Les journées s’enchainaient pour Ava. Depuis qu’elle avait commencé à travailler, les semaines passaient plus vites, même si elles se ressemblaient toutes. La jeune femme s’était levée très tôt ce matin pour se préparer, elle prit sa douche habituelle, sécha ses cheveux mais ne les lissa pas par manque de temps. La jeune femme laissa donc ses belles boucles retomber sur ses épaules et elle se maquilla légèrement avant de se rendre dans sa chambre pour s’habiller. Elle enfila une jupe qui prenait fin quelques centimètres au-dessus de ses genoux et un chemisier clair. Ensuite, la demoiselle déjeuna rapidement, enfila ses escarpins, attrapa son sac et sortit.
Ava adorait son métier, elle s’était parfaitement intégrée dans l’équipe de professeurs, les enfants semblaient l’apprécier pour la plupart et elle n’avait pas trop de problème niveau autorité. Il fallait dire qu’elle avait eu de la chance et qu’elle avait une classe composée uniquement de jeunes enfants. Une fois sur place, elle prépara sa classe, sortit sa première leçon, des mathématiques et se rendit dans la cours de récréations. Déjà si tôt, les enfants courraient partout, elle leur enviait cette énergie dès le matin. Elle, elle se contentait de boire sa tasse de café en discutant de tout et de rien avec les autres institutrices, toutes plus âgées qu’elle. Elles lui expliquaient le fonctionnement de la fête d’halloween qu’Ava devait pour la première fois préparer avec sa classe. Les enfants seraient ravis, elle le savait.

Les mathématiques semblèrent plus simples aux enfants que ce qu’Ava avait cru. Elle prévoyait avec eux une interrogation pour la semaine suivante, en espérant que les parents vérifieraient le journal de classe de leurs enfants. Parce qu’à cet âge-là, ce n’était pas eu qui étudierait d’eux même. Ils avaient besoin de soutien. Ava le ferait pour son enfant, mais malheureusement tous les parents n’étaient pas des bons parents. L’heure du repas arriva et les enfants désertèrent la classe pour y laisser Ava seule. La jeune femme effaça le tableau et rangea son bureau. C’est à ce moment que Caleb entra dans la classe. La demoiselle fût vraiment surprise de le voir ici. Elle ne l’avait plus vu depuis cette nuit qu’elle avait passée chez lui pour l’aider avec la petite Julie. Ça lui faisait mal d’entretenir cette relation si distante avec lui alors qu’ils avaient été si proches autrefois. Mais ils avaient l’air de ne plus se comprendre. Caleb cachait trop de chose à Ava, des choses qu’elle ne comprenait pas et cela plus cette histoire de drogue c’était un peu beaucoup à supporter pour elle. Le jeune homme s’avança sans dire un mot, il lui tendit un dossier qu’elle prit et ouvrit. Ses yeux tombèrent d’abord sur le prénom de Julie, c’était son dossier apparemment et la jeune femme se demandait bien comment il avait eu ça. Elle continua de lire, ça ressemblait à un certificat d’adoption, et sur ce certificat d’adoption il y avait son nom. Les yeux d’Ava remontèrent vers Caleb, elle essayait de trouver quelque chose dans son regard, mais rien. Elle avait bien compris ce qu’il attendait d’elle, il voulait qu’elle signe, qu’elle adopte Julie avec lui. Mais pourquoi faisait-il ca alors qu’il lui avait si longtemps soutenu qu’il n’était pas fait pour le rôle de père ? Enfin, elle avait bien vu de ses propres yeux cette connexion qu’il y avait entre lui et la petite. Mais elle attendait quand même qu’il s’explique un minimum, elle n’allait pas signer ça comme ça, même si elle avait envie de le faire pour la petite, pour qu’enfin elle ait un semblant de famille, un exemple à suivre. Mais est-ce que Caleb était vraiment un bon exemple ? Avec ses problèmes actuels probablement pas.

Je présume que tu veux que je signe ? Pourquoi Caleb ?

Ava remonta ses yeux vers Caleb qui s’était éloigné d’elle pour s’appuyer contre un banc un peu plus loin. Jamais elle n’avait envisagé qu’il puisse avoir envie de garder Julie, et même dans ce cas, jamais elle n’aurait cru qu’il serait venu la trouver pour l’aider. Il lui avait déjà demandé son aide quelques semaines plus tôt, pour qu’elle le sorte de tout ça, de sa dépendance, mais elle avait échoué et aujourd’hui, il revenait malgré tout. C’était vrai que les enfants c’était plus dans ses compétences que la drogue, mais tout de même, ça prouvait qu’après tout ce qu’ils venaient de vivre il avait encore ne fusse qu’un petit peu confiance en elle. La jeune femme était prête à l’aider, au fond, elle le lui devait bien, mais elle pensait aussi à Julie. Qu’allaient-ils lui dire ? Qu’elle devait faire semblant qu’Ava vivait là alors que c’était loin d’être le cas ? Elle soupira …

Nous oui, on pourrait très bien le faire, mais et Julie dans tout ça ? Tu vas lui dire quoi ? Qu’elle doit faire semblant que je suis sa « nouvelle maman » pendant une heure et demi et qu’après je m’en irai ? Elle est très jeune Caleb, et si elle n’est pas capable de ça ? Et si elle le dit à l’assistante sociale ?

Avant, Ava n’aurait jamais douté des capacités de Caleb à s’occuper d’un enfant. Mais aujourd’hui, il fallait avouer qu’elle se posait certaines questions. Il avait bien changé, elle-même le reconnaissait à peine et elle ne savait plus s’il était apte à adopter. Seul en plus. Elle posa le dossier sur le bureau et attrapa son stylo. La jeune femme déposa sa signature juste en dessous de son prénom que Caleb avait écrit lui-même et referma le dossier. Il était quand même assez réfléchit et assez mûr pour faire le bon choix après tout, et puis, il savait qu’elle serait toujours là pour l’aider si il ne s’en sortait pas. La jeune femme passa de l’autre côté de son bureau et s’avança vers lui, cette proximité la gênait presque alors qu’autre fois elle l’aurait trouvé trop importante et elle se serait approchée davantage. Ils avaient perdu cette petite étincelle qu’il y avait entre eux, et ça faisait toujours très mal à Ava de le constater comme dans cette situation par exemple. Parfois, elle aurait tant aimé remonter le temps pour qu’ils puissent retrouver leur relation d’avant.

Comment tu comptes t’y prendre ? Tu travail constamment, tu n’es jamais chez toi, tu vas faire quoi de la petite pendant ce temps-là ? Ecoute, j’ai signé mais je veux que tu réfléchisses encore avant de rendre le dossier, il faut que tu sois certain de ton choix. Es-tu bien certain que Julie ne serait pas mieux dans un foyer plus stable ? Fais ce qu’il y a de mieux pour elle d’accord ?

Ava avait très bien compris que Caleb ne voulait pas qu’elle s’inquiète. En quelque sorte, elle devait lui faire confiance et seulement endossé son rôle. A ce moment-là, elle ne pensait pas que le jeune homme voulait l’impliquer autant dans l’adoption. Elle pensait qu’il avait juste besoin de sa signature et de sa présence quelques heures lorsque l’assistante sociale viendrait et qu’ensuite, ils reprendraient chacun leur vie. Comme ils le faisaient pour le moment sauf que Julie vivrait avec Caleb. « Qu’elle croit en notre histoire … ». Ces paroles firent presque sursauter Ava qui ne pût s’empêcher de baisser les yeux tristement. Elle se sentait mal tout d’un coup. Mais elle était sur son lieu de travail et elle ne voulait pas mélanger travail et vie privée. Sauf que là, Calen était devant elle et du coup, elle n’avait pas trop le choix.

Parce que tu trouves qu’on a une histoire là ?

A croire qu’elle ne le comprenait vraiment plus. La jeune femme s’avança vers lui le dossier à la main et elle ne manqua pas de remarquer qu’il la regardait un peu plus que d’habitude. Mais elle fît semblant de rien, l’heure n’était pas de jouer, ou de plaisanter, bien au contraire. Ava ignorait encore énormément de chose sur Caleb. Et ce mystère la repoussait autant qu’il attirait. Elle aurait tellement voulu savoir, comprendre. Elle n’était même pas capable de savoir s’il saurait vraiment gérer Julie plus son métier puisqu’elle ne savait même plus ce qu’il faisait. La jeune femme n’était pas stupide, elle avait compris depuis déjà bien longtemps qu’il n’était plus photographe comme avant. Caleb finit par combler cette distance qu’elle avait mise entre-eux. Elle ne s’était pas sentie capable d’aller plus près, non pas qu’elle n’en avait pas envie, mais elle ne savait pas comment il réagirait et puis elle ne savait pas, vu l’état de leur relation, ce qu’elle était censée faire. Proche de lui, elle leva les yeux pour le regarder avec l’impression qu’il était plus grand qu’avant, c’était impossible, mais en tout cas il était plus impressionnant. Et il était certain de ce qu’il voulait. Ava passa sa main dans ses cheveux, un petit signe de nervosité que le jeune homme remarquerait sûrement. Elle venait de comprendre qu’il en attendait plus d’elle. Qu’il voulait qu’elle s’implique dans la vie de Julie. La demoiselle se sentait capable d’aller rechercher la petite à l’école tous les jours et cela ne la dérangeait pas du tout. Mais il voulait qu’elle soit son parent, sa maman, un repère pour elle. C’était dur à encaisser tout d’un coup. Elle n’avait jamais imaginé ça comme ça, elle pensait que son premier enfant au moins elle le mettrait au monde elle-même, elle le verrait petit et il grandirait. Là elle allait devoir s’insérer dans la vie d’une fillette de quatre ans et qui en plus était déjà très attachée à Caleb et croyait qu’ils étaient ensemble. Rien ne semblait simple aux yeux de la jeune femme, elle se mordit la lèvre et soupira. Elle pouvait faire ça pour Julie après tout, même si ça l’effrayait un peu. Surtout que leur situation n’était pas très bonne il ne fallait pas le nier.

Pas mieux comme situation ? Mais on ne vit pas ensemble Caleb, on est même pas ensemble tout court et tu voudrais qu’on joue « à la maman et au papa » ? Je ne suis pas certaine que Julie veuille pour parents des personnes qui ne s’adressent presque pas la parole, une maman qui rentre chez elle tous les soirs après l’avoir couché et tu connais la suite. Je pense qu’elle préfèrerait avoir des parents qui s’aiment.

Rien n’avait jamais été simple entre Ava et Caleb, rien n’avait jamais fonctionné du premier coup entre eux et apparemment ce n’était pas aujourd’hui que ça commencerait. La jeune femme n’avait pas été capable de se rendre compte de ce que Caleb sous-entendait dans cette demande d’adoption et pourtant si elle y réfléchissait bien, ses phrases étaient pleines de sous-entendus qu’elle n’avait pas pris la peine de prendre en considération. Elle comprit qu’elle s’était trompée, qu’elle avait à nouveau été trop loin dans ses paroles quand il déchira le formulaire d’adoption et l’abandonna dans la poubelle avant de sortir en claquant la porte. Mais c’était trop tard, le mal était fait. La jeune femme marcha jusqu’à la fenêtre, elle le regardait quitter l’école au loin. Une vague de tristesse l’envahit, elle venait encore une fois de tout détruire. Pourquoi est-ce que ça se finissait comme ça par sa faute à chaque fois ? Pessimiste, elle voyait le mal partout, elle avait développé ce trait de caractère quand Caleb était parti sans rien dire. Au fond, il avait changé, mais elle aussi. Ils devaient peut-être juste réapprendre à se connaître et arrêter de chercher en l’autre des choses qu’ils avaient connues autrefois. Le jeune homme venait d’essayer de rattraper les choses, leur histoire et Ava se rendit soudainement compte de l’effort que ça avait dû lui couter. Et elle, elle avait juste été capable de le repousser et de le faire partir alors que ce n’était pas ce qu’elle voulait. Elle avait envie d’y croire à présent qu’elle avait compris. Il fallait qu’elle le rattrape, qu’elle essaie de se retrouver et de lui faire comprendre qu’elle n’avait pas suivi toute l’histoire. Elle s’en voulait tellement. La jeune femme sortit de sa classe en trombe, et se mit à courir, elle traversa la cour de récréation sous les regards ébahit de ses élèves et sortit par la grande grille. Elle n’allait pas assez vite et il était déjà loin, pour pouvoir accélérer la cadence, Ava abandonna un de ses escarpins dans un parterre de fleurs et l’autre sur le trottoir quelques mètres plus loin. A pieds nus, elle courrait plus vite. Une fois qu’elle fût à quelques mètres de Caleb, elle accéléra encore, s’agrippant au bras du jeune homme et manquant de tomber par la même occasion. Elle lui fit face et fixa le sol quelques secondes pour reprendre ses esprit, à bout de souffle elle parvînt à articuler :

Tu ne t’es pas trompé …

Les muscles de la jeune femme se faisaient douloureux, une nausée passagère l’envahit et elle avait l’impression que la plante de ses pieds allait s’enflammer. Elle avait trop donné en une fois et ce n’était pas tous les jours qu’elle courrait comme ça. Les cheveux défaits et le rouge aux joues, elle remonta ses yeux vers Caleb, se rendait-il seulement compte qu’elle risquait de perdre son travail parce qu’elle avait préféré courir après lui sans réfléchir. En plus, elle ne se sentait pas super bien pour le coup, le sol semblait instable et elle posa une main sur le torse du jeune homme pour se soutenir et reprendre la parole.

Je reste trop figée dans mes principes. Je suis désolée, je vois le mal partout alors que toi t’étais prêt à nous donner une chance. Je l’avais pas compris Caleb, je te jure que sinon je n’aurais pas réagi comme ça. Je veux adopter Julie avec toi alors va chercher un nouveau formulaire, je le signerai.

Ava comprit immédiatement que ses paroles ne suffiraient pas lorsqu’elle vu les signes de têtes de Caleb. Il commença à parler et les mots se déversaient de sa bouche comme un torrent prêt à inonder la jeune femme. Le pire c’est qu’il avait toutes les raisons de réagir si mal. Elle ne faisait que des pas de travers depuis qu’il était partit, elle n’était plus elle-même. Au début, elle avait apprécié être un peu plus forte, elle avait appris à tenir tête aux personnes, et à avancer dans son seul intérêt. C’était une réaction très égoïste mais avoir confiance en les autres lui était presque impossible. La jeune femme regrettait celle qu’elle était avant, elle était faible, sensible et disait oui à tout ce qu’on lui demandait. Elle voulait redevenir cette Ava là, celle qui rêvait de la famille parfaite. Mais ses rêves, elle les avait mis de côtés, elle n’y croyait plus. L’envie de prendre la main de Caleb dans la sienne pour appuyer ce qu’elle s’apprêtait à dire traversa l’esprit d’Ava, mais il fallait qu’elle se retienne pour ne pas envenimer les choses.

Tu sais très bien pourquoi on doit adopter. Pour Julie. Elle, elle n’a rien demandé, elle n’a jamais rien fait de mal. On est adulte non ? On devrait peut-être arrêter d’agir comme des adolescents et mettre notre rancœur de côté pour elle. Et moi la première …

Ava le pensait sincèrement, ça rimait à quoi tout ça ? Il fallait qu’il pense à Julie avant de penser à eux. Que Caleb aille chercher un deuxième formulaire, qu’elle le signe, qu’ils paraissent unis devant l’assistante sociale et qu’ils soient là pour Julie, tous les deux. Ce n’était pas si compliqué, ils devraient être capables de faire cela sans se déchirer. Hors, c’était ce qu’ils étaient en train de faire, encore une fois. Ava se laissa guider jusqu’au banc et elle s’y installa, sa respiration était encore rapide et irrégulière. Elle tourna son regards vers l’école, les enfants agrippés aux barreaux du grillage les observaient, ça la fît sourire. Les enfants … C’était toute sa vie, alors pourquoi est-ce qu’elle avait tant de mal à accepter la situation ? Il fallait en finir avec tout ça.

C’est nous qui créons les problèmes, tout pourrait être plus simple. Ecoute, j’ai vu comment elle te regardait l’autre jour. C’est évident que cette petite fille est déjà très attachée à toi, je ne sais pas pourquoi mais c’est comme ça. Et tu étais certain il y dix minutes de ce que tu voulais, je suis certaine que je veux t’aider moi aussi alors peut-être que cette fois on devrait arrêter de se poser tant de questions …

Ava assise sur le banc baissa les yeux, elle se sentait honteuse, elle avait l’impression que tout était de sa faute, qu’elle faisait toujours exactement l’inverse de ce que Caleb attendait d’elle. C’était dur. Les mots que prononça le jeune homme lui firent mal au cœur. Elle se souvenait. Les bon de joie qu’elle aurait fait si il lui avait apporté ces papiers alors qu’ils étaient encore ensemble. Elle n’aurait pas demandé mieux que de prendre soin de la petite Julie, et là, elle agissait comme une gamine. Elle faisait passer sa fierté avant tout et elle décida qu’elle ne voulait plus agir de la sorte. Sauf que c’était un peu tard et qu’elle ne savait pas comment régler la situation. Comment faire comprendre à Caleb qu’elle comprenait ses erreurs et qu’elle voulait changer. La jeune femme voulait juste l’aider, lui et Julie. Et elle savait aussi que ça les rapprocherait inévitablement, elle en avait envie. En réalité, elle ne l’avait pas oublié, il lui manquait même et la vie qu’ils avaient eue auparavant, même si elle n’était pas toujours toute rose lui manquait énormément.

Ava le regarda reculer d’un pas, ensuite d’un deuxième. Elle était d’accord avec lui, ça devenait insupportable, trop compliqué à gérer alors qu’avait tout aurait été si simple. Elle se mordit la lèvre inférieure et replaça quelques mèches de ses cheveux derrière ses oreilles. Plus loin, de l’autre côté de la grille, ses élèves lui faisaient signe. Elle ne trouva ni la force, ni l’envie de leur répondre. Et pourtant c’est ce qu’elle devrait faire. Le jeune homme se retourna et elle comprit que si elle ne disait rien, si elle ne faisait rien il partirait. Et vu la tournure qu’avait pris les choses, elle se demandait si elle le reverrait un jour. Ce n’était pas ce qu’elle voulait, loin de là. Et puis, elle pensait à Julie, à cette pauvre petite fille qui devrait aller vivre dans un autre foyer alors qu’elle s’était déjà tant attachée à Caleb. Pour finir, elle lâcha ce qu’elle pensait vraiment. C’était simple, court, net et précis et ça la mettait à nu. Peut-être que son caractère faible refaisait surface ?

Tout est de ma faute Caleb, c’est de ma faute si on en est là …

Ava ne disait plus rien, elle ne voulait plus dire n’importe quoi, n’importe comment et le regretter après alors elle ne disait plus rien. Elle regardait Caleb, il lui sourit et elle ne pût s’empêcher de faire la même chose.
Seize heure, elle y serait et elle savait que le jeune homme le savait, c’était inutile qu’elle le lui dise. Il fit demi-tour et reprit sa marche. Et elle, elle resta la comme une gamine à fixer son dos jusqu’au moment où elle ne plus pût l’apercevoir. Alors, la demoiselle se releva et marcha à pieds nu en direction de l’école, au passage elle attrapa ses escarpins qu’elle enfila et elle repassa par la cour. Tous les profs et les surveillant la dévisageaient, elle passa devant eu sans ne dire un mot. Elle ne voulait pas s’expliquer et par chance aucun d’eux n’osa lui parler. Elle retourna dans sa classe, la porte était restée ouverte, sans savoir pourquoi, elle fixa le formulaire déchiré dans la poubelle jusqu’à ce que la sonnerie retentisse. Le vacarme provoqué par les enfants se fit entendre dans le couloir et Ava sortit de sa classe pour les attendre sur le pas de la porte, ils se rangèrent et une des fillettes lui demanda :

C’était votre amoureux ? Vous êtes mariés ?!
C’était mon prince charmant, mais chut, il ne faut le dire à personne c’est un secret d’accord ?
Je ne le dirai à personne, promis !

Qu’est ce qu’elle aurait bien pu répondre d’autre à une petite fille de son âge ? Elle était jeune et elle devait croire en toute ces histoires, ces contes de fées, comme Ava l’avait fait pendant longtemps, bien longtemps et à vrai dire, aujourd’hui elle y croyait encore, ou du moins un tout petit peu. La jeune femme était triste et ce sentiment ne la quitta pas. Elle aurait tellement voulu que ça se passe différemment. Mais elle croyait au destin et si un jour ils devaient retomber amoureux l’un de l’autre et bien ça se ferait, si pas c’est que c’était comme ça. Elle donna sa leçon de l’après-midi et soupira d’aise quand sa journée fût terminée. Ava rentra chez elle, fît quelques corrections et se cacha sous la couette, elle n’avait même pas faim.