Noah devait aller travailler aujourd’hui, et à vrai dire, il n’en avait absolument pas envie. Le jeune homme sortait de chez lui, Maël dans les bras, ses habits de serveur dans un sac. Il plaça le petit garçon dans le siège auto et l’emmena à la crèche. Une chose qu’il détestait par-dessus tout. Au début, Noah avait choisi de faire garder son petit garçon par une gardiennes chez lui, pour qu’il garde ses repères. Mais très vite elles s’étaient enchainées et ça n’avait plus eu aucun sens. Surtout qu’en trouver une autre pouvait prendre beaucoup de temps. C’était pour cette raison que Maël allait à la crèche quand son papa travaillait maintenant. Là-bas, il côtoyait d’autres enfants et ca faisait sa sociabilité. Il y avait une batterie de femmes diplômées pour s’en occuper. A vrai dire, le jeune homme regrettait de ne pas avoir choisi cette option directement. Mais c’était difficile. A chaque fois qu’il s’en allait, Maël pleurait et il savait qu’il devait partir rapidement, sans se retourner pour ne pas compliquer les choses, mais cela était tellement difficile … Il arrivait toujours à son boulot déprimé, une boule dans le ventre et le retentissement des pleures de son petit garçon dans les oreilles. A partir de ce moment, il n’attendait qu’une chose, l’heure où il allait repasser cette porte pour le reprendre.

La journée fût interminables, des clients difficiles, des erreurs de commandes, un barman plus qu’irrespectueux, la totale. Dehors, le temps s’y prêtait, un orage dévastait Los Angeles, la pluie frappait contre la vitre alors que le ciel s’éclairait d’éclair et que le grondement du tonnerre se faisait entendre. Les heures passèrent malgré elles et dès la fin de son service terminé, Noah s’empressa de se changer, de sauter dans sa voiture et de conduire jusqu’à la crèche. La pluie avait cessé et seul le sol humide trahissait la venue de cet orage violent. Dès qu’il passa la porte, il aperçut cette petite bouille souriante qui frappait des mains. Il s’en approcha et prit Maël dans ses bras alors que ce dernier tendait les mains vers lui. Personne ne pouvait nier que ce petit garçon et son papa étaient très liés, peut-être trop même. Le jeune homme régla la journée à l’accueil, récupéra quelques affaires, emmitoufla le petit dans son manteau et quitta le bâtiment. Quelques gouttes recommençaient à tomber et Noah pressa le pas pour ne pas être mouillés. Mais une main se posa sur son épaule et il fit volte-face par réflexe. La jeune femme qui se trouvait devant lui était familière. Pourtant il ne l’avait plus vu depuis trois semaines, depuis qu’elle lui avait annoncé que son ex était revenu, qu’elle doutait. Elle était partie alors qu’ils étaient en mauvais termes et il avait tout de suite su qu’après ca elle ne reviendrait pas vers lui. Le choix irait vers son ex et malgré tout, même si ça ne faisait pas longtemps qu’ils étaient ensemble, il l’avait mal vécu. Aujourd’hui elle était là, devant lui, juste pour le saluer ? Il ferait de même, ne sachant pas quoi dire. Il ne savait pas trop si il était en colère, si il était déçu. Il ne savait même pas réellement s’il avait envie de la voir.

Salut …

Noah regarda Célia s’approcher de Maël, elle lui déposa un bisou, et lui alors ? Lui, il n’avait plus droit aux bisous, elle l’avait abandonné pour un autre alors qu’ils commençaient seulement à trouver un rythme à eux entre leur deux enfants. Il se sentait rabaisser. Il était un homme, il avait sa fierté et savoir qu’il passait pour second choix était dur à avaler. Savoir qu’elle avait préféré un autre l’était d’autant plus.

Je vais te dire pourquoi moi, parce que ce n’est pas moi que tu as choisis Célia. Je l’ai compris ne t’inquiète pas, j’ai arrêté d’attendre que tu viennes au moins me prévenir que je ne devais plus espérer.

Son ton était froid, mais parfaitement en accord avec ses pensées. Il lui avait dit ce qu’il avait sur le cœur alors qu’elle aurait surement préféré qu’il fasse semblant d’avoir oublié … Maël se resserra dans ses bras car il glissait quelque peu, et faisait de grand sourire à Lou. Il devait se souvenir d’elle et des jeux qu’ils avaient partagés ensemble.

Au regard de Célia, Noah compris qu’il l’avait touché, ou du moins qu’elle ne s’attendait pas à ce qu’il lui parle de la sorte. Qu’il prononce ces paroles et surtout pas sur ce ton. Mais ça avait été plus fort que lui. Cela faisait trois semaines qu’il ressassait tout dans sa tête. Il analysait le moindre moment qu’ils avaient passés ensemble pour chercher ce qui clochait, ce qui fait qu’elle ne l’avait pas choisi. En vain … Il se souvenait lui avoir fait l’amour, dans l’attente, ils avaient su se faire désirer l’un l’autre et ca avait payé. Mais peut-être que son ex le faisait mieux que lui. Peut-être aussi qu’il avait plus d’argent, qu’il n’avait pas d’enfant, un emploi stable, un appart’ ou une maison de taille correcte. Peut-être qu’il avait plus à lui offrir que lui. Cette pensée l’énervait encore plus. Il ne comprenait pas, elle ne lui avait pas donné d’explications. Elle ne lui avait rien dit à propos du choix qu’elle avait fait et il ne lui avait pas demandé par fierté. Heureusement qu’il avait arrêté d’attendre un jour. Noah était aussi déçu pour Maël parce que le petit garçon s’était rapidement attaché à Célia et à Lou et à vrai dire, il aurait bien vu Célia dans le rôle de maman de substitution pour son fils. Et encore, aujourd’hui tout était différent vu que Katerina, la maman biologique de Maël était de retour. Cette situation aussi mettait Noah sur les nerfs. Il s’agissait d’une accumulation de tout.

D’abord, il avait trop de travail. Il était submergé avec ses études, son travail, le ménage, Maël qui lui demandait beaucoup d’attention. Il n’avait pas une minute à lui. Le temps était horrible. Célia qui l’avait abandonné du jour au lendemain sans même envoyé un petit sms. Et en plus le retour de Katerina qu’il connaissait à peine. Cette peur qu’elle exige un droit de garde. Et personne à qui se confier, personne à qui parler et personne pour l’aider. Le pire était qu’il ne pouvait pas craquer, parce qu’il ne s’agissait pas seulement de lui, mais aussi de son fils.
Lou s’avança vers Maël et le petit garçon lui attrapa une mèche de cheveux. Célia, elle se déchaînait sur Noah, lui reprochant quelque chose qu’apparemment il n’avait pas remarqué mal faire.

Donc tu voulais que je m’énerve ce jour-là, tu voulais peut-être que je te hurle dessus ? Que je te supplie de rester ? Ça aurait changé quoi ? Tu es partie sans même te retourner et tu ne m’as même pas envoyé un seul sms. Il s’agit bien là d’une preuve que je ne comptais pas pour toi. Au fond, tu l’as toujours aimé lui. Sinon tu ne serais pas retombée dans ses bras si vite alors que j’étais là. Et moi quoi ? Une simple discussion ? Mais tu as vu ce que tu m’as annoncé ? Tu aurais apprécié que je te dise que mon ex était revenue et que je ne savais pas quoi faire ? Je ne m’y attendais absolument pas Célia et sur le coup, je ne savais pas quoi faire du tout. Je n’étais pas prêt pour une telle situation. Je me doute bien qu’il est trop tard …

Noah se baissa pour laisser Lou lui faire un bisou ainsi qu’à Maël. Il se redressa et alors que Célia voulait partir, son fils tandis les deux bras vers la jeune femme. Allait-elle pouvoir refuser de le prendre ? Alors qu’il al fixait avec sa petite bouille, ses petits yeux d’anges, Noah la regardait aussi, attendant une réaction. Il avait compris que Maël ne voulait pas qu’elle parte, mais aussi qu’ils avaient besoin de s’expliquer.

Tu veux venir manger chez moi ? On a qu’à passer prendre un truc et rentrer. Enfin, si tu veux …

Noah réfléchissait, tout son esprit bouillonnait, il se demandait ce qu’il aurait dû faire pour la garder. Il n’avait malheureusement pas trouvé et il se rendit peu à peu compte qu’il n’aurait peut-être pas fallu grand-chose. Mais cette annonce qu’elle lui avait faite l’avait tellement choqué que ce jour-là qu’il en avait perdu tous ses moyens. Et ensuite, il avait attendu bêtement qu’elle revienne en ne s’imaginant pas un instant que peut-être elle aussi attendait qu’il se manifeste. Dans la tête du jeune homme, le choix de Célia avait été fait dès qu’elle avait mis un pied en dehors de son appartement. S’il avait su qu’elle doutait encore de ses choix, qu’elle était perdue, alors là il aurait réagi, il se serait battu pour elle, pour la garder. Parce qu’il ne pouvait pas le nier, les sentiments naissaient entre eux, mais tout s’était arrêté et aujourd’hui il supposait qu’elle vivait le parfait amour avec son ex, celui dont il ne connaissait même pas le prénom.

Le jeune homme n’avait pas changé mais Lou ne semblait pas les écouter, quoi que … On dit que les oreilles des enfants trainent toujours partout. Peu importe, il ne pouvait pas se retenir. Il pouvait bien être gentil, respectueux et tout ce qu’on voulait la pilule n’était pas passée. Pas encore et il lui reprochait ce qu’elle avait fait. Il pensait que si elle l’avait vraiment aimé, si elle avait un seul instant pensé à l’avenir qu’ils auraient pu avoir, alors l’idée de se remettre en couple avec son ex ne lui aurait même pas traversé l’esprit. Elle l’aurait remballé aussi vite qu’il serait arrivé et aurait accouru dans les bras de Noah pour lui expliquer que son psychopathe de petit ami était de retour. Il l’aurait réconforté et aurait tout oublié le lendemain. Mais s’était bien loin de s’être passé comme ça …

Mais j’ai perdu Célia, je t’ai perdu toi. Et à te voir, je l’ai tout de suite compris. De toute façon, je suis certain que j’aurais pu faire ce que je voulais, n’importe quoi, au final ta décision aurait été la même. Je te remercie évidemment pour ta franchise oui, mais c’était trop dur pour moi, on commençait à peine à se connaître, à connaître nos habitudes, à trouver notre rythme parmi nos enfants que tu m’annonces ça. J’accepte, je n’ai pas fait beaucoup d’effort, mais avoues que toi non plus. C’est toi qui dit des bêtises là ! Forcément que je me souviens de cette nuit-là, c’est celle où je me suis sentie le plus proche de toi, le plus complice. Et pourtant c’était la dernière. Peut-être qu’on n’était pas fait pour être ensemble c’est tout, peut-être qu’il ne faut pas chercher de raison et encore moins de coupable.

Célia prit Maël dans ses bras, Noah le regardait caresser les longs cheveux de la demoiselle. Il ne pût s’empêcher d’en sourire. Cela faisait quelques semaines qu’il ne l’avait plus vu, mais il ne l’avait pas oublié, ça se voyait. Lorsque Noah et Célia se voyait, il fallait dire qu’elle s’en occupait beaucoup. Elle l’avait changé, l’avait habillé, l’avait mis au lit et jouait constamment avec lui. Le petit garçon s’était attaché à la jeune femme et une fois encore il avait perdu la seule présence féminine qu’il avait dans sa vie. Aujourd’hui c’était différent puisque sa maman était de retour. Cette situation là aussi perturbait Noah qui n’avait personne à qui en parler. Il ne savait pas s’il devait accepter. Mais c’était la mère de son fils tout de même. L’idée que Célia puisse la conseille lui traversa l’esprit mais il l’oublia vite, ce n’était pas le moment. Elle refusa d’aller chez lui mais acceptait de manger ailleur, il allait évidemment accepter.


Va pour un truc sympa pour les petits alors. Il y en a un pas très loin, on y va à pieds ?

Cette solution plaisait à Noah pour finir. Si les enfants jouaient, il pourrait parler plus facilement avec Célia et peut-être même de cette rencontre qui chamboulait tout dans sa vie en ce moment. Elle était bien placée pour le conseiller, il en était persuadé. Maël tendit les bras vers son papa et celui-ci le reprit dans ses bras et déposa un bisou sur le front du petit garçon qui avait l’air d’excellente humeur.

Noah commençait à comprendre que leur conversation ne servait à rien. De toute façon le mal était fait et à ses yeux ils avaient chacun leur part de responsabilité. Mais malgré tout, le jeune homme ne pouvait cesser de se demander comment aurait évolué leur relation si l’ex de Célia n’était jamais revenu. Il n’en savait rien. Peut-être qu’elle aurait continué ou peut-être qu’au contraire ils se seraient trouver trop de différences. Peut-être qu’elle allait le prendre pour un lâche, mais il répondit :

Tu as raison, n’en parlons plus …

Il n’avait pas envie de se battre verbalement avec elle, encore moins devant les enfants et leur discussion avait déjà été bien trop loin. Et puis à quoi bon ? Cela ne changerait strictement rien à la situation. Noah se mit à marcher sur le trottoir, Maël dans les bras et Célia le suivait en tenant Lou par la main. Le petit garçon gesticulait dans les bras de son papa tout en prononçant des mots indéchiffrables. De temps à autre il tendait les bras vers Lou, ou vers Célia mais Noah continuait à marcher en se disant qu’elles s’en occuperaient une fois qu’ils seraient arrivés. Là, ils marchaient rapidement en espérant arriver avant la prochaine averse.

Quelques minutes plus tard, ils entrèrent dans le grand bâtiment dans lequel ils allaient manger et se dirigèrent vers les caisses, chacun commanda son plat et Noah paya le tout en se disant qu’il devait bien ca à la jeune femme pour ce qu’il venait de lui balancer en pleine figure au milieu du trottoir et devant leur enfant respectif. Le jeune homme laissa Célia et Lou s’installer pendant qu’il partait chercher une chaise pour enfant. Il revînt les mains chargée, la plaça et y installa Maël qui gourmand de nature attendait que son papa lui donne quelque morceaux de son plat. Le voir dans cet état fit rire le jeune homme qui s’installa à son tour et commença à manger tout en partageant avec son fils. Il avait l’impression que Célia évitait son regard, ou alors s’était peut-être lui qui l’évitait ? Il ne savait pas quoi lui dire mais ne voulait pas reprendre ce sujet houleux sur lequel ils avaient commencé. Alors la question la plus banale qui lui vînt à l’esprit fût :

Et sinon ca va vous deux ?

Noah s'approcha de la table avec la chaise pour enfant alors que Célia s'occupait de Maël, il lui reprit et y installa le petit garçon qui était complètement fasciné par la nourriture, ce qui fit sourire le jeune homme. Pendant qu'il enleva sa veste et qu'il s'installa, Célia donna des frites à son fils qui évidemment adorait ca. Il adorait toujours tout si peu que ca se mangeait de toute manière. Noah commenca à manger lui aussi et quand le petit eu finit ses frites il lui en donna d'autres en s'assurant bien avant qu'elles n'étaient pas trop chaudes. La réponse de Célia était brève mais au moins elle lui répondait. Et sa réponse était positive ce que Noah appréciait. Il se posait malgré tout plein de question. Est-ce que Lou votoyait Nolan, est ce qu'il dormait avec Célia ? Il aurait voulu que les réponses soient négatives et pourtant il avait le préssentiment que c'était l'inverse.
Et lui ? Il faisait aller, enfaite il n'avait pas beaucoup le temps de s'ennuyer entre Maël, son boulot et ses études sa vie avait ne manquait pas de vitesse.

Bah, regarde le et tu auras ta réponse !

En effet, Maël savourait ses frites le sourire aux lèvres. On voyait qu'il adorait ca et c'était ce genre de moments qui faisaient comprendre à Noah qu'il avait une belle vie malgré tout. Son petit garçon lui apportait le bonheur et il ne pouvait ni le nier, ni s'en passer. Le jeune homme regarda à nouveau Célia pour lui répondre plus sérieusement.

Non mais ca va t'en fais pas.

Bien qu'il ne savait pas si ca lui ferait quelque chose qu'il aille mal. Noah regarda à présent Lou qui avait déjà presque finit de manger.

Et bien, Lou tu m'épates, tu seras la première à avoir terminé.