Ne dis pas ça … Tu es le plus beau cadeau que je puisse avoir …

J’étais sérieux mais ne me reconnaissait pas dans mes paroles. Qu’est ce qui me prenait de dire des choses pareilles ? Ça ne m’était jamais arrivé. Jamais je n’avais prononcé de mots aussi attentionné et je savais qu’ils allaient avoir de l’impact sur la belle blonde qui n’était autre que ma petite amie ? C’était une bonne question. Je me demandais bien comment elle nous définissait. Notre relation avait évolué, certes, mais en étions-nous là ? Après ce que je venais encore de dire … a nouveau je me sentais gêné de ne pas pouvoir me contrôler.

Je ne me rendais même pas compte que je la suivais partout, c’était comme naturel pour moi et je voulais toujours l’apercevoir, au moins … Terminant rapidement mon verre, je me suis approché d’elle pour le déposer dans l’évier. Je l’aiderais à faire la vaisselle plus tard. Elle me fit une petite réplique sur l’homme de sa vie que j’avais mentionné précédemment. Mais cette fois-ci je savais pertinemment qu’elle se fichait de moi. De toute manière, je l’avais pour moi maintenant, et je ne la laisserai filer avec personne d’autre ! Je ris malgré tout, ça faisait du bien d’ailleurs. Ca devait être la première fois que nous rions depuis nos retrouvailles. Ca rappelait le passé quand nous nous prenions des fous rires tellement puissants que nous en avions mal au ventre. Je savais que tout ca reviendrait au fur et a mesure, je devais juste me montrer patient.

Et bien je m’en fou ! Je le mettrai dehors, où alors encore lus simple, je ne le laisserai pas entrer !

Sa prochaine phrase me plus tout de suite mieux. Elle acceptait que je reste chez elle, et en plus ca n’avait vraiment pas l’air de la déranger. J’étais ravi !

Promis, je ne profiterai pas de toi longtemps, je vais me débrouiller ! Il faut que je trouve du travail le plus vite possible … Et d’ailleurs toi, qu’est-ce que tu fais ?

Au fil des heures, nous en apprendrions plus sur chacun.

Gabriel me faisait craquer quand il me montrait son côté que je qualifierais de romantique. Ses belles phrases, ses regards amoureux... J'en étais amoureuse! Mais rare était les fois où il l'était. Je ne le juge pas, ce que je veux dire c'est que, avant, n'étant encore que de simples meilleurs amis, nous vivions plutôt de rire et de délires. Parfois, nous étions "très câlins" l'un envers l'autre, sauf que la plupart du temps ce n'était pas pris au sérieux. Je me contentai de sourire à sa remarque. Je ne pouvais pas répondre, car j'étais encore un peu gênée. C'était tout nouveau, et même si je me sentais à l'aise en lui parlant, des phrases comme celles-ci ne pouvaient pas encore sortir de ma bouche, de peur qu'il pense que j'aille "trop vite".

Après m'avoir demandé s'il pouvait dormir ici pour cette nuit, je l'avais taquiné en disant que l'homme qui partageait ma vie n'allait pas tarder à rentrer. Ce qu'il me répondit me fit rire. Il disait qu'il ne le laisserai même pas entrer.

─ Tu sais, moi-même je ne le laisserai plus entrer. Maintenant que je t'ai toi, je n'ai besoin de rien d'autre.

Retournement de situation, cette fois si, c'est moi qui avait honte pour ce que je venais de dire. Oh et puis! il fallait bien que ça sorte.
Sa prochaine question porta sur ce que j'exerçais dans la vie. Je souris, essayant de ne pas trop dramatiser.

─ Ah, hm... Question intéressante... En fait, mes parents sont décédés il y a environ un an, juste après que nous avions quitté le Portugal, dans un accident de voiture. Pour le moment, je vis de leur héritage. Mais je cherche à travailler. En un an, on ne peut pas faire grand chose, donc chaque jour je me rends ici et là, afin de voir s'ils embauchent, sauf que parfois je tombe sur les mauvaises personnes. Ou encore, j'avais penser à reprendre les cours. Je dois y réfléchir.
Et toi, tu fais quoi?

Oh le pauvre … Tu es vraiment méchante avec lui !

Dis- je en parlant bien sûr de son faux petit ami. Je savais depuis le début qu’elle me taquinait et qu’elle ne jouerait pas avec ça si elle en avait vraiment eu un. Chose qui aurait pu être possible et qui m’aurait fortement attristé. Mais ce n’était pas le cas ! D’un certain côté, c’était difficile à croire, car une fille aussi belle qu’elle … Enfin bref, ce n’était plus la question. Maintenant, elle était à moi, juste à moi et c’était la chose la plus importante à mes yeux à présent.

J’ouvris grand mes oreilles pour écouter ce qu’elle allait m’expliquer sur sa vie actuelle. Tous ce qu’il s’y passait, je voulais le savoir et donc j’étais des plus attentifs. Mais rien qu’à la première phrase, je failli m’effondrer. Ses parents ? Décédés ? Je n’arrivais pas à le croire. Je les avais vu de nombreuses fois, j’avais mangé à la même table qu’eux, j’avais eu de grandes discussion au sujet des études avec son père et j’aidais parfois sa mère à débarrasser ou à faire la vaisselle. Et là, ils n’étaient plus de ce monde. Cette nouvelle me fit un choc et cela devait se lire sur mon visage. Je ne réalisais absolument pas. Cela avait du être un énorme bouleversement pour Vitoria et je m’en voulais énormément de l’avoir laissé surmonter ca seule. Mais pourquoi elle ne m’avait jamais rien dit dans une de ses lettres ? Probablement qu’elle avait ses raisons et je ne lui poserai même pas cette question. Heureusement qu’elle avait hérité quelque chose, sinon elle se serait vraiment retrouvé dans la misère et c’était la dernière chose que je lui souhaitais. Je pouvais comprendre qu’elle se soit prise une année pour se remettre et réfléchir à son avenir.

Je ne m’en rendais même pas compte, mais j’étais vraiment entrain de dévisager la jeune femme. J’attendais le moindre signe qui me montrerait qu’elle avait besoin de moi, parce qu’en parler devait sûrement réveiller des émotions qu’elle avait enfuies au plus profond de son être.

Et bien, moi je compte rester ici, avec toi et puis il faudrait que je me trouve un travail. Je n’ai absolument pas envie de reprendre mes études. J’ai la chance d’avoir un peu d’argent et de pouvoir prendre le temps de choisir un métier que j’ai vraiment envie de faire. Donc je vais prendre mon temps malgré tout.

Je ne parlais volontairement pas de l’endroit ou je comptais habiter parce qu’en réalité, je n’en avais aucune idée. Peut-être devrais-je commencer par me chercher une maison ? Ou peut-être qu’elle ne voudrait pas que je vive chez moi, loin d’elle alors que je venais à peine de débarquer ici. J’en n’en savais rien du tout ….

─ Méchante? Tu préfères peut-être que je le sois avec toi?

Je lui tirai la langue comme une petite enfant, puis je fis un très grand sourire colgate. Je crois bien qu'au fond, j'étais restée la petite "gamine" que j'ai toujours été. J'adorais la vie. Je crois que je refusais de grandir, j'étais un peu comme Peter Pan. Je voyais le monde évoluer, mais au fond de moi je n'avais pas changer bien que je devais quand même m'intégrer à cette société nouvelle, où tout était tellement différent d'avant.

Je venais de lui annoncer le décès assez récent, du moins assez récent pour ma part vu le temps qu'il m'avait fallu pour en faire le deuil. Ou plutôt je ne pense pas qu'on puisse un jour se remettre de la mort de ses parents. On vit avec, c'est juste qu'on essaie de ne pas y penser, mais ils sont toujours là avec nous. Après mon annonce, je pus lire le choc que ça lui avait procuré. C'est vrai que mes parents et lui étaient assez proches. Il aidait souvent ma mère pour ci ou pour cela, et il avait de longues conversations avec mon père. Je pense qu'au fond, il s'en était attaché. Et je sais que mes parents l'aimaient beaucoup également.
Je cessai rapidement de ne plus en parler. Je retenais mes larmes, car je n'avais pas envie qu'il me voit dans un état désastreux si je me mettais à pleurer dans ses bras. Mais mes yeux brillaient, on pouvait y voir une tristesse infinie et un grand appel au secours.
J'acquiessai un sourire quand il m'avoua qu'il voulait rester ici avec moi. Moi qui pensais qu'il allait retourner au Portugal. Mais où allait-il loger? Je lui aurais bien proposer de rester avec moi, en colocation, mais j'avais vraiment peur qu'il pense que j'allais trop vite.

─ Prend tout le temps que tu veux, mon chéri. Si tu as besoin d'aide, je suis là tu le sais bien. Et en quoi tu aimerais travailler?

Hum … Non …

Je ne pouvais pas décrocher mon regard de celui de la demoiselle. Je la retrouvais aujourd’hui plus fragile ca sautais aux yeux. Elle s’était retrouvée seule du jour au lendemain. Enfaite, je me demandais bien comment elle avait tenu, parce que moi, à sa place, j’aurais vraiment eu du mal à m’en sortir. Mais Vitoria était quelqu’un de très fort, plus que moi peut-être. C’était étrange, j’étais censé être le plus fort, presque invincible, parce que j’étais l’homme, et elle devait être plus sensible parce que c’était la femme. Je ne savais absolument pas si nous entrions dans ce canevas et tout bien réfléchi ça m’était complètement égal. Je la regardais tout en prenant sur moi pour ne pas avoir les yeux aussi brillants qu’elle. Elle me fendait le cœur …

Viens là …

M’avançant vers elle, j’ai passé mes bras autour de ses épaules pour la serre contre moi et lui caressé doucement les cheveux. J’avais besoin de la réconforter et de la protéger, c’était plus fort que moi et au fond ça me rassurait aussi après le drame qu’elle venait de m’annoncer.

Je souris en l’entendant m’appeler « mon chéri » C’était trop mignon et à vrai dire c’était bien la première fois que quelqu’un me désignait de la sorte. Pour lui montrer à quelle point je m’étais déjà attaché à elle, j’ai resserré encore plus mon étreinte. Presque chaque parcelle de son corps était collée au miens et je profitais pleinement de ce moment. J’aurais voulu qu’il ne cesse jamais, mais malheureusement je deviens bien la lâcher à un instant ou une autre. Je n’aurais évidemment pas demandé mieux que de vivre avec elle, mais n’allions nous pas trop vite ? D’une certaine manière non, puisque l’on se connaissait par cœur et cela depuis des années mais là, nous venions à peine de nous retrouver et sous un autre angle …

C’est justement le problème … Je ne sais pas ce que je veux faire. Quelque chose qui me plairaic ‘est certain, parce que je ne veux pas me résigner à partir travailler tous les jours avec les pieds de plombs comme certains le font. Mais je ne vais pas te mentir, je suis un peu perdu en ce moment … Tous se bouscule dans ma tête …

Après lui avoir parlé, Gabriel ne quitta pas mes yeux, et d'un moment à l'autre, il me serra dans ses bras. Je crois bien qu'il avait remarqué que je me retenais fortement de pleurer. Il était un peu comme mon grand-frère protécteur. Il était toujours là pour moi, et me connaissait jusqu'aux bouts des ongles. Il savait quand j'allais bien, quand j'étais mal, quand je lui cachais quelque chose... Absolument tout. Jamais quelqu'un ne m'avait connu à ce point, et c'est ce que j'adorais. Le fait qu'il puisse lire en moi comme dans un livre ouvert. En trois ans, nous avions passé tellement de temps ensemble que nous connaissions tout l'un sur l'autre.

─ Heureusement que tu es là, tu sais. Tu es mon seul pilier dans la vie, Gabriel! Quasiment tout ce qu'il me reste!

Un frisson me parcoura le corps quand je prononçai les mots de cette phrase. Je savais qu'avec lui, je pouvais ouvrir mon coeur à n'importe quel moment, il ne me jugerait aucunement et pour rien au monde.
Quand il me serrait dans ses bras, je me sentais tellement en sécurité qu'il était impossible de le décrire. Je savais de tout mon coeur que rien ne pouvait m'arriver tant que j'étais avec lui. Il était mon gilet pare-balles.
Il me dit alors qu'il ne savait pas ce qu'il voulait faire. Ca ne devait pas être trop difficile à trouver... Bon d'accord, je disais ça mais moi non plus je n'en avais aucune idée. Nous étions tous les deux bien paumés.

─ On se débrouillera! Tu le sais bien, on est des combattants. Je souris. On ira voir un peu partout, et on trouvera bien quelque chose. T'en fais pas pour ça. C'est l'Amérique, ici!

La serrer contre moi n’avait été qu’une nécessité. S’il y avait bien une chose que je ne supportais pas c’était de la voir triste ou malheureuse. Ça m’était complètement invivable et me rendait aussi triste ou malheureuse qu’elle. Quand elle était contre moi, j’oubliais tout et c’était bien mieux comme ça. Et les paroles qu’elle prononça m’émurent encore plus que ce que je n’étais déjà. Surtout que je savais pertinemment qu’elle était sincère et qu’avec la mauvaise nouvelle que je venais d’apprendre je la croyais vraiment. De son passé, elle n’avait plus que moi. J’espérais malgré tout qu’elle s’était faite des amis et des amies ici depuis son arrivée et qu’elle n’était pas restée seule. Parce que bon, après le décès de ses parents elle avait dû rester pas mal enfermée et elle ne devait pas voir beaucoup de monte ce qui était naturel, mais comme elle venait à peine d’arriver … Je me posais plein de question. Mais je les mettais en attente, on en parlerait plus tard, j’en étais convaincu.

Ne t’en fais pas, ça va s’arranger … Je vais rester près de toi, c’est promis … On va rattraper tout le temps qu’on à perdu et tu vas voir la belle vie que l’on va mener !

J’essayais juste de lui remonter le morale même si l’émotion transperçais ma voix. J’avais une boule au ventre et la gorge nouée. Mais je ne pouvais pas la voire comme, elle devait sourire, rire, … Tout le contraire de ce qu’elle faisait maintenant. La tension était palpable dans l’air et ça me donnait la chair de poule …

Ses nouvelles paroles me soulagèrent ! Elle redevenait la Vitoria que je connaissais, celle qui positivait et qui trouvait toujours des solutions à tous les problèmes qui se posaient. Je ris quand elle me dit qu’on était en Amérique. C’était vrai pourtant et cela allait bien changer du Portugal. Pour rentrer dans la vie active, c’était clair que j’allais le faire !

Je sais mon ange ! On se débrouillera toujours et puis à deux on est plus fort. Et aussi, si on ne trouve pas tout de suite, ce n’est pas bien grave. Je compte bien profiter de toi avant !

Je ne me reconnaissais de nouveau pas dans mes paroles. D’ailleurs, étais-ce bien moi qui venait de les prononcer ? Mes yeux firent le tour de a pièce, apparemment oui …

Je trouvais adorable le fait qu'il me promette de rester avec moi, maintenant. Mais sa famille et ses amis au Portugal? Comment allait-il se débrouiller? Allait-il tout abondonné pour rester ici avec moi? Je ne pouvais pas le laisser faire cela. Il avait besoin d'eux tout autant que moi j'avais besoin de lui. Je pensais surtout qu'au fil du temps je finirai par le lasser, et que, au final, il retourne à Lisbonne. Ce qui me briserait encore plus que la première fois qu'il m'avait quitté car j'aurai vraiment pris le temps de m'attacher plus que je ne le suis déjà, et en tant que petite-amie.

─ Que décides-tu pour tes amis et ta famille? Tu ne peux pas rester ici avec moi, il va falloir que tu t'en ailles.

Je baissai la tête, assez tristement puis la relevai aussi rapidement.

─ Ils ont besoin de toi, et toi aussi d'ailleurs. Tu ne peux pas tout abondonner pour une simple fille...

Ces mots m'avaient écorché la gorge mais j'étais forcée de le lui faire savoir. Il me promit également que nous allions rattraper tout le temps perdu et que nous allions mener une vie belle et tranquille. Je souris.

─ C'est vrai qu'avec toi, j'y crois en la belle vie.

Je sentis mes joues s'empourprer.
Je souris à ses prochaines paroles. J'avais l'impression que c'était le début d'une grande aventure qui débutait entre nous deux, jeunes amoureux. D'ailleurs, qu'en était-il de notre situation? Etions-nous comme qui dirait un couple? Ou bien...? Cette question restait bloquée dans ma tête.

─ Bien sûr! Tu verras comme on va s'amuser ici. Ce sera encore pire qu'avant!

Evidemment, j’avais pensé à ma famille et à mes amis. Mais bon, j’avais pour unique famille ma maman. Et il fallait avouer qu’elle me manquerait vraiment beaucoup, elle était tout pour moi et avait autant d’importance à mes yeux que Vitoria. Les jours passaient, les années aussi et je n’étais pas le seul à vieillir, elle aussi prenait de l’âge et de plus en plus elle allait avoir besoin de moi. Je ne pouvais pas me résigner à l’abandonner, mais je ne pouvais pas repartir loin de celle qui venait tout juste de prendre la place de petite amie dans ma vie. J’étais confronté à un vrai dilemme et pendant des heures entière la nuit passées j’avais réfléchi à ce problème. Et j’avais trouvé une réponse ! Je devais rester à Los Angeles, pour Vit’, mais aussi pour moi. Je trouverais plus facilement un emploi ici, et ma vie en serait meilleure. Dans environ une semaine, je téléphonerai à ma maman et lui annoncerai la nouvelle qu’elle prendra comme mauvaise. Ensuite, je lui proposerai de venir ici avec moi. Je lui trouverai un petit appartement dans un des endroits les plus tranquilles que je pourrai trouver ici et elle aura une retraite paisible auprès de son fils. Je ne manquerai pas d’être convainquant et je pensais même que cette idée lui plairait au final. Elle verrait enfin autre chose que Lisbonne et elle serait près de moi. C’était tout ce qu’elle demandait. Sur ce point j’étais assez sûr de moi, pour une fois !

Chut, chut, …

Je l’ai stoppé net dans son élan. Je décelais la déception dans ses paroles, et surtout dans ces quelques mots : « Il va falloir que tu t’en ailles ». Elle pensait donc vraiment que j’allais partir loin d’elle, après ce qu’il venait de se passer ? J’espérais quand même qu’elle n’avait pas agi à la légère en se disant que de toute manière je repartirai. Elle aurait bien pu croire que tout ce que l’on avait vécu aujourd’hui n’allait pas durer, et du coup elle n’aurait pas réfléchi assez avant d’agir. M’avançant vers la jeune femme, j’ai passé mon index sur ses lèvres pour l’inciter à ne plus rien dire. Mais elle continua et je failli bondir à ses dernière parole. Une simple fille ?! Elle était vraiment loin de s’imaginer à quel point elle comptait pour moi ! Elle était tellement loin de n’être qu’une simple fille ! Avec ma maman, elle était la personne qui comptait le plus au monde pour moi. Je ne pouvais pas la laisser dire sans réagir.

Regardes-moi bien … Tu es tout pour moi. Tu n’es pas une simple fille mis au contraire tout l’inverse ! Je ne serais plus rien sans toi, j’ai trop donné et je ne veux plus vivre ca … Je vais m’arranger pour que ma maman vienne ici pour sa retraite comme ça j’aurai les deux femmes de ma vie près de moi et tout sera parfait ! Il est hors de question que je reparte … Et de toute manière, tu sais très bien que je n’ai jamais eu beaucoup d’ami à Lisbonne. Ma nouvelle vie va débuter ici, près de toi …

J’avais mis les choses au clair, et ne le regrettais pas. J’avais quand même peur qu’au fond elle préfère que je parte. Peut-être que j’allais bouleverser sa vie et qu’elle ne demanderait pas mieux que garder son calme habituel. Peut-être aussi qu’elle ne voulait pas d’un homme dans sa vie, peut-être qu’elle ne se sentait pas prête pour ça, pour une relation sérieuse, pour s’engager avec moi … Ma tête était remplie de doutes et d’incompréhension. Surtout qu’elle ne me disait pas grand-chose sur ce qu’elle pensait et je me sentais un peu perdu. J’avais simplement besoin qu’on me guide un peu. Je ne me reconnaissais pas et avait l’impression d’être un autre.

Parles moi …

Pendant que j'étais en train de parler, Gabriel me coupa net, en déposant doucement son index sur mes douces lèvres. Pour moi, il était certain qu'il devait repartir, surtout pour sa mère. Je pensais qu'il allait devoir décider entre moi et sa maman, puis qu'il l'a choisirai elle finalement. Mais d'un côté, après tout ce qu'il m'avait dit plus tôt dans la journée, j'avais des doutes. Gabriel tenait toujours ses paroles, et sur ce point-là je le croyais.
À ses mots, je sentis les larmes me monter aux yeux, pour la énième fois dans la journée. En un an, j'étais devenue tellement plus sensible, comme je n'aurais jamais pensé l'être. Mais cette distance que le temps avait mis entre Gabriel et moi m'avait affaibli, et donc j'étais plus fragile, et plus facilement affectée, ce qui était devenu un assez gros défaut. Parfois, je pensais même ne plus être la fille si forte que j'étais avant, et tout ça à cause de l'amour. L'amour m'avait métamorphosé. Quand on aime, on ne remarque pas les changements. Ca nous hante. L'amour nous hante, et s'il est vrai, il ne nous libère jamais de ces chaînes dans lesquelles il nous tient. Plus les jours passent, plus notre sensibilité fait surface. C'est un peu de cette manière que j'ai sû que pour Gab, ce n'était pas qu'une simple attirance.
Alors comme il venait de m'avouer, il ne serait plus rien sans moi? C'était exactement la même chose pour moi. Je me suis retrouvée douze longs mois sans la personne la plus chère à mes yeux, et j'étais un peu devenue "Rien". Je ne ressentais plus rien à l'égard de la vie. Peut-être était-ce un peu exagéré, mais il avait boulversé toute ma vie en y entrant. Je ne pense pas qu'il s'en doutait, que j'éprouvais exactement la même chose à son égard. À vrai dire, je ne lui ouvrai pas assez mon coeur. Mais c'était simplement que j'avais peur de le lasser avec des propos un peu trop... "romantiques", je dirai, et qu'il trouverait ça "gnan-gnan" venant d'une fille comme moi. Je pris sa main dans la mienne, et je la serrai doucement.

─ Excuse-moi de ne pas assez t'ouvrir mon coeur. Mais c'est assez difficile pour moi, car je ne sais pas ce que c'est, d'avoir un copain. Je n'ai jamais eu de petit-ami avant toi, tu sais... Je ne te l'ai jamais dit, mais c'est la vérité. C'est peut-être difficile à croire, mais je ne mens pas. Les mots "je t'aime" n'étaient jamais sortie de ma bouche avant, sauf pour toi. Je ne sais pas comment m'y prendre, je ne sais pas ce que c'est l'amour réciproque. J'ai peur d'aller trop vite, j'ai justement peur de te faire peur, et que tu me fuis. J'en ai aucunement envie! Il y a beaucoup de choses que j'aimerais te dire, mais c'est comme bloqué dans ma gorge. Comme si les sons que j'aimerais prononcer refusaient de sortir. Ne m'en veux pas, mon amour, mais je vais faire des efforts, je te le promais! Je ne te laisserai pas dans l'ignorance de mes sentiments, c'est juste que c'est peut-être un peu tôt pour moi, ou bien... C'est surtout parce que je ne veux rien presser!... Je ne veux pas dire que tu vas trop vite, mais comme je t'ai dit, dans la situation dans laquelle je me trouve, c'est difficile de parler ouvertement de l'Amour avec un grand A...

Je soupirai de honte. Mais je savais qu'au fil du temps, tout cela allait s'arranger.

─ En tout cas, je suis ravie que tu restes ici avec moi. Au fond de moi, je crois même que je ne t'aurai jamais laissé partir sans moi. Je serai certainement revenue avec toi. Je ne vois plus ma vie sans toi...

Ma main emprisonnée dans la sienne, elle se trouvait au parfait endroit. Nos deux mains, serrées l’une dans l’autre représentait parfaitement notre relation. Ce qu’elle était pour moi et ce que j’étais pour elle. On se tenait l’un, l’autre et ce pour longtemps. Je comptais l’aider à traverser toute les difficultés qu’elle rencontrerait dans sa vie et je savais qu’elle ferait de même pour moi. Je vis rapidement que les larmes lui montaient aux yeux à nouveau. Et c’était bien vrai qu’elle était plus fragile qu’autrefois. D’ailleurs, autrefois, elle ne l’était absolument pas, du moins pas de ce que je me souvenais. Je ressentais en cet instant, l’immense besoin de la réconforter et de la prendre dans mes bras mais elle commença à parler et je n’en fis rien. Je me contentais seulement de l’écouter.

Mais ne t’excuse pas à nouveau ! Je ne m’en fou pas mal que tu aies déjà eu un petit ami auparavant ou pas. Et crois moi je peux parfaitement te comprendre, si tu as du mal à m’ouvrir ton cœur. Je ne croyais jamais que moi je pourrais le faire aussi facilement. D’ailleurs, je ne me reconnais pas et je suis certaine que tu ne me reconnais pas non plus dans ce que je dis. Mais les paroles sortent avant que j’aie le temps de réfléchir et j’en suis désolée. Je pense que ca doit te mettre mal à l’aise, du moins autant que moi ça me met mal à l’aise. Mais on va s’en sortir, il va nous falloir un moment d’adaptation pour nous habituer à notre nouvelle vie … Mais ce que je ne veux absolument pas c’est que tu aies peur, pas avec moi … On va ralentir, tu en as besoin, ça se voit …

J’étais triste de prononcer ces mots et sans m’en rendre compte j’ai lâché sa main pour me reculer de quelques pas et m’appuyer sur le rebord de la table, un peu plus loin. Pourtant j’étais ravi, enfin elle m’avait dit ce qu’elle ressentait vraiment au plus profond d’elle-même. Et je savais qu’elle avait raison, on allait beaucoup trop vite. Mais j’avais peine à me contrôler, en sa présence je n’étais plus moi-même je ressentais le besoin constant de la toucher, de lui dire des choses que je n’aurais jamais dite avant, d’être proche d’elle tout simplement … Je l’écoutais à nouveau, elle voulait que je sois près d’elle c’était bien sûr. Et je me sentis incapable de répondre … J’étais géné de mon comportement, de mes paroles, de moi ! Le rouge aux joues, j’ai quitté la pièce, pour aller fixer ce qu’il se passait par la fenêtre du salon.

Je l'écoutais attentivement, et j'étais assez surpris de ce qu'il me disait et sur le ton avec lequel il prononçait ses mots. Il avait l'air triste et je detestais ça. C'était bien l'une des choses que j'aimais le moins : le voir malheureux. J'adorais son sourire, sa joie de vivre et entendre ses éclats de rire. Je ne vivais que pour ça! Et de le voir dans cet état me m'était mal à mon tour. J'avais l'impression que c'était de ma faute s'il ne se sentait pas bien et je m'en voulais affreusement. Je le vis se retirer de la pièce et se mettre devant la fenêtre de mon salon. Cette fois, j'en étais certaine, j'avais fait quelque chose de travers. Je me levai et je le regardai, debout dans l'encadrement de la porte. Je m'avançai doucement, sans faire de bruit, puis je passai mes bras autour de son ventre, en posant délicatement ma tête sur son épaule.

─ J'ai dit quelque chose qu'il ne fallait pas, c'est ça? Excuse-moi de tout mon coeur! Je ne veux pas te mettre dans cet état, je deteste ça, et c'est encore pire quand je sais que c'est de ma faute. Je ne demande pas à ralentir quoique ce soit, moi. Tu n'es peut-être pas à l'aise encore, et moi non plus, un aveugle pourrait le voir, mais c'est seulement parce que c'est vraiment tout nouveau! Rappelle-toi, nous nous étions plus vu pendant un an. C'est long, quand on sait à quel point nous étions proches. Et du jour au lendemain, nous voilà ensemble, à se dire toutes ces belles choses. J'ai bien remarqué que ce n'était pas le Gabriel que j'avais connu quand tu parlais, mais c'est uniquement parce que je n'ai jamais connu encore ce Gabriel. Je n'avais jamais vécu tout cela avec toi auparavant. Alors peut-être est-ce seulement une partie de toi que nous devons encore découvrir tous les deux. Et comme tu le dis, on s'en sortira. On se l'est promis! Et pour tout te dire, j'adore ce côté câlin que tu caches en toi, mon ange.

Je souris puis je déposai un petit baiser sur sa joue. Il était adorable.
Nous étions debout devant la baie vitrée qui donnait vue sur un petit parc. J'adorais cette image de nous deux. J'étais éperdument persuadée que nous étions faits pour être ensemble. Je le sentais. Et à présent, nous traverserons n'importe quel obstacle tous les deux, main dans la main.

Je frémis en sentant les bras de Vitoria m’encercler la taille, rapidement, ses mains se posèrent sur mon ventre et je sentis sa tête contre mon épaule. Un flot de parole s’évacua de son corps frêle et j’imaginais bien que ça devait être plus facile de parler sans me regarder. Le pire, c’est qu’elle n’avait rien dit de mal, loin de là. La seule personne qui m’exaspérait profondément dans cette ville, c’était moi. Mais qu’est ce qui me prenait ? Etais-ce l’amour qui me rendait comme ça ? Elle devait avoir raison, elle ne connaissait pas cette facette de moi, et à vrai dire, moi non plus je ne la connaissais pas. C’est probablement pour cette raison que je me sentais tant déstabilisé. Je restais sur mon idée, on avait besoin de temps !

Tu n’as rien fais, ni rien dis de mal. C’est moi, c’est tout ! Je suis un problème à moi tout seul, regarde, on dirait que je suis en train de faire la tête, alors que ce n’est pas le cas, je suis juste perdu. Je réalise à quel point les sentiments que j’ai pour toi sont fort et ça m’effraie. Je me fais peur moi-même parce que j’ai l’impression d’être quelqu’un d’autre. Ce n’est pas moi. Enfin si, c’est moi, mais il faut que je m’habitue à cette nouvelle partie de ma personnalité que je ne connaissais pas jusqu’ici. Peut-être même que je devrais l’évincer de mon corps pour ne plus jamais être si romantique. Je suis sensible, c’est certain, mais là …

J’eu besoin de soupirer une grosse fois, ce que j’étais en train de dire devait l’ennuyer, enfaite, je me parlais surtout à moi-même, pour me rassurer et ça fonctionnait moyennement. Enfaite, ce dotn j’avais envie la, tout de suite, c’était de stopper cette conversation pout probablement la remettre à plus tard. Je me posais des milliers de question rien que sur l’avenir de cette journée. Qu’allions nous faire de l’après-midi ? Comment allait se dérouler ma nuit, je ne dormirais pas beaucoup, j’ne étais plus que convaincu. Elle déposa un petit baiser sur ma joue et j’eu envie de tourner ma tête au dernier moment pour l’embrasser mis je n’en fis rien. Mon cœur battait la chamade dans ma poitrine et mon regard était perdu dans la verdure, de l’autre côté de la vitre. J’ai tiré sa main pour qu’elle se retrouve à mes côtés, et j’ai passé mon bras autour de ses épaules pour qu’elle soit plus proche de moi, doucement, j’ai déposé un bisou sur son front. J’en voulais déjà plus, je voulais l’embrasser vraiment, comme chaque couple le fait, mais je me retint à nouveau. J’allais trop vite et il était temps que je freine mes ardeurs pour me retrouver moi, le Gabriel timide et super sensible.

Je ne comprenais pas pourquoi Gabriel réagissait de la sorte. Il n'avait pas à s'en vouloir de faire et dire tout cela, au contraire, je trouvais que c'était une très bonne qualité. Mais je comprenais que ce n'était peut-être pas facile pour lui car il n'avait peut-être jamais vécu cela auparavant. Mais il ne devait pas considérer ceci comme un problème. Je ne voyais pas où était le problème à être un peu plus "romantique" je dirai, et encore plus sensible qu'avant. C'était un humain comme les autres, il avait un coeur et ce coeur-là était sûrement plus fragile que celui de quelqu'un d'autre. Tout le monde est différent.

─ Ne dis pas de bétises, Gabriel. Tu n'es pas un problème à toi tout seul. Tu n'as pas à t'en vouloir de quoique ce soit, tout va bien. Je n'arrête pas de te le répéter mais c'est le début du commencement, c'est normal que tu te sentes un peu déboussolé par ce nouveau comportement qu'apparemment tu n'avais jamais connu avant venant de toi. Ce n'est pas un défaut, au contraire, c'est adorable. Il y a tant de choses qu'on ne connait pas au fond de nous. Tu es jeune, tu as toute ta vie pour te découvrir. Et ne sois pas effrayé des sentiments que tu as pour moi, car jamais ils ne se retourneront contre toi.
L'évincer de ton corps? Dans ce cas-LÀ, tu feras de toi quelqu'un d'autre. Tu feras paraître quelqu'un que tu n'es pas. Reste comme tu es. Si Dieu a voulu que tu sois comme tu es aujourd'hui, il faut l'accepter. Aie confiance en toi, chéri, tu verras que tu t'en sortiras très rapidement, je te le promais!

J'étais maintenant face à lui, et je lui parlais les yeux dans les yeux. J'essayais de le persuader que ce n'était rien de mal, comme si je voulais l'hypnotiser. Je passai un bras autour de ses épaules, et je caressai tendrement sa joue de ma main de libre. Je le trouvais tellement beau! Jamais je n'aurais pu rêver mieux. Il était fait pour moi, et j'étais sûre d'être faite pour lui. C'était si évident. Je collai mon front contre le sien, sans lacher son regard, puis en glissant délicatement ma main qui se trouvait sur son visage derrière sa nuque, je l'embrassai amoureusement. J'en avais envie. À chaque fois que ses lèvres touchaient les miennes, j'avais envie de figer le temps. Je me reculai doucement puis je passai mon doigt sur sa lèvre, en lui souriant. J'essayais de le convaincre de ne pas s'en vouloir, de rester celui qu'il était et qu'il tout simplement parfait comme cela. J'étais amoureuse de Gabriel, et le nouveau côté de sa personnalité qu'il commençait à montrer ne me déplaîsait pas. C'était moi, en vérité, le problème. Je faisais tout un foin car je ne savais pas comment c'était, la vie de couple. Mais, j'ai réalisé qu'il ne fallait rien savoir, et que ça se vivait, tout simplement.

J’écoutais très attentivement ce que disait Vitoria ou ma petite amie, et je réalisais peu à peu qu’elle avait raison. Le temps allait tout arranger bien que mon problème ne sait pas dramatique. Enfaite, j’étais le seul à prendre mon changement brutal de comportement comme un problème. Apparemment, elle cela ne la dérangeait pas et elle me faisait même comprendre qu’elle aimait ça. Elle voulait juste que je reste moi. Et après réflexion c’est ce que j’allais faire. Je finirais par m’y habituer et je ne voulais en aucun cas être un autre, juste moi. Cependant j’avais beau penser cela, j’espérais que je n’allais pas repousser ces gestes et ces paroles que je qualifiais d’étrange inconsciemment.

Je frissonnais en sentant sa main caresser ma joue et ensuite ma nuque. Collant mon front au sien, mes yeux transpercèrent son regard jusqu’à ce que nos lèvres se rencontrent. Elles étaient si douces et s’accordaient si parfaitement avec les miennes. J’ai passé une main alentour de sa taille pour la serre plus contre moi et de mon autre main je lui caressais les cheveux doucement tout en prolongeant ce baiser. J’aurais voulu qu’il ne se termine jamais. Il représentait tellement de chose à mes yeux. J’étais tellement attaché à Vitoria que j’aurais été incapable de repartir pour le Portugal. A vrai dire, je me sentais soulagé qu’aucune contrainte ne m’y oblige. Ma décision était prise, je restais ici avec elle et ce pour très très longtemps !

D’accord, je vais faire un effort et m’adapter à ce nouveau moi, pour toi … Je ferais n’importe quoi pour toi de toute manière ! Je n’ai pas l’impression que nous allons trop vite, parce que je te connais déjà trop bien. Comme amie, certes mais ça ne change pas grand-chose. Nous avons juste à apprendre la partie amoureuse de l’autre. Et autant te dire que la mienne est immense, j’ai l’impression. Je me sens tellement différent à présent. Je me rends compte que j’aurais du t’avouer mes sentiments plus tôt. Parce que, je veux que tu le saches, ça fait déjà bien longtemps que je t’aime en secret.

Reculant mon visage du sien, j’ai appuyé sa tête contre mon épaule doucement, à l’aide de ma main pour ensuite posé la mienne par-dessus. Mes doigts s’entrelacèrent aux siens, comme le ferait un vrai couple. Malheureusement j’avais conscience que nous ne pourrions pas rester devant cette baie vitrée toute la journée, voir toute notre vie. J’aspirais à une vraie vie de couple avec elle. Nous partagerions tout, nous nous dirions tout et nous serions toujours là l’un pour l’autre. C’était en résumé comme ça que je voyais notre, vie. Merveilleuse … Ca rentrais dans un cliché c’était certain, belle maison, belles voiture, enfants parfait et même le chien qui défend ses maîtres de temps à autre. Mais ce n’était qu’un rêve, une pure production de mon imagination. J’avais la grande impression que notre vie en serait forte différente mais tout aussi parfaite. Parce que notre amour serait plus fort que tout.

J’étais perdu dans mes pensées, et ne disait absolument rien. Je ne m’en rendais même pas compte. Je nous trouvait désespérément calme, alors que d’habitude nous jouions comme des enfants. Est-ce que notre existence se résumerait à cela ? Au fond, j’espérais que non … Mais ce n’était que le début et peut-être que j’en demandais déjà trop.

Pour moi? Il voulait s'adapter à ce nouveau-lui, comme il disait pour moi? Non! Il devait le faire pour lui. Je comprends qu'il ferait n'importe quoi pour moi, parce que je pense exactement pareil, je décrocherai la lune pour lui si j'en avais la possibilité, mais il devait avant tout s'accepter pour lui-même. Mais de toute manière, je savais déjà à l'avance qu'il allait réussir à s'adapter. On ne peut pas vivre en se "detestant" toute sa vie. Il allait s'y habituer, et ça deviendrait quelque chose de normal, ça fera parti de lui et en aura plus aucune gêne.

Je n'avais pas non plus l'impression que nous allions trop vite. C'était juste, que, comme je l'avais prévenu, je ne savais pas comment fonctionnait la vie de couple. Mais je pense que les meilleurs amis qui décident d'essayer de "faire leur vie" ensemble, c'était différent. Car ils se connaissaient déjà par coeur avant de se mettre ensemble, et cela facilitait vachement la tâche. Du moins, à mon avis. Et c'était mon opinion pour notre situation. Pendant trois ans nous avions appris à nous connaître comme jamais personne aurait pu nous connaître, on savait tout l'un sur l'autre, et c'était déjà plus facile. Sauf que c'était un peu gênant, car ils s'étaient cotôyer pendant plusieurs années et du jour au lendemain ils étaient proche comme on ne pouvait pas plus.

─ Tu verras, on vivra bien tout les deux. Mieux que tous ces nouveaux couples car nous on a eu la chance de se connaître bien avant.
Mon côté amoureux aussi est immense. Même plus. Depuis le temps que je suis amoureuse de toi, Gabriel. Tous ces sentiments que j'accumulais tous les jours, je me demande bien comment j'ai fait pour ne pas céder et te l'avouer tout de suite. J'avais peur, sûrement, c'est tout.

Je souris, puis je posai ma tête sur son épaule. J'adorais quand il me passait la main dans les cheveux. Il était tellement doux et j'avais de la chance de l'avoir. Je me collai contre lui puis déposai un baiser dans son cou. Je me retirai alors doucement, et je plongeai mon regard dans le sien.

─ Tu veux faire quoi, aujourd'hui? La ville est assez grande, on est pas près de s'ennuyer. Je te suivrai où tu veux.

Mon sourire ne quittait pas mon visage. J'étais heureuse, et amoureuse. C'était le début du commencement, le début d'une vie toute nouvelle.

J’avais un peu de mal à envisager qu’elle avait peur de moi, ou plutôt de m’avouer ses sentiments. Quoi que je m’étais retrouvé dans la même position. Bref, nous ne devions plus penser à tous cela parce qu’aujourd’hui nous étions réuni. Et nous n’étions absolument pas près de se quitter. Il fallait juste que l’on profite du moment présent et de notre avenir aussi bien évidemment.

Qu’avais-je envie de faire ? C’était une bonne question à vrai dire, même si je ne doutais pas que le choix était immense, aussi impressionnant que cette ville d’ailleurs. Mais je ne connaissais absolument rien et puis tant que j’étais avec Vitoria, le lieu où nous étions m’importait peu. Je n’avais qu’une condition, être avec elle et pouvoir la serrer contre moi à chaque fois que l’envie m’en prenait. Rien de plus simple.

Et bien, à vrai dire, je ne connais pas grand-chose ici, donc je pense que tu devrais choisir toi. Tu n’as qu’à m’emmener là où tu passes le plus de temps, à ton endroit préféré. Je voudrais connaitre ta nouvelle vie. Je voudrais que tu me racontes un peu ce que tu fais de tes journées à Los Angeles. Je veux tout savoir de toi ! Enfin, tout ce que je ne connais pas encore. Tous ce qui s’est passé en une petite année quoi. Une année qui enfaite m’a semblé très longue.

J’arrivais à dire tout ce qui me traversait l’esprit avec elle. C’est aussi pour cette raison que je savais que c’était elle et personne d’autre ! Rapidement, nous nous habituerons à notre nouvelle relation, avec le temps nous deviendrons un couple comme un autre, avec nos hauts, et nos bas. Je nous imaginais mal nous disputer mais je savais pertinemment que ça arriverait un jour ou l’autre. Mais là ce n’était absolument pas le cas. Au contraire, j’avais l’impression de vivre un rêve éveillé. Plus que bien, j’attendais juste sa réponse, pour voir où elle m’emmènerait. Mais je réfléchissais aussi à des choses plus techniques que j’allais devoir faire assez rapidement, comme faire rapatrier mes affaires du Portugal, parce que mes vêtements tenaient dans mon petit sac à dos. Et aussi trouver un emploi rapidement, car même si je ne manquais pas d’argent, mon compte n’était pas un puits sans fin et je ne voulais jamais me trouver à court. Pour moi … Et pour elle…

Gabriel voulait connaître mon endroit préféré. Facile, nous y étions il y a quelques heures. Eh oui, le lac était mon endroit préféré car j'y trouvais le calme que je ne trouvais pas en pleine ville. J'aimais également cette endroit car il me rappellait Gabriel. Donc si nous y retournions, ce n'était rien de nouveau. Je passai donc cet endroit. Mais je ne savais pas non plus où aller. Il voulait tout connaître sur moi, du moins, ce que pendant un an il n'avait pu découvrir. Et j'allais tout lui raconter, bien que je pense que ça sera un peu difficile... En effet, durant ces un an, je n'avais pas eu la vie facile, c'était même la période la plus dure que j'eus à surpasser. Je lui raconterai absolument tout, en espérant qu'il ne me juge pas.

─ Mon endroit préféré? Eh bien tu le connais déjà. Le lac, nous y étions tout à l'heure donc je ne pense pas que tu aies envie d'y retourner? Je souris. Tout savoir? Bien sûr, mais ce sera long tu sais? Oh et puis! on a tout le temps qu'il faut!

Je tournai les yeux puis je vis le sac à dos de Gabriel. Il n'avait pas l'air d'avoir grand chose à l'intérieur. Une petite idée me vint alors à l'esprit.

─ Tu veux pas aller faire un peu de shopping? Non, ne t'en fais pas je ne t'emmenerai pas dans les boutiques de sous-vêtements, c'est pour toi que j'ai dit ça. Tu as besoin de quoi t'habiller le temps que tout te parvienne de Lisbonne. Puis en même temps, on pourra parler et je te raconterai tout ce qui s'est passé dans ma vie. Et t'en feras de même?

Je ne savais pas s'il aimait cette idée. Mais je devais bien proposer quelque chose, je ne pouvais rester sans réponse, puis en plus, ça nous permetterait de prendre l'air et de changer d'atmosphère. Je trouvais que pour l'instant, c'était assez "tendu" dans ce salon et nous n'arrions pas à nous faire à la situation. Nous pourrions alors nous changer les idées, de cette façon.

Je ne savais pas que le lac était son endroit préféré et pourtant, je n’en étais pas étonné. Nous passions beaucoup de temps au bord de l’eau à Lisbonne et cela devait lui rappeler des souvenirs. Pour ma part, j’y retournais tout le temps. Le même lac, les mêmes arbres, le même petit sentier et le même petit coin d’herbe ou nous nous asseyons tranquillement pour partager des conversations interminables. Sauf qu’elle n’était plus là et qu’elle me manquait encore plus à chaque fois que je m’y rendais.

J’eu soudainement la grande impression que Vitoria lisait dans mes pensées. Elle me proposa d’aller faire du shopping, elle savait que j’en avais besoin parce que mes affaires ne seraient pas rapatriées de sitôt, il fallait du temps pour cela. D’abord ma maman allait les préparer, puis il y avait le délai de l’aéroport, le voyage et seulement après tout ça je pourrais les récupérer. Alors oui, faire les magasins me convenait parfaitement. C’était joindre l’agréable à l’utile. Que demander de mieux ? Et en plus, la jeune femme serait là pour me conseiller sur les achats que j’allais faire. Elle pourrait me regarder quand je sortirais de la cabine d’essayage pour me donner son avis. Il était tellement important pour moi.

C’est parfait ! Et tu me laisses t’inviter à dîner en ville après. J’ai vraiment besoin de vêtements, tu as dû le remarquer. Enfaite, je suis un petit peu parti dans la précipitation. Ça c’est fait comme ça, j’ai vu qu’il y avait un vol et des places encore libres alors j’ai sauté sur l’occasion. Et je ne regrette absolument rien ! Appart peut-être mes affaires, mais elles ne tarderont pas à arriver. En attendant, allons faire ces achats !

Mon enthousiasme était perceptible dans ma voix. J’avais vraiment envie de passer du moment avec elle et c’était justement ce que nous allions faire. Je n’avais volontairement pas répondu à sa remarques sur les boutiques de sous-vêtements parce que je me sentais encore un peu gêné avec cela. Probablement que dans le futur, je l’y accompagnerais, je l’aiderais à choisir, parce qu’il serait tout aussi important pour elle que pour moi. Mais là, je ne voulais pas penser au moment où pour la première fois je poserai mes mains plus intensément sur son corps pour la déshabiller et découvrir ce qu’elle portait en dessous de sa tenue. Il était trop tôt et ces pensées ne m’étaient pas permises.

La tirant par la main que je ne lâchais pas, je me rendis dans le hall ou j’enfilai rapidement ma veste. Ensuite, nous sortîmes tous les deux de la maison .

Finalement, mon idée semblait convenir à Gabriel. Parfait! Nous y passerons du bon temps. Je trouvais adorable le fait qu'il soit un peu parti dans la précipitation, comme il disait. Je m'en sentais un peu honorée. C'était comme s'il avait vraiment eu envie de me retrouver et que donc il en oubliait presque de prendre des affaires. Mais peut-être que je me faisais seulement des idées. Après les magasins, il voulait également m'inviter à dîner. Je ne saurais refuser! J'avais l'impression que nous allions passer une très bonne journée.

Sans me lâcher de la main, nous nous sommes rendus dans le hall où nous avons mis tous les deux notre veste. Je passai de vitesse me mettre un petit coup de brosse dans les cheveux. J'avais une image à garder et je ne voulais pas "la salir". J'étais comme ça, et je m'y tenais.
J'ai à nouveau attrapé sa main puis nous sommes sortis. Je ne savais pas s'il voulait prendre la voiture ou s'il préférait marcher. À vrai dire, la ville n'était pas si loin de mon chez-moi, alors je ne pensais pas qu'il était utile d'emprunter la voiture. J'avais également dans l'idées de l'amener à quelques endroits qui avaient marqué mon année, seule, ici à Los Angeles, histoire qu'il puisse vraiment imaginer comment j'ai pu vivre.

Je ne lui ai pas demandé, puis j'ai continué à marcher. Après quelques minutes de marche, nous arrivions à l'entrée du centre-ville.

─ Nous y sommes! J'ai de la chance d'habiter assez près d'ici.

J'étais assez contente de venir ici avec lui. J'adorais jouer "la styliste" et donner mon avis à propos de vêtements. J'aimais la mode. Je collectionnais les chaussures et les sacs à main. À Lisbonne, j'avais des placards énormes, et des garde-robes remplis. Nous avons continué à marcher, et j'ai alors emprunté un chemin presque desert. C'était le bout de ce chemin que je voulais lui montrer. Seulement, j'avais peur de sa réaction. Il devait certainement se demander pourquoi je l'avais amené dans cette petite ruelle un peu sombre, et légèrement à l'écart de tous les magasins.

─ Tu voulais savoir ce qu'il y avait eu de nouveau dans ma vie pendant 1 an... Eh bien, c'est à cet endroit que se passait certainement l'une des choses les plus marquante de toute mon existence. Une chose que jamais je n'aurais penser faire...

J'ai laissé un moment de pause pour savoir s'il allait deviner. Mais rien.

─ Alors voilà... Je... je me suis stoppée net et je lui ai posé une question.Ah non. D'abord, promais-moi que tu ne me jugeras pour rien au monde?... C'est pas facile pour moi d'en parler, mais j'ai besoin de te dire toute la vérité, et absolument tout...

Je me trouvais dans le hall, accompagné de Vitoria et j’enfilais ma veste quand je l’aperçu s’enfuir. Je ne savais absolument pas ou elle filait comme ça, mais je le compris immédiatement en la voyant revenir. Ses cheveux étaient un rien mieux coiffé qu’auparavant, signe qu’elle venait de les refaire. C’était bien une femme ! J’adorais ce côté de sa personnalité. Elle faisait toujours très attention à elle et savait prendre soin de son corps. L’image qu’elle dégageait en était d’ailleurs la preuve parfaite. Je la regardais revenir, de toute manière je la trouvais magnifique dans n’importe quelle circonstance. Elle n’avait absolument pas besoin de se recoiffer pour me plaire.

Sa main ayant repris sa place dans la mienne, nous marchions vers le centre-ville. Du moins c’est ce que je supposais ne connaissant pas les rues de Los Angeles. Très rapidement, les hauts buildings apparaissèrent à mes yeux, signe que nous étions arrivés, à peine quelques minutes plus tard. J’étais d’accord avec elle sur le fait qu’elle n’habitait pas loin de la ville, ce qui était une assez bonne chose. Soudain, je la suivi dans une petite rue assez sombre et humide, elle ressemblait étrangement à une ruelle. Une ruelle dans laquelle nous n’avions rien à faire. Je me demandais bien pourquoi est-ce qu’elle m’emmenait par ici. Peut-être connaissait-elle un raccourci jusqu’au magasin ? En tout cas, c’était bien lugubre ici et j’étais bien content d’être avec ma petite amie, je n’aurais en aucun cas souhaité qu’elle se retrouve seule ici. Je trouvais cela bien trop dangereux. C’est alors qu’elle s’arrêta et que resserrant ma main autour de la sienne, je me mis à la fixer d’un air interrogateur.

A ses mots, les doutes montèrent à mon esprit, mais aussi l’incompréhension et la peur. Je ne savais pas trop de quoi elle parlait mais elle avait vraiment l’air de ne pas en être fière. De plus dans cette ruelle ? Alors quoi drogue ? Alcool ? Sexe ? Les trois ? Ma respiration s’accélérait et je ne savais même pas si j’avais envie de savoir ou pas. Mais si elle ne me le disait pas je me poserais la question constamment. Il était donc préférable qu’elle me raconte. En plus, comme je l’avais dit plus tôt dans la journée je voulais tout savoir de sa vie durant cette dernière année, même si la vérité risquait de me choquer quelque peu. Je la connaissais trop bien, je savais qu’elle ne serait pas capable de telles choses, mais quiconque venait de perdre ses parents le serait et justement, c’était son cas …

Pourquoi aurais-je besoin de te juger ? Mon jugement à ton propos et tout à fait définis dans ma tête et rien au monde ne sera capable de le changer. Et puis ne t’en fais pas on fait tous des erreurs et avec ce que tu as vécu, je peux comprendre. Tu me fais confiance non ? Tu sais bien que tu peux tout me dire, comme autrefois. Ça n’a pas changé. Je suis toujours pareil, même si notre relation à changer et si je me redécouvre, les parties de moi que tu connais sont identiques. Je veux que tu me racontes …

Ma main glissa lentement sur sa joue pour la rassurer et mes yeux étaient plongés dans les siens. Je n’attendais qu’une chose, qu’elle se confie à moi comme elle le faisait avant. Mais je voyais bien que c’était difficile pour elle et qu’elle osait à peine me regarder. Était-ce si grave que ça ?

Allé mon cœur, dis moi …

Le soleil ensoleillait la ville mais pourtant, j'étais là, debout dans cette ruelle si sombre et vide. J'étais décidée et prête à tout lui avouer. Sauf que j'avais peur de son jugement, c'était dur pour moi de le lui dire en me disant qu'il n'allait pas me juger. C'était certain que ça allait se produire, c'est pour cela que je lui demandais aussitôt de me promettre qu'il ne le fera pas. Et il me le promis. J'étais à présent assez confiante car je savais qu'il tenait toujours ses paroles, mais une partie de moi me disait qu'on ne pouvait pas empêcher ce genre de chose.

Ses yeux transpercèrent les miens. Je pouvais voir qu'il se posait des tas de questions dans sa tête, et moi, comme une idiote, je faisais durer le suspense. Je baissai la tête. Je ne pouvais pas le regarder et lui parler en même temps. J'avais honte. Honte de moi et de ce que j'avais fait.

─ Alors... Il y a un an, je suis partie de Lisbonne pour venir ici à Los Angeles. Quelques jours après que je sois arrivée ici, mes parents ont percuté un camion et ils sont décédés. Il était bien trop tard pour appeler les urgences. Ce que tu ne sais pas c'est que moi aussi j'étais dans la voiture... Mais j'ai survécu. Mais j'ai tout vu, absolument tout... Le sang sur les vitres de la voiture... Je laissais échapper des larmes. La mort de mes parents était un sujet à éviter à tout prix mais je devais lui expliquer pour qu'il comprenne. J'étais donc à l'hôpital pendant quelques jours puis j'ai pu sortir. J'étais complètement déséspérée. Je t'avais perdu toi et maintenant voilà que je venais de perdre mes parents. Je me sentais seule, désemparée. J'ai pensé au suicide, Gabriel... Alors que tu sais très bien à quel point je suis optimiste d'habitude... J'y ai réfléchis, j'ai même essayé... C'était horrible... Puis un jour, je ne sais comment j'ai débarqué ici. Et là se trouvait un garçon d'environ 16 ans. C'était un dealer... Il revendait de la drogue... Ma situation m'a poussé à me droguer... Pendant plusieurs fois j'allais chez lui, j'achetais beaucoup de ce qu'il avait... Il m'a même dit que j'étais sa "cliente préférée"... J'ai dépensé tellement de mon argent chez lui... Tous les soirs, je me shootais, je prenais de l'héroïne... Tous les soirs, j'étais chez moi, dans mon salon, et je piquais du nez, je planais. Seuls les 4 murs de mon salon connaissent le cauchemard par lequel je suis passée... J'ai cru que j'allais en mourir. J'étais droguée, accro à toute cette merde qui me pourrissait la vie, et j'aimais ça. J'étais mal, mais j'étais bien en même temps. Je me retins de pleurer, mais j'allais craquer, je le sentais.

Je me sentais tellement honteuse que j'aurais pu aller me cacher. Mais je restais là devant lui, la tête baissée, et j'attendais sa réaction, en espérant qu'il ne m'en veuille pas...

Nous étions là, dans cette ruelle étroite, sombre et humide et je ne savais pas encore pourquoi. Je fixais Vitoria qui avait l’air de plus en plus mal à l’idée de ce qu’elle allait m’avouer et à vrai dire ca m’angoissait aussi. Apparemment, ça avait vraiment l’air très grave. Elle baissa les yeux et je ne tentais pas de lui remonter le visage vers le miens pour qu’elle me regarde, je savais qu’elle aurait plus facile si elle ne me regardait pas. La jeune femme commença à parler et chaque mot qu’elle prononçait me détruisait un peu plus. Je ne voulais pas entendre cela, je ne pouvais pas accepter qu’elle ait tant souffert. Et je ne comprenais pas trop pourquoi elle ne m’avait pas appelé. Sachant tout ça je serai venu directement près d’elle. Mais elle ne m’avait rien dit, jusqu’à aujourd’hui … Les larmes coulaient sur ses joues et je sentais une boule se former peu à peu dans ma gorge. Ça me faisait du mal, j’imaginais ce qu’elle me racontait et j’essayais de me rendre compte de ce qu’elle avait vécu. J’avais envie de la serrer dans mes bras pour la consoler mais elle continua à parler et je décidai de l’écouter.

Quand j’entendis le mot « suicide » sortir de sa bouche, je faillis m’effondrer, il était impossible pour moi d’envisager qu’elle ait à un moment donné, mourir. Je ne voulais pas le croire, comment aurait-elle pu faire ça, elle qui voyait toujours la vie du bon côté ? On avait été séparé un an et l’année en question avait été horrible pour elle. Je me jurais d’être là pour elle à partir de maintenant et pour toujours. Je comprenais mieux l’importance que je prenais dans sa vie à partir d’aujourd’hui. Elle avait besoin de moi, c’était certain, déjà rien que pour se confier. Elle était bien consciente qu’elle pouvait absolument tout lui dire, qu’il pouvait tout entendre même si à vrai dire il avait du mal à encaisser ce qu’elle lui avouait.
Je n’arrivais pas à imaginer la Vitoria que je connaissais seule dans son salon en train de se droguer, et tout bien réfléchit, je n’avais pas envie de l’imaginer. Pour ma part, je n’avais jamais touché à ça et je savais qu’elle non plus, du moins avant son départ. Mais apparemment, beaucoup de chose avaient changés. Et j’allais devoir m’y adapter. Cependant, j’allais être là pour elle maintenant et j’allais m’assurer qu’elle reprenne une vie tout à fait normale et saine.

Je me suis rapproché d’elle pour la serrer enfin dans mes bras sans la regarder et sans même prononcer un mot. Nous sommes restés dans cette position pendant de longues minutes, alors qu’elle sanglotait contre mon torse. Je déglutis péniblement avant de la faire se reculer un petit peu pour pouvoir plonger mon regard dans le sien, larmoyant. Je serais chacune de ses mains dans la mienne pour qu’elle sache qu’elle pouvait compter sur moi et que ce n’était pas parce qu’elle venait de m’avouer une partie noire de sa vie que mes sentiments pour elles allaient changer.

Regardes moi, écoutes moi … C’est horrible tout ce que tu me racontes, j’ai du mal à y croire mais je comprends. J’imagine bien ce que tu as pu ressentir. Du jour au lendemain tu t’es retrouvé seule. Pourquoi tu ne m’as pas appelé ? Je serais directement venu ici, près de toi … Je m’en veux d’avoir été si loin, j’ai l’impression que j’ai une part de responsabilité dans ce qu’il t’est arrivé. J’aurais dû être là … Mais aujourd’hui tout est fini d’accord ? On va reprendre notre vie ensemble et tout cela ne seras plus qu’une mauvaise partie de ta vie. La pire année que tu vas vivre j’en suis certaine, parce qu’à partir d’aujourd’hui on sera toujours heureux. Allé mon cœur, c’est finis maintenant.

Je disais ca, mais je savais pertinemment qu’elle n’oublierait jamais, et moi non plus d’ailleurs …

C'était tellement dur pour moi. J'avais passé la pire année de toute mon existence. La pire. Et je pense qu'elle allait me hanter toute ma vie. Toute ma vie j'aurais les sequelles de ce que j'avais osé faire. Et maintenant, je savais que Gabriel était aussi au courant. Et quelque chose m'était venu en tête, j'avais peur d'en souffrir. J'avais peur que, plus tard, il me le reproche. J'avais peur qu'un jour nous nous disputerons et qu'il me balancera ça à la face. Mais j'en doutais. Je ne pense pas qu'il pourrait faire ça. Gabriel n'aimait pas me voir souffrir, il me l'avait déjà dit et il me l'avait même prouvé. Mais qui sait? Peut-être que dans les années futures, il changerait. Peut-être que ses sentiments à mon égard changeraient et que donc, de me faire souffrir, il n'en aurait plus rien à faire. J'essayais de ne pas y penser, de ne pas penser aux conséquences que ça pourrait avoir plus tard maintenant qu'il connaissait la vérité, en espérant qu'il ne le retourne pas contre moi.

Je pouvais lire en lui beaucoup de choses, mais rien en même temps. Je ne savais pas comment qu'il se sentait à propos de ce que je venais de lui dire. Il n'avait rien dit, rien n'exprimer. Mais je savais que je venais de le choquer. Je savais qu'il n'aurait jamais pensé que moi, Vitória, une jeune femme optimiste et toujours souriante, avait pu tombé aussi bas. Mais rien ne change le destin. Moi j'y croyais au destin, et même si je n'aurais jamais imaginé tout ça, je me suis simplement dit que ça aurait dû arriver.
Maintenant, ça n'avait plus aucune importance, car je m'en étais sortie. Et très rapidement, d'ailleurs. En quelques fois, je n'étais plus dépendante à toute cette drogue. Nate Dobreva, mon ancien dealer et maintenant mon plus proche ami après Gabriel avait arrêté de m'en vendre. Et c'était tant mieux pour moi. Je crois que s'il aurait continué à m'en vendre, et que Gabriel ne serait pas intervenu dans ma vie, je continuerais à me défoncer chaque jour, et je serai tombé bien loin sous terre, tellement bas que jamais je ne m'en serais sortie.

Gabriel s'est approché de moi, et m'a serré dans les bras, sans dire quoique ce soit. Je suis longtemps resté blottie contre lui. Je savais à présent qu'il ne me rejeterait pas. Que malgré tout, ses sentiments n'avaient pas changé et qu'il m'aimait toujours comme avant. Ca me rassurait. Je n'arrêtais pas de sangloter. J'étais devenue tellement sensible... Je n'arrivais même pas encore y croire. Avant, jamais je me serais permise de pleurer devant qui que ce soit. Ma chambre était la seule à m'avoir vu pleurer jusqu'à ce que je perde Gabriel. Je me repris doucement, puis je l'ai regardé et j'ai écouté ce qu'il avait à me dire.

─ Je suis sincèrement désolée... Je m'en veux d'avoir fait tout ça, mais je ne veux pas que tu t'en sentes coupable! Ce n'est ni toi, ni moi... Non, ce n'était pas moi, mais une Vitória que je ne connaissais pas et que je ne veux en aucun cas apprendre à connaître. Je la deteste, cette Vit' là. Je ne peux pas la voir, elle m'insupporte.
Je ne t'ai pas appelé parce que ça m'aurait fait encore plus de mal. D'entendre ta voix, mais de ne pas te voir, de vivre avec ton absence. Je voulais tirer un trait sur le passé, et essayé de t'oublier. Je sais, c'est horrible mais rien que le fait de penser à toi et à la distance que le temps avait mis entre nous me faisait souffrir. Je savais que si je t'appelais, tu ne pourrais pas être près de moi malgré tout, donc je n'en voyais pas l'utilité sauf peut-être me faire mourir de l'intérieur...

Je passai ma main derrière son cou et je ne lachais pas des yeux. J'avais fait un erreur, j'aurai dû l'appeler, finalement...

Jamais je n’utiliserais ce que je venais d’apprendre contre ma petite amie. Même si dans le futur nous étions amenés à nous séparer, ce que je n’espérais absolument pas. Je suis quelqu’un de rancunier, c’est une évidence, mais je ne suis pas méchant et encore moins faux. J’étais au contraire heureux qu’elle se soit confiée à moi, ça prouvait qu’elle me faisait confiance. Et elle savait que je n’irais pas chanter ça sur tous les toits, j’allais garder tout ça pour moi et l’aider à surmonter au mieux l’année qu’elle venait de passer pour penser à autre chose, au futur, à son avenir et peut-être bien au notre par la même occasion.
Je savais que de toute manière, si j’avais débarqué aujourd’hui et que je l’avais trouvé complètement défoncée et déprimée je ne l’aurais pas abandonné pour autant. Au contraire, je l’aurais aidé du mieux que je le pouvais même si je me serais senti plus que blessé. Mais par chance, ce n’était pas le cas. Je n’avais pas retrouvé la Vit’ que je connaissais c’était certain, elle était plus sensible, plus fragile mais je l’aimais quand même. Et ça n’était pas près de changer.

Aujourd’hui tu es toi et toute cette histoire n’est que du passé, elle fait partie de ta vie mais nous devrions plutôt nous concentrer sur le futur toi et moi et tu verras je peux te garantir qu’il sera merveilleux …

Mes paroles pouvaient faire rêver, je tentais de la réconforter comme je le pouvais même si je savais que ça ne suffirait pas. Seul le temps réussirait à lui faire oublier quelque peu cette année malheureuse qu’elle venait de vivre. Et je serai là pour aider le temps à faire mieux les choses. Mes yeux étaient plongés dans les siens et je l’observais avec beaucoup d’attention, nous étions toujours dans cette ruelle macabre et ça ne faisait que lui rappeler de mauvais souvenir, il fallait que la sorte de là.

Aller princesse !

Passant une de mes mains dans son dos, l’autre dans le creux de ses jambes, je la soulevai du sol et la portai loin d’ici. Je ne pouvais plus la voir dans cet état, c’était bien trop dur pour moi. Je marchais d’un pas normal, de toute manière, elle était loin d’être lourde. Une fois que j’eus regagné la rue principale, celle où nous marchions avant qu’elle m’emmène ici, j’ai déposé un baiser sur ses lèvres, et je l’ai reposé par terre.

Et si nous reprenions notre programme initial ?