Il était trois heures de l'après-midi et Aaron attendait la douce brune à qui il avait confié tout son passé, aussi tumultueux soit-il, Célia. Cela faisait un petit moment qu'Aaron et Célia avaient pris l'habitude de se rejoindre ici, entre les deux plus grands arbres de la forêt, des secoyas immenses.
Il était habillé d'un t-shirt blanc échancré et d'un slim foncé. Ses pieds étaient chaussés par d'élégantes chaussures noires qu'Aaron aurait bien vu sur un homme importante comme son père. Comme d'habitude ses cheveux étaient harmonieusement coiffés en bataille.
Assis dans les racines d'un des secoyas, il se mit à siffloter, l'attente se faisant longue. Mais il ne se faisait pas de soucis. Célia avait dit qu'elle viendrait alors elle viendra. Il lui faisait totalement confiance. Cette relation lui faisait un peu peur parfois malgré la confiance qu'il accordait à Célia. Célia était un de ses point faible. Il n'avait pas de secret pour elle ce qui le mettait dans un état de faiblesse évident.
Si il aimait Célia? Oh oui, bien sûr. Mais c'était confus dans sa tête. Il n'était pas sûr de voir les limites de cet amour. Oh et puis pourquoi il pense à ça? Célia n'est bien évidemment qu'une simple amie. Une amie voilà, rien de plus, rien de moins. Sa confidente.

Aaron sursauta légèrement en sentant la main de Célia sur son épaule et s'arrêta immédiatement de siffler. Il ne l'avait pas vu venir, trop occupé à penser. Un étrange sentiment de chaleur se répandit dans tout son corps quand il reçut son baiser. Lorsqu'il la su près de lui, il passa un bras autour de ses épaules comme pour la protéger d'un quelconque danger. Ou tout simplement parce qu'il avait besoin de la sentir encore plus proche de lui. En se baissant près de ses cheveux il huma son parfum. C'est bon, tout est parfait, Aaron sourit d'un sourire sincère qu'il était très rare de voir sur le visage du jeune homme.

- Bonjour toi, lui murmura-t-il, tu m'as manqué.

C'est tout ce qu'il avait à lui dire pour le moment. Tout le reste elle le savait ou le devinera en fonction de ses réactions. Une chose qu'Aaron aimait beaucoup avec Célia, les mots n'étaient pas toujours nécessaires.

Aaron se délecta du souffle chaud de Célia qui se baladait sur son cou. Elle le regardait et il la regardait. Mieux, il la voyait. Comme il n'avait jamais vu quelqu'un. Comme si il ne pouvait pas détacher ses yeux des siens de peur de la perdre à tout jamais. Comme dans un rêve en fait où tout peut s'évaporer dans la seconde qui suit.

- Je... , les mots se bousculèrent vers la bouche d'Aaron, tiens beaucoup à toi, tu sais.

Aaron sourit de sa propre maladresse. Y'a-t-il une autre fille capable de lui faire perdre les moyens comme ça?

Aaron tuerait pour passer le reste de sa vie à regarder Célia. Il ne s'en lasserait jamais, ça, il en est sûr. Comment se lasser d'ailleurs? Elle est si parfaite. Et puis, quand il est avec elle, il se sent aimé. Et il avait ressenti ça avec très peu de personne.

- Si tu te nourris de moi...

Il retourna doucement la main de Célia et serra sa main dans la sienne.

- Je te fais don de moi tout entier. Je ne voudrais pas te priver de quelque chose de vital...

Les mains d'Aaron s'aventurèrent dans les cheveux de Célia. Il les caressait, les embrassait, s'imprégnait de leur odeur... Et que c'était doux, que c'était bon!

- Quoi?! répondit Aaron en haussant la voix qu'il rabaissa presque automatiquement, comment tu peux dire ça Célia? Sans toi... Je ne suis rien.

Aaron s'en voulait de savoir que Célia puisse penser ce genre de choses et fut encore plus vigoureux dans les caresses qu'il lui donnait maintenant dans le dos. Lui... Valoir mieux qu'un dévouement total pour elle? Oh non...

Aaron avait appris à dompter son impulsivité lorsqu'il était avec Célia. Si bien que quand elle posa son doigt sur ses lèvres, il résista à l'envie irrésistible de lui sauter dessus. Il hocha la tête en l'écoutant parler. Il savait ce qu'elle voulait dire. Elle savait tout aussi bien que lui que ce qu'ils vivaient ensemble serait éphémère. Un jour où l'autre il foutrait tout en l'air.

- Excuse-moi, marmonna-t-il en enfouissant son visage contre sa main sans vraiment savoir pourquoi il s'excusait.

Si elle repoussait la tête d'Aaron, il saurait qu'il en avait déjà trop fait et il sortirait de la vie de Célia même si ce serait très pénible pour lui. Mais il ne voulait qu'une chose, qu'elle prenne son visage et vienne le poser contre son coeur, histoire qu'il entende cette merveille battre.

Une chose était sûre, Aaron et Célia se fréquentaient, leur survie en dépendait, mais ils savaient tous deux que ça les mènerait à leurs pertes. Et voilà, Aaron avait l'impression d'avoir signé avec le diable quand Célia se nicha dans ses bras. Étrangement, ça lui arracha un sourire. Ça lui plaisait! Se savoir émotionnellement en danger lui plaisait!
Et jusqu'où tout ça irait-il? Il ne le savait pas et n'était pas pressé de le savoir. Pour le moment il était avec Célia et c'était le plus important. Célia qui connaissait son histoire et... L'acceptait! Quelle femme, ne put-il s'empêcher de penser. Lui préférait fermer les yeux sur les relations de Célia. Savoir le rendrait fou.

Aaron aurait aimé s'attacher, l'avoir pour lui, la surveiller en permanence, il était dépendant de la belle brune et c'était malheureux parce qu'il ne pouvait pas se permettre d'être ce genre d'homme. Eh oui, il passait ses nuits dans des hôtels de luxe à s'envoyer des gens qui le payer pour ça. C'est son unique source de revenu, un travail sordide qu'il aimait. Le sexe c'est agréable bon sang!
Bien sûr qu'il voulait lui dire quelque chose mais comme d'habitude rien ne sortirait. Il se sentit d'un coup très mal à l'aise. Et comme à chaque fois où il se sent mal à l'aise, il pense à fumer.

- Je... Non, rien. Je voulais te voir c'est tout, dit-il dans un sourire peu convaincant.

Restant très proche de Célia, il enleva ses mains de son corps pour se concentrer dans le roulage d'une cigarette. Il en avait bien besoin!

Célia avait touché un point sensible..elle pencha doucement la tête pour pouvoir le regarder et le faire parler..elle passa sa main sur la cuisse du jeune homme.

Aaron..tu me caches quelque chose ?

Le regarde roulé sa cigarette, sourit doucement en coin..elle connait ses habitudes et lorsqu'il s'intéresse plus à une cigarette qu'à autre chose c'est que monsieur James veut égarer un sujet.. Célia n'aimait pas lorsqu'il fumait..se bousiller les poumons juste pour une envie cependant elle ne lui disait rien elle n'allait pas le priver de ce qui lui faisait du bien..tout comme le sexe..quoi qu'elle pouvait très bien lui faire arrêter son job du jour.au lendemain !

Aaron laissa échapper un rire nerveux en léchant le papier. Il tapota légèrement sur sa cigarette pour que le tabac se tasse et enleva le tabac qui dépassait. Aaron prit sa tête d'ange contrit, sans grande conviction étant donné que Célia avait arrêté de marcher dans ce genre de combines tordues depuis belle lurette.

- Je ne te cache rien, dit-il d'un ton qui se voulait décidé, tu le sais.

Il sortit son briquet, alluma sa clope et dégusta sa première bouffée. Célia avait toujours exercé un certain pouvoir sur Aaron, elle en était consciente et lui aussi. Mais il n'avait jamais su si elle saurait en abuser.

Aaron désapprouvait que Célia se soit écarté de lui mais aurait fini par le faire de toute manière. Il n'était pas question qu'il lui fasse respirer cette fumée toxique. Cette fumée mortelle, se rectifia-t-il. Aaron se tue à petit feu. A cette pensée, il ne put s'empêcher de sourire.
Aaron était là, dans un mutisme complet, à penser à toutes les choses qu'il aurait pu accomplir s'il était différent. En commençant par Célia. Il pourrait la rendre heureuse si les choses n'étaient pas comme elles le sont actuellement.

Aaron continuait à penser. Cette nuit il a été réservé par une de ses plus fidèles clientes. Une vieille femme malheureuse en amour. Ce n'était pas un service que de donner un peu d'amour à une femme délaissée? Pourquoi on ne considérait pas Aaron comme un héro au final? Parce que malgré ça t'es le pire des salauds que je connaisse, s'assena-t-il en affichant un sourire narquois. A quoi bon être quelqu'un de bien? Quelqu'un de normal? Aaron ne l'a jamais été et ne le sera jamais.

Quand Célia se leva, Aaron se mit aussitôt à la suivre des yeux. Il détaillait absolument tout ce qu'il y avait chez elle, dans un sourire rêveur, et en conclut qu'elle était définitivement parfaite. Trop parfaite pour lui. Sa cigarette touchait à sa fin. Il pensa un moment à s'en rouler une autre et se ravisa. S'il voulait contempler Célia, il n'allait pas se mettre à s'empoisonner avec une clope en même temps car ça pourrait lui être bel et bien fatal de combiner deux poisons. Mais Célia était un "bon" poison. Celui dont on ne peut se passer tout en sachant que c'est mal... Aaron aimait Célia un peu comme un camé aimait son dernier shoot.

Sortant de ses pensées digne d'un véritable tordu, Aaron accourut vers Célia et lui prit la main avant de poser sa main contre l'arbre, juste au dessus de l'épaule de Célia. Sa main libre parcourait la taille de Célia et il poussa un long soupir dont il n'arrivait pas à déterminer la nature. Bonheur ou désespoir?