Comme tout vendredi soir qui se respecte, Clay était de sortie avec quelque uns de ses amis les plus proches. Ils se trouvaient tous installé à une table dans un bar qui se trouvait non loin de chez lui et le jeune homme avait devant lui un verre qui avait déjà été rempli au moins trois. Mais ce n'était pas pour autant qu'il était ivre, non, il avait l'habitude et il tenait très bien l'alcool. Au loin, il observait une jeune femme installée au bar, elle se faisait resservir toutes les trois minutes. Mais si Clay l'observait c'était surtout parce qu'elle ressemblait très fortement à son idéal féminin. Elle était plutôt grande, fine, élégante avec de longs cheveux foncé qui lui tombaient en cascade sur les épaules. En gros, il la trouvait ravissante et ne pouvait pas nier qu'elle était une belle femme. Il finit par se lever alors qu'elle tendait le bras pour réclamer un autre verre, il posa sa main dessus délicatement et lui fît son plus beau sourire.

Tu as déjà bu assez non ?

Pas très élégant comme première réplique mais qu'importe, Clay était réputé pour sa franchise et c'était d’ailleurs cela qui lui permettait d’exceller dans son métier d'avocat. Le jeune homme s'installa sur le tabouret voisin à celui de la jeune femme et finit par se présenter.

Moi c'est Clay, tu t’appelles ? Enfin si tu te souviens de ton prénom évidemment.

Une petite touche d'humour, il fallait juste espérer que la belle brune ne le prendrait pas mal.

Et un vendredi de moins sur mon fameux calendrier de la mort car n'oublions pas que dans moins de six mois, j'y laisse ma peau si un greffon n'est pas disponible pour remplacer mon coeur mourant. Je fais parti de ces gens pour qui la vie est un cadeau du ciel et dont les jours sont malheureusement compté. J'ai du mal à encaisser le choc mais pourtant, je n'ai pas le choix. Je me trimbale partout avec mon fameux bippeur qui malheureusement, ne veux pas sonner pour m'annoncer la merveilleuse nouvelle. Faudrait peut-être se grouiller car là, ça devient assez urgent. Je pourrais profiter de la vie de manière naturelle mais non, je préfère y aller différemment. Après tout, il me reste tellement peu de temps que je préfère faire tout ce qui est en mon pouvoir pour ne pas mourir stupide bien que ça ne soit pas forcément une excellente idée. Ma maladie m'interdit de consommer de l'alcool ou des stupéfiants. Pourtant, j'excelle dans le domaine. Je suis une pauvre fille paumée qui a tellement peur de mourir qu'elle bousille le reste de son existence et noient son chagrin comme elle le peut. J'ai tellement consommé ce soir que je suis incapable de dire combien de verre j'ai descendu. La seule chose qui me préoccupe, c'est de me rincer un peu plus le gosier. Je tend mon verre de vodka-coco vide au barman quand une main vient se poser sur mon bras tandis qu'une voix masculine assez grave me fait un peu la leçon. En tournant la tête, je me retrouve face à un inconnu, très charmant au passage. Ah bon ? Tu trouves ? C'est qui qui va mourir ? Toi ou moi ? C'est qui qui doit profiter du reste de ses minables jours ? Toi ou moi ? Premièrement, je te connais pas et deuxièmement, je te connais pas ! Je suis tellement agréable que je me fais peur moi-même. En même temps, pour ma défense, je suis un peu ivre et tendue comme une corde à linge. Je baisse finalement le bras, me faisant un raison à l'intervention du jeune homme à qui je viens de cracher mon venin en plein visage avec mes propos assez froid. Wendy ... J'esquisse un maigre sourire. Pas que je sois gênée ou peut-être un peu voir même beaucoup. Il doit me prendre pour une folle.

Les yeux de Clay s’étaient légèrement perdu dans le décolleté de la belle brune lorsqu’elle s’était retournée mais la voix sèche et le ton agressif de celle-ci changea le tout et il les remonta vers son visage. Autant dire qu’il ne s’était jamais retrouvé dans cette situation, apparemment les jours de la jeune femme étaient compté, il ne s’attendait absolument pas à ça. Mais maintenant il comprenait mieux qu’elle boive tant. Peut-être était-ce pour oublier, ou juste pour se sentir vivante ou si ça se trouve seulement parce qu’elle aimait cela et qu’elle voulait en profiter avant la fin. Peu importe, le fait était qu’elle était un petit peu ivre et qu’elle crachait des mots aussi durs les uns que les autres au visage de Clay qui ne savait absolument pas quoi dire.

Euh … C’est pas moi en effet, et c’est vrai, tu as raison je te connais pas mais je suis pas con et je vois bien que tu vas pas bien et boire ça doit pas être la solution alors il vaudrait peut-être mieux que tu rentres chez toi tu ne crois pas ?

Bon c’était peut-être inutile et elle allait peut-être lui retourné une gifle mais au moins il aurait essayé et aurait accompli sa bonne action de la journée. La demoiselle sembla se calmer et elle reposa son verre. Clay lui sourit gentiment tout en l’admirant. Il la trouvait belle, enfin elle était belle c’était une évidence. Comment le monde pouvait-il être si cruel avec une si jolie jeune femme ? Ca resterait une question sans réponse et le jeune homme ne s’y attarda pas. Il posa délicatement sa main sur celle de Wendy et la regarda dans les yeux. Son regard exprimait la tristesse et le désarroi, ca fendait le petit cœur de Clay qui ne pouvait pas vraiment comprendre sa situation.

Je veux bien t’accompagner chez toi si tu en as envie ?

Pour une fois, il ne sortait pas cette phrase parce qu’il avait la tête remplie d’idées malsaines, non il voulait juste l’accompagner chez elle pour être certain qu’elle rentre bien.

Je me sens bête à un point incroyable. L'alcool me fait parler et en plus de ça, il me rend vilaine et méchante. Une femme qui boit c'est horrible et une femme qui vocifère des propos dans le genre, même si au fond, je suis restée polie, c'est pas très jolie non plus. De plus, il n'a rien dit de mal au final vu qu'il a seulement voulu me mettre en garde. C'est la première fois de ma vie que quelqu'un, un inconnu qui plus est, m'aborde pour me faire la leçon. En temps normal, je l'aurais envoyé boulé et je serais partie mais là, il y a une petite voix au fond de moi qui me fait comprendre qu'il a raison et que je devrais peut-être m'excuser pour ma mauvaise conduite. Ça se voit tant que ça ? Tu sais, quand Dieu nous inflige une punition aussi terrible que celle-là, sans savoir vraiment pourquoi, on se pose une foule de question. Tout le monde sait qu'il donne la vie pour la reprendre mais de si bonne heure, c'est du gâchis. Enfin, c'est la vie ... Rentrer chez moi pour broyer du noir ? Non merci. Je me suis radoucie mais je me suis toujours pas excusée. Excuse-moi pour la manière dont je me suis adressée à toi. C'est pas trop mon genre de parler comme ça. Comme quoi boire, mène nul part. Sa proposition me fit un drôle d'effet, tout comme sa main qui vint se déposer sur la mienne. Je baisse un instant les yeux avant de les remonter vers les siens. Normalement, je devrais dire non mais pour une fois, je me dis, pourquoi pas. Il m'inspire confiance même si je ne le connais pas au bout du compte. Tu te sens d'attaque de ramener une inconnue à moitié bourrée chez elle ?

Clay se sentait mal à l’aise tout de même, il se disait même que si il avait su il ne se serait pas levé de cette chaise, il n’aurait pas quitté ses amis pour venir aborder Wendy. C’était une pensée très lâche de sa part, surtout que la jeune femme ne méritait pas ça, mais il ne savait pas trop où se mettre et surtout, il ne savait vraiment pas quoi lui répondre pour ne pas la blesser et retourner le couteau dans la plaie. Il aurait voulu qu’elle ne lui parle plus de ça, de sa maladie et de sa … mort … Mais elle vivait avec alors cela devait être normale qu’elle en parle. Elle ne voulait pas rentrer chez elle et franchement, le jeune homme la comprenait. Mais elle aurait passé une meilleure soirée chez des amis, une meilleure amie ou de la famille qui la soutiendrait plutôt que seule dans ce bar non ? Ce n’était pas sa place et ça, il en était persuadé.

Oh ne t’en fais pas ce n’est rien.

Pouvait-il vraiment lui refuser ses excuses ? Non, il n’en avait pas le droit, pas à elle. La jeune femme semblait fragile aussi bien de l’intérieur que de l’extérieur, surtout qu’elle était aussi un petit peu saoul, mais bon elle savait encore parler ce qui était bon signe. Le jeune homme fixait sa main posée sur celle de la belle brune, son pouce effleurait son index doucement.

Oui évidemment, et puis tu n’es pas si bourrée que ça.

Clay se releva et déposa la veste de la demoiselle sur les épaules de celle-ci pour ensuite l’accompagner vers la sortie. Il s’avança vers sa voiture qu’il déverrouilla et en ouvrit ensuite la portière côté passager pour que Wendy puisse s’installer à l’intérieur. Une fois derrière le volant, il mit le chauffage et se tourna vers la demoiselle.

Alors, dis-moi où tu habites.