Il était tôt, neuf heures à vrai dire, et j'étais d'ores et déjà debout : je devais fournir quelques clients au parc ce matin et j'avais tout intérêt à être à l'heure si je voulais gagner ma vie de cette façon. Alors je m'étais levé, puis je m'étais douché (j'étais d'ailleurs bien resté une vingtaine de minutes sous la douche) puis je m'étais simplement habillé d'un jean et d'un tee-shirt en col V par dessus lequel j'avais passé une petite veste en cuir. Comme à mon habitude, je n'avais pas vraiment pris la peine de déjeuner et je m'étais contenté d'emporter une pomme que je croquais joyeusement en route tandis que je marchais de vifs pas vers le parc.

Bien vite, j'arrivai près de la grande étendue verte que ce lieu représentait : c'était le lieu idéal pour les dealers, d'ailleurs, je fournissais la plupart de mes clients ici, il y avait souvent du monde et il était facile de passer inaperçu. Cependant, cette fois, un détail attira mon attention : Jézaël était là, à quelques mètres seulement, assis sur un banc. Je ne pouvais pas prendre le risque qu'il me voit, nous étions amis mais malgré cela, il restait un jeune avocat, qui plus étant très respectueux de la loi, ne m'aurait peut-être pas tant apprécié s'il avait eut connaissance de mes activités.

Pris d'une courte hésitation, je portais alors mon regard tout autour de moi, vérifiant que personne ne me regardait avant de finalement m'avancer vers le banc de mon ami ; tant pis pour les quelques sachets de cocaïne qui trainaient dans les poches de ma veste. Finalement arrivé assez près du banc où Jézaël se reposait, je m'approchai par le dos de ce dernier, puis, une fois à une certaine proximité, j'inclinais très lentement mon buste en sa direction, chacune de mes mains venant de ce fait s'appuyer contre le dossier du banc de façon à ce que je lui souffle quelques mots au creux de l'oreille. On s'ennuie sur un banc ?

Je savais bien qu'il n'était pas dans les habitudes de mon ami de traîner, pour ne rien faire, d'ailleurs ce n'était pas non plus dans mes habitudes, sauf pour faire la grasse matinée et il le savait parfaitement, c'est pour cette raison qu'il me fallait trouver une bonne excuse à ma présence ici, à cette heure bien trop matinale pour moi. Oh, je me baladais, dans le parc, je me baladais parce que j'aime bien, marcher, le matin, dans l'herbe... Manquant alors fortement de crédibilité suite à mes paroles qui s'échappent d'entre mes lèvres de façon assez approximative, je laissais finalement un petit rire se faire entendre de ma bouche, avant de lentement m'approcher sur le devant du banc et de lentement fléchir les genoux afin de me laisser retomber à côté de lui.

Non, en fait, je me doutais que tu serais là, je suis venu juste pour te voir... Suite à ces quelques mots qui se firent bien plus amusés encore, je rehaussais de peu chacun de mes sourcils, avant de les abaisser puis de répéter ce geste quelques fois, faussement charmeur puisque je ne fais que m'amuser en réalité.

Finalement, je me laissais doucement caler contre le dossier du banc, mon dos butant un peu contre celui-ci alors que je balayais le parc du regard, comme pour y repérer quelques connaissances, silencieusement, et ce tout en portant mes mains dans chacune de mes poches de veste ; comme pour vérifier que la marchandise s'y trouvait toujours. Bien sûr, j'avais peur qu'un sachet ne finisse par tomber de ma poche, ce qui m'amènerait probablement quelques sales histoires puisque aucune personne de mon entourage n'est au courant du fait que je deal.