Plongée dans un profond coma suite à l'accident dont j'ai été victime il y a quelques mois, je n'ai pas ouvert les yeux depuis. Ça fait quasiment quatre mois que je suis allongée sur ce lit d'hôpital, dans un état stationnaire, malgré les apparences. Beaucoup pense que je n'ouvrirais jamais les yeux, d'autres pensent que je m'en sortirais. Je lutte pour ne pas mourir. Je me vois, c'est ça le pire. Branchée à une respiration artificielle, différentes machines reliées à mon corps qui évaluent chacun de mes soit dit progrès ... Il n'y a aucun progrès. Je suis morte et ils s'en rende pas compte ... C'est en me sentant comme disparaître, en voyant ma propre image se flouter que je me dis que je suis réellement en train de mourir ou de revenir à la vie. J'opte plus pour la deuxième solution. À force de lutter, j'ai réussi à me sortir de tout ça. Ma propre voix s'éteint et mes souvenirs s'en vont. J'ouvre doucement les yeux, levant avec faiblesse ma main pour ôter le masque que je porte sur le visage, sans réellement y parvenir.

Je perd mes forces, je le sens et j'abandonne rapidement, préférant laisser mes yeux se fermer de nouveau. Je ne sais pas combien de temps je reste endormi car là, il s'agit bien de dormir et non de comater mais de nouveau, j'ouvre les yeux, doucement comme la première fois. Mes doigts bouches doucement, engourdi mais je parviens à les bouger assez pour pouvoir les sentir, une sensation que j'ai presque oublié. Je tourne la tête et vois un homme assis près de ce qui ressemble être mon lit d'hôpital, à en juger tout ce qui se trouve autour. Je me demande ce que je fais là mais surtout, une chose essentielle, je me demande qui je suis. Je suis incapable de me souvenir de mon prénom. Je regarde l'homme qui se trouve à mes côtés, me demandant qui il peut bien être, qui je suis et surtout, qu'est-ce que je fais là.

Je suis comment dire, effrayée par la situation qui s'offre à moi. J'ai l'impression d'avoir dormi pendant des mois et des mois sans me réveiller et qu'on m'ai fait un lavage de cerveau pour que j'oublie tout. J'ai peur ... Regardant le jeune homme assis à côté de moi, j'arrive pas à savoir qui il est comme je n'arrive pas à savoir qui je suis, même en cherchant très très loin dans ma mémoire. D'ailleurs en ai-je une ? Lorsqu'il s'adresse à moi, je le regarde toujours, ne prononçant aucun mot. Qui es-tu ? Comment je me sens ? Je sais pas, pour l'instant, je veux redécouvrir le monde, d'une façon ou d'une autre. Non, je ne me souviens même pas de qui je suis ... Ma voix est brisée, endormie mais je suis bien vivante et c'est là, le principal.

Avoir Stefan auprès de moi, c'est pour m'aider aussi à retrouver des souvenirs, des sensations et ça a plutôt bien l'air de fonctionner car je ressens un sentiment immense de bien-être lorsqu'il s'installe près de moi et me prend dans ses bras, suite à ma demande. Ma tête posée contre son torse, je savoure ce moment, fouillant minutieusement dans ma tête pour y retrouver quelques bribes de souvenirs. Rien ne viens mais je me dis que le conseil de Stefan n'est pas mauvais, qu'il suffit de laisser le temps faire. Je ferme les yeux lorsqu'il dépose ses lèvres sur mon front et qu'il me caresse le dos.

Blottie dans les bras de Stefan, je me sens bien. Son odeur, le contact de ses mains sur moi, ses bras musclés et protecteurs qui m'enlacent. Je voudrais que ce moment soit éternel et qu'il n'en finit jamais. J'essaie de redécouvrir ce monde que j'ai subitement quitté contre mon gré il y a de cela, quelques mois, d'après lui. Je me demande quelle surprise j'aurais quand quelqu'un s'approchera de moi et dira me connaître alors que moi, je ne le reconnaîtrais. Je me demande surtout sa réaction ... J'évite de m'encombrer l'esprit avec tout ça et murmure : Oui ... Rentre chez toi, tu le mérites. Les médecins finiront bien par s'apercevoir que je suis réveillée et me laisseront, avec un peu de chance, retourner chez moi ou chez toi, ou chez nous ou, ça m'énerve, j'en sais rien ... J'ai qu'une hâte, sortir d'ici et essayer de redécouvrir tout ce que j'ai perdu.

J'apprécie le fait que Stefan veuille rester avec moi plutôt que de rentrer chez lui comme je le lui ai proposé. C'est une bonne attention de sa part. Ou je peux te faire de la place pour que tu restes près de moi ... D'accord ... J'oublie volontairement de lui dire que j'ai peur de m'endormir et de ne plus me réveiller car après tout, j'ai quand même dormi pendant des mois. Pourtant, je manque de sommeil, malgré tout. Je me sens fatiguée, faible. Surement le contre-coup de ce réveil brutal, en quelque sorte.

M'efforçant d'esquisser un maigre sourire, je hoche la tête à ce que dis Stefan, soulagée qu'il revienne près de moi après même si au final, je me souviens de rien nous concernant. Je me contente juste de lui faire confiance, chose que j'espère faire bien. Lorsqu'il dépose ses lèvres sur les miennes, un léger frisson envahit mon corps. C'est plutôt bon signe d'après moi. Je regarde Stefan quitter la chambre et ferme doucement les yeux pour retrouver le sommeil car je me sens submergée par la fatigue, même si la peur de tomber de nouveau dans le coma ne tenaille. Au fond, je me dis que c'est impossible car je ne me serais jamais réveillée sinon. Peut-être n'étais-je pas réveillée au fond et que je rêvais tout simplement. J'en doute également. On ne frissonne pas au contact de quelqu'un dans un rêve. Je me contente de somnoler.

Assoupie, j'entends malgré tout ce qui se passe autour de moi et rouvre les yeux lorsque quelqu'un entre dans ma chambre. Je pose mon regard sur une blouse blanche qui a l'air étonné, allez savoir pourquoi ... Peut-être pensait-il que c'était fini pour moi et que seule la respiration artificielle me maintenait en vie ? C'est faux, elle m'aidait à retrouver possession de mon corps et à maîtriser de nouveau ma respiration. La preuve, je suis réveillée et je respire sans le masque qui est posé à côté de moi sur le lit. Il s'approche de moi, me salue, me fait une batterie d'examens de routine et sourit avant de disparaître. Il est sympa lui, même pas il m'informe de la situation. Je soupire et pose les yeux sur Stefan. Il t'a dit quand je pourrais sortir ? Quoi que ça m'étonnerait qu'il me laisse le faire de si tôt car n'ayant su répondre à une partie de ses questions, il en a déduit à une amnésie partielle, or, si j'ai su dire comment je m'appelais, c'est grâce à Stefan qui m'a parlé un peu de moi. J'aurais peut-être du le préciser.

Je suis rassurée de constater que Stefan est dans le même état d'esprit que moi. Il trouve le médecin bizarre. C'est vrai, pourquoi ne m'informe-t-il pas de la situation ? Pourquoi il ne répond pas à mes questions ? Peut-être parce que quelque chose ne va pas ... Peut-être parce qu'il est étonné de me voir vivante ... Peut-être parce qu'il avait prévu que je perde la mémoire ... Peut-être parce que je vais mourir, qui sait ... La peur me submerge une nouvelle fois. Super ... D'après Stefan, ça fait des mois que je suis dans ce lit d'hôpital et je peux même en sortir maintenant que j'ai les yeux ouverts. Le contact de sa main sur ma joue me fais tendrement sourire. Je ne sais pas pourquoi mais j'ai une confiance monstre en lui que je ne reconnais pourtant pas. Je veux que ça soit toi qui soit près de moi Stefan ... On vit ensemble ?