Je voulais à présent me changer les idées, je ne voulais pas rester dans cet endroit encore plus longtemps, il me rappelait bien trop de mauvais souvenirs, et je voulais enterrer tout cela à présent. La dernière fois que je mettrais les pieds ici, c'était aujourd'hui. J'y tenais à le ramener ici, mais seulement lui et personne d'autre. Il était aujourd'hui le seul à connaître cette partie de mon existence. Nous partagions à nous deux un secret qui était très dur à porter pour moi. En aucun cas je voulais qu'il se sache par qui que ce soit d'autre. C'était lui, moi et les murs de mon salon, c'est tout. Je m'étais laissée glisser contre le mur et je m'étais assise sur le sol un instant. J'y avais trop repensé et mon coeur s'était recommencé à battre la chamade, et mes jambes s'étaient mises à trembler, je ne tenais presque debout donc je m'étais assise pour légèrement me calmer.
J'adorais ce que Gabriel me disait. Il trouvait vraiment les mots pour parler aux femmes. Pour me parler à moi, surtout. Il se pencha et me pris dans ses bras. Je savais qu'il voulait me sortir de cette ruelle. Il me souleva délicatement et me sortit d'ici. Je voulais maintenant penser à autre chose.

─ Je suis O.K pour reprendre le programme initial. Alors, alors, tu as un magasin de préférence?

J'affichais un sourire forcé qui allait certainement se transformer en joli sourire naturel d'ici peu. Gabriel, ce n'était que du bonheur. Impossible de ne pas être souriante quand j'étais avec lui, donc je ne m'inquiétais pas pour le reste de la journée. D'ailleurs, j'étais soulagée car je n'avais plus ce lourd poid sur mes épaules, je n'avais plus rien à lui cacher, tout était fait, tout était dit.

Je voyais que Vitoria avait vraiment du mal avec tout ce qu’elle venait de me raconter. Ça avait été une grande épreuve pour elle de repenser à tout cela mais elle l’avait fait, pour moi. Pourtant, elle aurait pu choisir la facilité et garder son secret pour elle, peu de gens devaient être au courant et donc j’avais peu de chance de l’apprendre. Mais elle m’avait tout dit, comme autrefois. Ça me soulageais parce que même si elle était passée du statut de meilleure amie à celui de petite amie, elle conservait le fait qu’elle pouvait tout me confier et que j’étais prêt à tout entendre. Et évidemment c’était la même chose dans le sens contraire.

La demoiselle avait toujours été quelqu’un de courageux qui affrontait ses problèmes en face et je la croyais vraiment quand elle disait qu’aujourd’hui elle en avait fini avec la drogue. De toute manière, je m’en rendrais bien vite compte si ce n’était pas le cas, car nous étions bien partit pour passer le plus clair de notre temps ensemble. Mais j’en étais persuadé, je ne découvrirais rien.

Je l’ai porté jusqu’à la rue principal et l’ai reposé sur le sol alors qu’elle tremblait encore légèrement. J’étais bien décidé à lui changer les idées et à ne plus revenir sur ce sujet, du moins pas aujourd’hui. Il allait revenir sur le tapis un jour ou l’autre, c’était inévitable, mais pour le moment je voulais l’évincer de nos mémoires pour que l’on puisse passer du bon temps ensemble.

Et bien non, je suppose que ce ne sont pas tout à fait les mêmes qu’à Lisbonne et j’ai une petite envie de découverte. Alors je vais te suivre, après tout, c’est toi la styliste aujourd’hui et je te fais entièrement confiance.

Je savais de toute manière, que nous avions en général les mêmes gouts en matière de vêtement. C’était d’ailleurs pour cette raison que je la trouvais toujours parfaite. Elle choisissait les tenues qui la mettait le plus en valeurs, les tons qui faisait ressortir son teint de peau ou ses cheveux blonds. De toute manière je la trouvais sublime en toute circonstance. Et je savais de quoi je parlais après les quatre cent coups que l’on a déjà faits ensemble. Passant une main autour de ses épaules pour la serrer unpeu plus contre moi, nous reprîmes notre marche et je ne faisais que la suivre. Elle savait ou nous nous rendions et c’était bien suffisant.

J'ai alors demandé à Gabriel s'il avait une préférence de magasin. C'est vrai que ce n'était pas les mêmes ici qu'à Lisbonne, mais on pouvait y trouver les mêmes styles. Je ne savais pas si Gabriel avait d'ailleurs changé de style durant cette année, s'il avait décidé de s'habiller autrement ou quoique ce soit... Mais apparemment, d'après ce que je voyais, il s'habillait toujours de la même façon, et j'adorais. De toute façon, tout lui allait à merveille : que ce soit des chemises ou des pulls polaires, des joggings ou des jeans, je le trouvais parfait. Il avait une manière personnelle de porter ses vêtements et cela m'attirait beaucoup.

Je lui souris, puis je lui pris la main pour me diriger vers un magasin. J'étais peut-être une grande idôlatrice de la mode, mais je ne connaissais aucunement les noms des magasins. Je n'étais pas difficile pour choisir mes habits : je rentrais dans un magasin et j'achetais tout ce que je trouvais beau et qui m'allait. Je ne regardais jamais la marque ou autre chose. J'étais plus ou moins naturelle. Je me suis dirigée avec lui dans un rayon de jeans. Il y en avait des très jolis.

─ Avant de te conseiller quoi que ce soit, j'aimerais que tu me dises lesquels de ceux-là te plaisent le plus?

Je me renseignais comme une styliste pourrait le faire. J'adorais ça! Et je voulais même en faire mon métier plus tard. Tout ces vêtements, ces chaussures, ces sacs... J'en raffolais!
Je continuais de regarder les jeans qui se trouvaient devant nous. Je les aimais tous autant l'un que l'autre. Il y en avait des délavés, des troués, mais ceux que je préférais le moins étaient les plus simples et unicolores... Je les trouvais un peu plus démodés. Après, ce n'était qu'une affaire de goûts. Nous continuâmes d'inspecter les pantalons et j'attendais toujours sa réponse.

Je n’étais pas bien difficile question vêtement et j’avais entière confiance en la jeune femme. Surtout qu’elle me connaissait bien, et que je n’avais pas changé de style vestimentaire. Je choisissais toujours mes tenues en fonction de ce que j’allais faire. Je pouvais par exemple porter un jogging pour aller courir, un bermuda pour marcher sur la plage, un jeans pour aller travailler ou pour aller en ville et un costume pour les grandes occasions. De toute façon, J’avais un physique quelque peu banal. Grand et musclé sans l’être trop, je trouvais toujours des vêtements à mon goût.

Je répondis au sourire de ma petite amie par un sourire également et serrant sa main dans la mienne je la suivis jusque dans le magasin qu’elle avait choisi. Elle m’emmena directement dans le rayon des jeans et j’approuvais absolument son choix. C’était évidemment ce que je portais le plus en pantalon et j’en avais bien besoin possédant seulement ici celui que je portais actuellement. J’écoutais parfaitement ce qu’elle me disait, elle était devenue ma styliste personnelle pour l’après midi et j’adorais ça. Mon regard se perdit parmi les tissus bleus pour faire mon choix et pouvoir répondre à sa question.

Il y en avait de toute sorte, des plus simples que je destinais aux personnes plus âgées et plus matures que moi et des plus à la mode d’aujourd’hui pour les plus jeunes. J’en choisis deux parmi ceux-ci que je pris du rayon pour lui tendre et attendre son avis. Je savais qu’elle allait approuver mon choix mais il fallait que je lui pose la question.

Alors ?

Lui dis-je en en plaçant un devant moi. J’attendais qu’elle me réponde pour m’avancer un peu plus dans le magasin afin de trouver des hauts. Une fois que nous aurions tout ce que nous voulions en main, j’irai essayer dans la cabine. Il s’agissait là du moment que j’appréciais le moins d’ailleurs.