La cause

Je suis née à Moscou, la capitale de la Russie dans un quartier pauvre. Ma mère était prostituée mais a arrêtée de travailler car elle a rencontrée l'Amour. L'amour qu'elle a rencontrée s'appelait Alexandreïv, de ce que j'ai vu sur les photos, c'était un bel homme. D'après ma mère, je lui ressemble énormément, le peu de fois où elle était proche de moi elle me vantait les mérites de mon père, elle me rappelait combien elle l'aimait et quelle erreur elle avait faite en le laissant partir, quand elle me le racontait elle se laissait aller dans des torrents de larmes incontrôlables, je pensais à chaque fois qu'elle serait incapable de se calmer, qu'elle se roulerait en boule comme elle l'a déjà fais sur le tapis en priant pour qu'il revienne. « Tu as ses yeux » me disait-elle avec un regard mi attendri ni-meurtri par la tristesse qu'elle éprouvait et la haine qu'elle avait à son égard. Ma mère était une femme imprévisible qui se laissait détruire. Puis un soir elle est revenue, elle était bien, elle souriait, dansait, elle m'a prit dans ses bras et m'a dit qu'elle m'aimait, que j'étais son bébé, sa fierté, chose que toutes les mères disent à leurs enfants et qui sont habituellement vraies. Je pensais qu'elle le pensait puis le lendemain, elle était dans le salon et a planté une seringue dans son avant bras. Quelques minutes après elle est venue me voir « A partir de ce soir, je ne serais plus beaucoup à la maison, tu vas devoir te débrouiller » et elle n'a pas mentie. A partir de ce moment là, elle ramenait toutes les nuits des hommes différents et ils s'enfermaient dans sa chambre ou alors m'ordonnaient de rester dans la mienne. J'entends toutes les nuits les mêmes bruits, des gémissements, des insultes, des ordres et le lendemain j'avais toujours le droit au même spectacle. L'homme à moitié nu dans la cuisine en train de faire comme chez lui puis rejoindre ma mère pour recommencer ou se droguer. C'était une routine qui s'était bien vite installée dans la maison et je ne disais rien. J'étais juste l'enfant que je devais être, sérieuse, bonne élève, je devais aider ma mère à faire les tâches ménagères, je devais faire mes devoirs, me laver.. Je n'avais pas le temps de vivre une vie normale.

Une nuit, un des clients de ma mère est entrée dans ma chambre, il m'a fait signe de me taire et m'a avoué que s'il était là, c'était parce que ma mère ne se réveillait pas et qu'il voulait jouer. Je me rappelle encore de sa main posée sur mes lèvres pour me faire taire pendant qu'il faisait ce qu'il voulait de moi. Aujourd'hui encore, j'ai du mal à en parler, même à toi journal. Normalement, dans un journal on est censé parler de tout ce qui nous dérange mais je n'en suis toujours pas capable. Je ne peux me remémorer toutes les fois où j'ai subis ça, car non, ça ne m'est pas arrivé qu'une seule fois. Après cette nuit là, j'ai eu l'impression que tout s'enchainait, ses gestes étaient répétitifs puis un matin j'ai agressé un des clients de ma mère pensant qu'il voulait me faire la même chose. Le pire ? C'est que je ne m'en étais pas rendu compte. Je n'avais pas contrôlé mon acte, je me suis simplement réveillée le couteau en main sous le regard et les cris effarés de ma mère qui me hurlait d'appelé les secours. Les secours sont arrivés quelques minutes plus tard et le lendemain j'étais à l’hôpital pour passer des test. Ma mère pensait que j'étais devenue dépressive, je ne mangeais plus, je ne parlais plus, je reculais à chaque fois qu'elle s'approchait de moi et j'étais devenue insomniaque au final le verdict était beaucoup plus poussé, important.. C'est le jour où l'ont m'a annoncé que j'allais finir schizophrène. J'ai toujours eu ça en moi et le stress que m'a causé tout ce que j'ai vécu l'a en quelque sorte réveillé. Ma mère a été confrontée à deux choix ; payer une énorme fortune et me garder à la maison ou bien me placer dans un asile à Saint Petersbourg. Payer pour moi ? Impossible alors j'ai passé deux ans dans cet asile.