J'ai beau être malade du coeur, c'est pas pour autant que j'ai pas besoin de faire du sport pour garder la ligne. Figurez-vous que j'ai un très mauvais métabolisme et que j'ai tendance à prendre le moindre gramme au moment ou je m'y attend le moins. C'est pour cela que je surveille en permanence mon poids pour rester dans la courbe la plus parfaite qui soit. Le sport, disons que ça aide pas mal même si ça n'est pas très bon pour moi. Ce matin, en me levant aux aurores et en faisant un maximum de bruit pour réveiller mon meilleur-ami et colocataire au passage, j'ai fais une rapide halte vers la salle de bain pour me rafraîchir et enfiler ma tenue de sport, après avoir fait un brin de ménage dans ma chambre et je suis descendu pour attraper mes clés que j'ai glissé dans la poche de ma veste avant de quitter la villa, fière d'y avoir fait un remue-ménage massacrant pour signaler que j'étais debout et que Freddy ferait pas mal d'en faire autant. Une fois que je suis levée, tout le monde doit l'être. C'est la règle avec moi mais bon, il a l'habitude depuis le temps puis il ne peux pas m'en vouloir, il m'aime de trop pour ça. Courant à une vitesse lente pour débuter, j'accélère progressivement le pas pour atteindre une bonne vitesse qui malheureusement, m’essouffle assez vite. Pourtant, je prend sur moi et je continue pendant près d'une demie-heure avant de rentrer chez moi à bout de souffle. Quand j'entre dans la villa, je tousse comme jamais et je suis pliée en deux sous l'effort. Si je meurs pas à cause du greffon que je n'aurais pas eu, je vais mourir d'une crise cardiaque avec mon coeur fragile que je stimule en permanence. Je dois être sexy avec le souffle court, de la sueur qui dégouline un peu partout et mon air de chien battu prêt à rendre l'âme.

Quand je rentre de mon petit footing matinal ou je me suis surpassée, c'est le cas de le dire, je suis trop en forme et ça doit se voir vu que j'ai du mal à respirer et que je tousse comme une tuberculeuse. Ça fait à peine quelques secondes que je suis là et Freddy, mon super héros, est déjà à mes côtés en train de me crier un peu dessus comme toujours, lorsqu'il me retrouve dans cet état. D'un autre côté, qu'il en profite car dans six mois, il pleurera toute les larmes de son corps sur ma tombe, si l'hôpital ne se magne pas le cul pour me trouver un coeur qui me fera vivre quelques années de plus, voir toute une vie complète. Pendant qu'il me râle dessus et qu'il m'aide à me relever en me soulevant dans ses bras, j'hume la vilaine odeur qui embaume la villa. Bizarrement, ça ressemble à de la nicotine. Toujours à bout de souffle, je plante mon regard dans celui de mon meilleur-ami. Ta fumé ! Putain ... Ça pue ta saleté ! Je suis peut-être sur le point de faire un malaise mais j'ai toujours assez de force pour crier un peu. Je laisse ma tête retomber sur son épaule et je fais quelques petites inspirations et expirations comme me l'a conseillé le cardiologue. Blottie contre lui, je me calme progressivement, me sentant revivre comme à chaque fois, lorsque les battements de mon coeur reprennent un rythme normal.

M'entretenir, voilà ce qu'il me reste à faire avant que Gabriel de ses ailes viennent me recouvrir, s'il en a l'occasion. C'est pas que je désespère mais j'ai peur car je raye tout les jours une journée de plus sur mon calendrier de condamnée à mort. Si mon fichu bippeur médical ne se met pas à sonner rapidement, ça va franchement pas le faire. Bon, avec le temps, j'ai atteint la première place du classement car j'étais assez loin en liste d'attente mais là, ça devient urgent, même pire que ça. Toi, change pas de sujet. Ça pue la clope dans toute la villa quand on ouvre la porte. Je vais te les faire manger tes cigarettes ou je vais me charger de les fumer toute une à une pour t'en priver ! J'ai été courir et j'ai fini par tailler un bon petit sprint pour me remettre en forme mais en fait, ça a eu un peu l'effet inverse. Ça fait un moment que je suis comme ça mais j'ai pris sur moi-même pour reprendre le contrôle. J'y suis parvenue jusqu'à ce que je m'arrête et que mon corps se refroidissent. T'en fais pas, sur mon bippeur, y a un bouton d'appel d'urgence que j'ai juste à presser quand ça va pas et une ambulance déboule illico presto après m'avoir localisée. Parce que tu te figure que je vais t'obéir ? Quand il se pose sur le canapé avec moi, toujours dans ses bras, j'esquisse un maigre sourire. J'ai peut-être encore quelques grammes à perdre si je suis trop lourde. Je vais m'y remettre de ce pas et là, je vais atteindre l'extase tellement je vais me surpasser. J'ai rien à perdre vu que j'ai le temps parfait. En même temps, avec mon coeur, ça joue pas mal aussi. J'avais prévu d'aller faire un peu de gym mais j'hésite un peu car là, je me suis un peu fatiguée. À ses dires, je prend un air innocent. Qui a osé te faire ça ? Je ne vois pas du tout de qui tu parles. Dormir ? Je peux t'accompagner ? Si je dors une demie-heure, ça sera beau et après, je risque de péter la forme et de lui en faire voir de toute les couleurs. J'adore la vie en colocation, surtout avec mon meilleur-ami.

Me retirer mon calendrier ? Mais ça va plus dans sa tête. C'est tout ce qui me restent de ma triste vie avec mon bippeur magique qui veut pas sonner. Le con ! Il dit ça pour me faire plaisir ou je rêve un peu ? Quand je le vois soupirer, je lui donne une tape derrière la tête. Mais c'est certain ! Donne m'en une d'ailleurs. Dans l'état ou je suis, une de plus ou une de moins, ça me fera pas grand chose. Comparé à ce que je sniffe sans que personne le sache, c'est rien du tout je suppose. Si jamais ça allait dans les oreilles de Freddy, il me ferait la peau et là, c'est lui qui m'enterrerait six pieds sous terre entre quatre planches. Pas si je te pique ton porte-feuille mon loup. Il a de la chance, c'est pas mon genre de fouiller dans ses affaires ou de lui voler quoi que se soit, sinon, je l'aurais fait depuis belle lurette rien que pour embêter mon monde. Quand il se met à me crier dessus, je me refroidi car c'est la première fois qu'il me parle comme ça. Je suis pas encore morte Freddy ... Il me couvent comme ci j'étais une enfant. Tiens donc, je vais me coltiner Freddy ? Fais chier. J'esquisse un maigre sourire. Tu peux dormir sur tes deux oreilles, je n'y retournerais plus sauf si t'insinue encore une fois que je suis grosse et lourde. Le faire exprès ? Non, c'était réellement mon programme. Nan, je suis sérieuse mais pour ça, faudra d'abord que j'arrive à m'extirper doucement de tes genoux et à me faire la malle. Voilà qu'il me bousillent mes plans de la journée. C'est ce qu'on verra. Je l'embête un peu car s'il me dit non, c'est pour mon bien et j'ai franchement pas envie de l'inquiéter encore plus qu'il ne l'ai déjà à mon sujet. Jamais de la vie ou si, mais juste un peu. J'éclate de rire lorsqu'il me chatouille aux endroits les plus sensibles de mon corps avant de sourire de toute mes dents et d'aller poser ma tête contre son épaule. Ta pas envie de me dépuceler avant que je rendent l'âme car tu vois, se préserver pour faire de mal à personne si je pars, c'est bien mais crois-moi, je vais mourir conne sur ce coup. Un petit brun d'humour, ça fait pas de mal même si c'est vrai qu'au fond, j'ai vraiment envie d'aller plus loin qu'un simple baiser. Si je ne m'engage pas et que je laisse aucun homme me toucher, c'est pour éviter qu'il souffre si je meurs. Je peux rien te promettre par contre, sur ce point. Je te paye la soirée que tu manque si tu vas pas bosser et que tu restes avec moi, ça marche ?

Son "Aïe" n'est pas convaincant du tout et de ce fait, je lui donne une nouvelle tape derrière la tête, un peu plus forte que la précédente histoire qu'il puissent être sincère cette fois-ci. Là, tu peux le dire. J'esquisse un maigre sourire et je glisse ma main dans ses cheveux que je caresse doucement, là, ou je l'ai frappé comme pour me faire pardonner. Je l'observe sortir le paquet de cigarette de sa poche et quand il m'en tend une, je la prend. J'aurais jamais pensé ça de lui mais bon, comme quoi tout arrive. Je voudrais bien lui chourer son paquet mais il reste sur ses gardes. Je tâte la poche de son pantalon avant d'en extirper un briquet et d'allumer la fameuse cigarette qu'il m'a donné. J'en prend une longue bouffée avant d'en recracher doucement la fumée ou du moins, ce qu'il en reste. Pour ma survie ? Je serais curieuse de voir de quoi tu es capable tiens. J'arrive pas à m'imaginer la scène mais avec le temps, ça viendra. De toute façon, c'est mon destin, alors, autant le pousser, non ? Pauvre de moi ... C'est pas qu'il me gêne ou quoi que se soit d'autre mais Freddy peut se montrer très chiant, voir même pire que moi. Va te faire foutre Cooper ! Il verra celui-là si je suis grosse même si je vois une pointe d'humour dans son regard. Je te crois pas, je suis parfaite. Avoue-le ! Qu'il me fassent plaisir voyons ! Quand il serre l'étreinte de ses bras autour de ma taille, je me penche en avant pour écraser sa saleté de cigarette dans le cendrier et je plonge mon regard dans le sien. C'est ça être une femme, que veux-tu. Tes sur ? Tu verras que dans deux secondes, tu me lâche ou bien tu me pousse pour que je me tire de moi-même. De ma voix aiguë et pas très jolie quand je m'y met, je me met à chanter, augmentant le volume petit à petit jusqu'à finalement crier comme une bête blessée. C'est ce qu'on verra. Je me fais vieille dis-donc vu comment je me répète. C'était les risques quand ta accepté de venir vivre avec moi puis comme ça, tu peux me surveiller de près et m'avoir à tes côtés en permanence, ton rêve de toujours, non ? Qu'il osent me dire le contraire. Tu peux bien me rendre ce petit service. Je te demande pas de me faire un bambin, je veux juste que tu décapsules la bouteille. La métaphore me fait sourire. Non parce que quand ton cardiologue te dit que ta plus que six mois et encore, si tout se passe bien, ça te refroidi bien. Je m'écouterais, y a longtemps que je me serais foutu en l'air mais j'ai malheureusement trop peur de mourir. C'est le destin Freddy ... Je soupire longuement, mon regard également plongé dans le sien. Tu sais que je t'aime toi ? Je saisis ses joues entre mes mains et je lui dépose un gros bisous sur la joue avant de sourire, mine de rien.

Son petit grognement me fait esquisser un maigre sourire tandis que je caresse la partie que j'ai lâchement frappée pour qu'il ai une raison de se plaindre. Moi, capricieuse ? Jamais de la vie ! Bon, juste un peu alors ou disons que généralement, quand je veux quelque chose, je l'obtiens, quitte à devoir pour battre pour l'avoir. C'est que tu ne me connais pas encore assez bien pour ça "Freddy je cède à tout pour avoir la paix". Joli surnom qui sort de l'ordinaire tiens. Tes capable de quoi ? Dis-moi ou crois-moi que demain, ta penderie est vide, que ton porte-monnaie et tout tes effets personnels auront disparu. Je suis douée pour faire du bruit et réveiller les gens mais je suis aussi douée pour me faire discrète. N'oublie jamais ça. Il serait chiant ? Bah voyons, il l'est déjà naturellement donc pire, je pense pas que ça existe. Peut-être pas celle-ci car j'ai pas pigé ce que tu voulais dire mais l'anglais, reste correcte vu que je le comprend très bien étant donné que c'est notre langue maternelle. Je ne dis rien mais je suis étonnée qu'il ai autant de facilité à parler le japonnais. Comme quoi Freddy me cache encore pas mal de chose car je ne connaissais pas ce petit côté de sa personne. Ça, tu vois, c'est méchant. Je prend un air outré alors qu'en fait, je m'en fiche parce que s'il me prive de dessert, je m'envoie le sien. Je te l'accorde. Ma vengeance sera terrible et elle surviendra au moment ou il s'y attendra le moins. J'adore t'entendre parler comme ça, ça prouve que je suis bien le canon que je crois être. Je suis orgasmique, que demander de mieux franchement ? J'éclate de rire en mimant le geste de la grosse tête que je risque de choper si j'arrête pas tout de suite. En même temps, avec vous les hommes, on a pas le choix vu que vous avez tendance à prendre la tangente à chaque fois qu'une bombasse se pointe. Du coup, on se trouve tout les défauts du monde à force. C'est de la faute de la population mâle mondiale si nous les femmes nous somment si plaintive. Bizarre mais j'ai pas trop envie de m'arrêter de chanter mais ça me casse un peu les oreilles à moi aussi donc je suis contrainte de me stopper en plein vol. Quoi, je chante pas bien ? Qu'il ose me dire le contraire et je lui fais un opéra dont il se souviendra toute sa vie. Quand il desserre son étreinte d'autour de ma taille, je passe mon bras autour de son cou et je me colle à lui en prenant une petite mine boudeuse, digne de la Freddou'attitude. Allez, serre-moi contre toi, je te l'autorise. Je l'écoute avec attention, un mince sourire sur les lèvres, comme à mon habitude avec lui. Pas le moindre du monde. Je secoue doucement la tête. Tu plaisantes ? C'est pire que le Sahara de ce côté. Très désert et sans oasis pour me ressourcer en plus. J'adore les métaphores, surtout quand elles sont bidon. Freddy, je suis d'accord que ta peut-être raison mais met-toi bien dans la tête qu'il y a 99% de chance que j'y passe si je reçois pas un coeur dans moins de six mois. Faudra t'y préparer et surtout, faudra te préparer à voir mon état se dégrader un peu plus au fil des jours. Je suis pas éternelle malheureusement ... Je soupire longuement, en pensant à mon futur très proche qui me conduira six pieds sous terre entre quatre planches si j'ai pas ce greffon à temps. On va d'abord s'envoyer un rail de coke et après, on improvisera, ça marche ? Façon très discrète de faire comprendre à quelqu'un qui ne sait pas qu'on consomme des substances illicites qu'on en a un peu besoin.