ne pût s’empêcher de lui sourire. Elle avait immédiatement remarqué qu’il s’était rasé, ses cheveux semblaient mieux coiffés et il n’était plus mouillé. Il avait enlevé son jeans plus que trempé et ne portait à présent plus qu’un simple boxer sec. Elle le trouvait toujours magnifique, malgré les cernes qu’il portait en dessous des yeux. La jeune femme resta bêtement à le contempler pendant de longues minutes, elle voulait redécouvrir ce visage, ce corps que ses mains avaient parcouru tant de fois. Elle ne savait pas trop si elle avait le droit de le toucher. Mais elle ne voyait pas trop quoi lui dire. Elle ne voulait pas lui demander si il allait bien parce qu’elle connaissait déjà la réponse …

Pour finir, elle décida de se rapprocher de lui. Elle y alla doucement appréhendant une réaction et finit par se blottir contre lui. La demoiselle laissa son bras entourer le torse du jeune homme, sa jambe remonter un peu sur la sienne et son visage s’enfuir dans son cou. C’était comme une nouvelle naissance, elle revivait. Elle pouvait sentir le corps de Caleb rebondir dans sa poitrine et elle se rendit également compte qu’il dégageait toujours autant de chaleur. De longues minutes passèrent à nouveau et elle resta dans cette position qu’il lui avait tant manqué. Sa main glissa dans le dos du jeune homme qu’elle caressa doucement, comme si elle voulait l’apaiser alors qu’il n’avait pas l’air nerveux. Elle ne pouvait plus s’empêcher de le toucher. Là, alors qu’elle était contre lui, qu’elle ne voyait pas son visage elle pouvait peu à peu oublier tous les problèmes qu’il avait. Il avait l’air normal, comme autrefois. La jeune femme se recula quelque peu pour pouvoir le regarder, elle ne distinguait que ses traits dans l’obscurité et il semblait qu’il la regardait lui aussi. Elle passa son doigt lentement sur ses lèvres alors que l’envie lui prenait de l’embrasser. Mais devait-elle le faire ? Elle n’en savait rien. Après tout c’était lui qui s’était glissé près d’elle, lui qui avait glissé ses mains sur elle, qui lui avait déposé un baiser dans le cou. Elle sentait le besoin, le besoin qu’il avait d’elle pour se sortir de cette situation, mais avait-il besoin d’elle pour qu’elle l’aime ? Il ne lui en avait pas encore touché un mot parce que son état était déplorable. Si ça tombe, lui-même ne savait pas ce qu’il voulait. Quoi que … Après ce qu’il venait de faire. Tout s’embrouillait dans l’esprit de la jeune femme qui se sentait incapable de réfléchir en plein milieux de la nuit après avoir eu une soirée si mouvementée. Elle n’avait qu’une seule envie. Ecouter son corps et son cœur uniquement.

Et c’est pour cette raison qu’elle s’avança vers lui pour l’embrasser. Elle restait délicate et douce dans ses mouvements parce qu’elle ne savait pas ce qu’il était prêt à supporter. Pourtant elle aurait voulu y aller avec plus de fougue. Il lui avait tellement manqué … Elle n’avait pas imaginé leurs retrouvailles de la sorte, non. Elle avait imaginé qu’il reviendrait se rendant compte de la connerie qu’il avait faite, elle avait imaginé qu’elle le pardonnerait et qu’ils feraient l’amour comme jamais ils ne l’avaient fait pour extérioriser leurs sentiments si forts. Mais c’était loin d’être le cas, bien loin même. Elle l’avait retrouvé complètement anéantit et dépassé par la situation. Situation qui plus est qu’elle ne connaissait pas et qu’apparemment elle n’était pas prête de savoir. C’était difficile, peut-être trop pour lui et pourtant il faudrait qu’il s’en sorte. Ava passa sa main sur le torse du jeune homme alors qu’elle prolongeait encore se baiser qu’elle lui offrait, il voulait dire tant de choses …

Ava se doutait bien qu’elle n’aurait pas une autre bague tout de suite, que Caleb ne formulerait pas à nouveau une demande en mariage telle celle que l’on peut voir dans les films,, elle ne s’attendait même pas à ce qu’il lui dise « je t’aime » dans les jours, voir les semaines à venir. Et alors ? Elle savait au fond de lui que c’était elle qu’il voulait, car même si il ne le disait pas clairement, il y avait des signes, des paroles sous-entendues, des gestes qui ne trompait pas.et ce n’était pas plus mal, ça ne faisait pas roman à l’eau de rose. C’était leur histoire, leur façon de procéder et c’était parfait pour Ava. Au fond, elle avait envie qu’il devienne son mari, qu’elle porte son nom, qu’ils aient l’enfant dont ils avaient parlé mais aujourd’hui ce n’était pas le plus important. Le plus important était qu’il s’en sorte.

Ava le regarda se redresser a sa remarque. C’était simplement de l’humour, ne l’avait-il pas compris ? Surtout qu’elle lui avait affirmé quelques heures plus tôt qu’il s’agissait seulement de son meilleur ami. Il avait l’air perplexe mais finit quand même par sourire ce qu’il la fit sourire à son tour. Sa réponse, c’était du Caleb tout craché et elle rit. Elle n’avait plus rit comme ça depuis longtemps à vrai dire et ça faisait du bien. Elle se souvenait de la vie qu’il avait menée à Enzo, un ami du campus. Le pauvre s’était retrouvé avec le nez cassé tout de même alors qu’il n’avait rien fait. Il avait juste eu le malheur d’appeler Ava dans le hall alors que Caleb s’y trouvait et qu’il n’avait pas dormi par-dessus tout. Elle n’avait pas aimé ce comportement chez son petit ami et pourtant elle considérait que la jalousie était une preuve d’amour. Au final, ils avaient bien été obligés de s’entendre le jour de son agression.

Je ne doute absolument pas de ta capacité à lui faire comprendre que je t’appartiens, j’ai quelque souvenir à ce sujet justement ! Et puis, ne t’en fais pas je te soutiendrai, je suis tout à toi …

Ava se positionna sur le jeune homme et elle laissa ses mains parcourir le corps de ce dernier à leur guise. Ca la détendait et ça lui faisait un bien fou de redécouvrir les muscles, la peau, la chaleur de Caleb. Ils étaient silencieux. Tout était dans le toucher, ils n’avaient pas besoin de mots. La jeune femme fermait de temps à autre les yeux pour mieux profiter. Sensible, la demoiselle se sentait pleine d’émotion. D’une certaine façon elle avait envie de crier, d’hurler sa joie et d’une autre de verser une larme tellement le moment était intense. Elle ne fit aucune des deux. La jeune femme frémit à nouveau en sentant les doigts de Caleb glissé sur sa taille et elle l’écouta attentivement. Il avait tellement raison. Mais parfois elle se disait que peut-être s’ils étaient mariés il ne partirait plus. Elle avait tellement angoissé, tellement pleuré, qu’elle ne pouvait s’empêcher d’avoir peur qu’il reparte du jour au lendemain sans laisser de nouvelles.

Et moi je sais que ça sera toi …

La jeune femme sentit la main de son petit ami se faire plus insistante dans son dos et elle se laissa complètement aller contre lui. De toute façon, elle ne risquait pas de l’écraser. La tête posée au creux de son cou, elle respirait son odeur, sa main droite caressait son avant-bras alors que l’autre était posée sur son épaule. Sa poitrine sur son torse, son ventre sur le sien, elle aurait voulu pouvoir toucher doucement ses pieds avec les siens mais elle était trop petite par rapport à lui. Après plusieurs longues minutes passées dans cette position, la demoiselle se redressa quelque peu et caressa la joue de Caleb qu’elle regardait.

Tu devrais dormir …

Elle se laissa glisser sur le côté pour retomber sur le matelas à côté de lui, elle positionna correctement la couette au-dessus d’eux. S’allongea à ses côté et posa sa tête sur son torse. Elle l’entoura d’un bras et remonta une de ses jambes sur celle du jeune homme. Elle avait besoin de le sentir près d’elle et puis il ne faisait pas si chaud que ça et elle ne portait qu’une simple nuisette. Alors la chaleur qu’il dégageait n’était pas de refus. Elle tourna la tête, déposa un bisous sur la poitrine de chéri et se replaça.

Bonne nuit …

Certes Caleb était un grand jaloux et c’était parfois excessif comme lorsqu’il avait cogné du poing dans le visage d’Enzo alors qu’il n’avait rien fait d’autres que d’appeler son amie lorsqu’elle traversait le couloir. Mais d’un autre côté ca prouvait qu’il tenait à elle, qu’elle lui appartenait. Il ne tolèrerait pas les mains d’un autre sur la demoiselle, une amitié masculine trop proche et trop tactile. Et à vrai dire, elle ne supporterait pas le contraire non plus. Le simple fait de l’imagine proche d’une femme autre qu’elle la répugnait. Cette idée lui était inconcevable, impossible, c’était elle ou personne. C’était pour cette raison qu’elle se demandait si pendant ces quatre mois il avait fréquenté quelqu’un d’autre, s’il avait embrassé quelqu’un d’autre ou coucher avec quelqu’un d’autre. Le moment de poser la question n’était pas encore venu et n’était surement pas près de l’être d’ailleurs.

Ava ferma les yeux lorsque les lèvres de son petit ami se posèrent sur son front, elle frémit en sentant sa main se poser sur sa hanche par-dessous sa nuisette. Cette chaleur qu’il dégageait et qui lui avait tant manqué lui faisait du bien. Elle l’avait caressé, l’avait senti contre elle, l’avait embrassé et la jeune femme estimait que pour cette soirée, enfin cette nuit ca suffirait. Peut-être que si l’état du jeune homme avait été plus correcte ils auraient franchi le pas à nouveau, se laissant entrainer par la passion qui les entourait. Mais ce n’était pas le cas, il n’était pas apte et à le voir dans cet état, il fallait avouer que ca ne lui donnait pas vraiment envie. Surtout qu’elle se sentait exténuée et elle savait d’ailleurs qu’elle ne tarderait pas à s’endormir. Il l’embrassa, lui souhaita bonne nuit. Ava ferma les yeux et ne mit pas plus de cinq minutes à s’endormir. Elle ne rêva pas, sa nuit sembla courte mais elle se sentait parfaitement bien, à sa place sous la couette avec Caleb.

La demoiselle distingua un son, la vibration d’un portable sur le sol, à côté du lit. D’après elle ca provenait du côté de Caleb. Le sien était dans son sac, elle savait donc qu’il s’agissait bien de celui du jeune homme. Elle entrouvrit les yeux et se rendit compte qu’elle était seule dans le lit. Cependant, elle savait pertinemment qu’il était là, il ne serait pas parti sans son portable. Mais que faisait-il ? Cette question lui traversa l’esprit et elle paniqua. La jeune femme n’avait pas trouvé ses injections, peut-être qu’il s’en faisait une, peut-être que s’était trop tard. Elle se rendait vraiment compte que tout allait être très difficile et surtout qu’elle allait devoir l’avoir à l’œil constamment. L’idée de le surveiller comme un enfant ne lui plaisait pas plus que ça, mais elle n’avait pas le choix. Elle le regarda ramasser le téléphone, lire ce qu’il avait reçu, soupirer et retourner dans la salle de bain à nouveau. Il ne semblait pas avoir remarqué qu’elle était réveillée. La jeune femme mourrait d’envie de savoir ce qui le faisait soupirer de soulagement comme ça. La promesse d’une livraison d’injection qu’il devrait aller chercher dans une ruelle sombre ? Son boulot ? Une femme ? Un ami ?

Ma jeune femme décida de ne pas bouger. Pourtant, l’envie de se lever et de se rendre dans cette salle de bain où Caleb s’éternisait devenait insupportable. Mais elle avait comme une envie de lui faire confiance. Si elle avait vu ce qu’il emportait avec lui, elle aurait vite changé d’avis. Elle referma les yeux alors qu’il s’approchait d’elle et l’embrassait dans la nuque. Elle fit semblant de se réveiller et se retourna doucement pour le regarder tout en attrapant sa main dans la sienne. « Je dois aller travailler, je te recontacte. » Ses mots résonnèrent dans la tête de la jeune femme. D’abord parce qu’il lui parlait comme à une simple amie ou une vulgaire conquête. Ensuite parce qu’elle ne voulait pas qu’il aille travailler. Qui regarderait à ce qu’il ne se pique pas là-bas ? Personne. Elle ne savait même pas ce qu’il faisait, où il serait. Ça allait être invivable elle le savait, elle ne pouvait pas laisser faire. Il avait besoin d’une pause. De ne plus rien faire d’autre que se concentrer sur sa guérison ou plutôt son sevrage. Elle le laissa l’embrasser sans rien dire, parce qu’elle en avait envie mais lorsqu’il se redressa elle ne le lâcha pas et se releva avec lui. La jeune femme attrapa sa deuxième main dans la sienne.

Quoi ? Tu rigoles ? Tu ne vas pas y aller Caleb. Tu dois faire une pause, tu dois essayer de te passer de ce truc. Oh, je ne sais même pas ce que c’est vraiment ! Silteplaît … Je vais rester avec toi, je te l’ai promis et je sais que tu ne m’emmèneras pas à ton travail alors c’est à toi de rester avec moi. Et si tu dois vraiment y aller, si tu y es obligé et ben t’as intérêt à me prendre avec toi. Ne me dis pas que tu ne peux pas ou que c’est dangereux parce que je m’en fou complètement.

C’est quand Caleb dégagea ses mains des siennes pour les mettre dans ses poches qu’Ava compris que ça aurait été trop beau qu’il reste. A vrai dire, elle le savait depuis le début, elle le connaissait par cœur et savait que rien n’était jamais facile. Il était on ne peut plus têtu et borné et ne ferait rien de ce qu’elle lui disait. Et elle, elle devait faire avec comme elle l’avait toujours fait. A ce qu’il lui dit elle ne pût rien répondre. Ses arguments étaient bons, elle ne pouvait pas les démentir. Mais elle n’avait pas envie qu’il parte. Elle ne pourrait pas être certaine qu’il ne s’injectait pas cette chose. Mais surtout elle ne pouvait pas être certaine qu’il reviendrait. Et ça, ca la rongeait. La dernière fois aussi il était partit pour aller travailler, mais il n’était jamais rentré. Et si ce scénario se reproduisait ? Elle ne pouvait pas le laisser faire, pas comme ça … Mais comment le convaincre ? Comment avoir assez de temps proche de lui pour essayer de le convaincre ? Ava était plantée à côté du lit, il venait de partir. Elle s’observa dans le miroir de la porte de la garde-robe. Sa nuisette. Elle n’avait rien d’autre. Rapidement, elle attrapa son sac et sa veste et se mit à courir dans le couloir de l’hôtel, elle descendit les escaliers quatre à quatre. Quelques personnes la dévisageaient, d’autres jeunes hommes la suivaient du regard, envieux. Mais elle s’en foutait, elle courut jusqu’à l’apercevoir et là elle s’arrêta. A bout de souffle elle cria son nom.

Regardes moi ! Tu veux vraiment que je rentre chez moi, à pieds, seule et en nuisette ? Regardes-les ! Je ne saurai pas faire trois pas sans me faire accoster dans cette tenue. Je ne vous reconnais pas Monsieur Blackford.

La jeune femme rit un peu. Elle espérait qu’il accepte, il fallait qu’il la ramène chez elle et qu’elle trouve le moyen de le convaincre durant ce trajet. Son esprit grouillait d’information et de subterfuges, sauf qu’elle ne savait lequel était le meilleur …