Je suis assise sur cette chaise comme presque tous les jours depuis bientôt quatre mois. Avec l’aide de collègues, j’ai réussis à venir à l’hôpital avec Matthew pour voir Sky et lui tenir compagnie en espérant chaque minutes un peu plus, qu’il ouvre les yeux. Près du lit, je parle de ce qu’il s’est passé ces derniers jours, je lui raconte des choses que je ne lui avais pas dites et je garde Matthew sur mes genoux. Je tiens les mains de mon fils et finit par me taire, je ne sais plus quoi dire, enfin si… Mais j’aimerais lui en parler quand il sera réveillé. J’aimerais lui parler des exploits de son fils, des efforts qu’il a réussi à faire ce matin. Je pose Matthew à terre et lui donne ses jouets et je lui prends la main de Sky.

-Tu sais ce que Matthew a fait ce matin ? Je ricane doucement. Non, tu ne sais pas… Hm… Il a réussi à tenir debout. J’étais assise sur le canapé avec lui assis en tailleur par terre et il a voulu que je le prenne dans les bras. Je l’ai levé pour mieux le prendre et.. Il s’est tourné pour poser ses deux petites mains sur la table basse puis il est resté comme ça. Quand je l’ai lâché, il s’est mis à gesticuler le bas du dos comme s’il dansait sur la musique de la publicité qui passait et il souriait.

Je finis par chuchoter « Tu aurais été fier de lui » même si je sais qu’il l’a toujours été. Depuis que j’ai accouché il était sans arrêt à ses côtés, heureux de le voir sourire ou gesticuler, heureux de lui donner le bain et de le changer… Je soupire et je porte mon regard sur Matthew qui a bien grandit en si peu de temps. Il commence presque à parler, il prononce des syllabes et j’essaye de lui faire dire « Maman » mais ce n’est pas encore ça. Je toussote et je me lève pour me dégourdir les jambes. Je me dirige vers la fenêtre et l’ouvre pour laisser l’air passer. Il fait chaud, le soleil est au rendez-vous et c’est idéal pour aérer la chambre. Je me dirige vers le lit de mon Amour et ajuste la couverture, je passe une main dans ses cheveux (il ferait d’ailleurs une crise cardiaque en voyant l’état dans lequel ils sont) et j’embrasse son front, avant de poser le mien contre celui-ci.

Je tourne la tête vers Matthew qui s’amuse à mordiller une voiture en plastique. Depuis qu’il a des dents, il adore mâchouiller. En me voyant, il se met à marcher à quatre pattes pour me demander de le prendre dans les bras, je le fais patienter quelque secondes et je ris. Je finis par craquer puis le prend sur mes genoux. Il insiste pour aller vers Sky, son père pour lui faire un bisou. Une vraie machine à bisous.

La bagarre me revient en mémoire, Sky et moi étions assis dans le canapé après une journée entière de travail loin de l’autre et nous regardions la télévision. Il me tenait dans ses bras et on rigolait tous les deux. Il a du se lever car quelqu’un avait frappé à la porte, nous avons tous les deux pensé que c’était le livreur qui nous apportait les repas que nous avions commandé mais en ouvrant, il a eu la désagréable surprise de tomber sur Aleksander qui a commencé à le frapper. Et ça a dégénéré. J’ai essayé de les arrêter mais j’ai finis par voir Sky tomber puis ne plus réagir. J’ai pensé qu’il était mort. J’ai cru que mon cœur allait arrêter mais j’ai vu Alek continuer de le frapper. Je l’ai arrêté en lui sautant sur le dos et une fois qu’il l’a lâché, je me suis diriger vers le corps inerte de mon petit-ami. Il respirait, j’étais soulagée mais il ne se réveillait pas, et le lendemain j’ai appris qu’il était dans le coma. Plus les jours passaient et plus les médecins devenaient pessimistes. Foutus médecins, mais je n’ai jamais voulu qu’ils arrêtent les soins. J’ai toujours su qu’il se réveillerait.

Aujourd’hui, j’étais venue sans me douter une seule seconde qu’il se réveillerait, mais j’espérais. Je suis venue avec Matthew parce que je ne voulais pas le laisser chez la nounou, pas aujourd’hui. Aujourd’hui, c’était journée avec parents et personne d’autre même si mon « mari » pensait qu’il était le père de Matthew pour plusieurs raisons. Je lui ai toujours tenu tête, quitte à me prendre des gifles. Je ne lui ai jamais accordé la joie de confirmer ce mensonge ; il n’est pas son père et il ne le sera jamais. Je reste aux côtés de Skylar jusqu’à me lever pour finalement m’assoir à ses côtés et aider Matthew à l’embrasser. Je vois une larme couler le long de sa joue, je retiens ma respiration et j’arrête de bouger. Je le vois essayer d’ouvrir les yeux et je sens mon cœur s’accélérer puis finalement, il finit par parler. Je respire à nouveau et les larmes qui s’accumulent se mettent à glisser le long de mes joues.

Il ouvre ses yeux et bouge son bras pour toucher Matthew. Je souris, puis je ris. C’est un rire nerveux mais heureux qui sort de ma bouche et tout en faisant attention à Matthy je me penche pour embrasser Sky et lui caresser la joue.

«- Merci mon dieu, merci, merci, merci » Dis-je entre chaque baiser et je relève la tête pour le regarder « Tu es réveillé…»

Puis en posant mon regard sur Matthy, j’aperçois la bouteille « Tu as soif ? Tu veux de l’eau ? Oh, je dois prévenir l’infirmière ! »

Aussitôt dit, aussitôt fait et quelques instants après avoir appuyée sur le bouton elle arrive. Je continue de sourire jusqu’à l’arrivée du médecin et il teste ses réactions, il vérifie que tout aille bien et il repart en disant que tout est bon. Je retourne près de Sky et je prends sa main

« Tu m’as tellement manqué, tu… » Je suis à court de mot alors je me contente de passer ma main sur son visage.

Oui… Il est là, à nouveau parmi nous. Il est éveillé et Dieu merci il n’y a aucun problème. Je n’y peux rien, les larmes ne veulent pas s’arrêter de couler, je n’arrive pas à les retenir. Ces larmes de joie attendent depuis tellement longtemps d’être libérées qu’elles sont incontrôlables. Les infirmières font leur travail, elles vérifient que tout va bien, qu’il a des réflexes tandis que je reste éloignée avec Matthy dans mes bras pour ne pas les gêner dans leur activité, connaissant leur amabilité hors norme. Je ne quitte pas le regard de Sky, et grimace quand elles le relèvent, elles ne sont pas tendres et ça m’irrite. Heureusement, elles sortent rapidement et je peux ainsi reprendre place à ses côtés. J’assois le petit a côté de moi et garde une main dans son dos pour éviter qu’il parte à la rencontre de sensations en passant par-dessus la petite barrière de sécurité. Je connais mon fils, un casse-cou de première qui n’a pas peur de se cogner ou de tomber pour aller rejoindre ses jouets et ses biscuits. J’essuie mes joues et mes lèvres s’étirent en un grand sourire alors que je secoue la tête.

« Arrête, il y avait ton groupe qui croyait en toi aussi. Tu les aurais vus, la première fois que les médecins ont parlés de te débrancher… Ils étaient fous. Ils les ont insultés de tous les noms. Il était hors de question de te débrancher, je savais que tu allais revenir. »

Même s’il ressemble à un mort vivant. Mon mort vivant à moi. Je dégage la couverture et lui découvre le corps petit à petit, n’osant pas les gestes directs et je lui sers un gobelet d’eau en riant doucement

« Et bien… Tu as eu des jours meilleurs. » Dis-je en l’aidant à boire.

Je l’aide à tenir le gobelet et à le porter à sa bouche puis une fois qu’il eût finit de boire, je laisse Matthew bouger pour poser ses mains sur son torse et faire un grand sourire à son père. Je souris amusée tandis que Matthy pose ses mains sur les joues de Sky et je prends mon sac à mains pour récupérer le petit miroir que j’utilise pour me remaquiller entre chaque client. Une prostituée doit toujours être présentable, une règle importante. Je l’ouvre et le place devant Sky pour qu’il regarde ses cheveux. En effet, ils sont sales et longs

« On s’en occupera quand tu pourras te doucher, quand tu auras repris des forces. »

Je caresse une nouvelle fois son visage et prends Matthy qui commence à faire des siennes à cause de la sieste qu’il n’a pas pu faire pour l’assoir correctement contre son père puis je me lève pour aller chercher son sac à langer. Je prends le vaporisateur d’eau dans l’intention de l’utiliser sur Sky.

« Mais en attendant, je pense que ce sera utile pour combattre la chaleur. »

- Je n’ose pas imaginer ce que ça fait, ce que tu as du vivre… Je me sens mal. Je suis désolée Sky.

Désolée d’avoir eu l’excellente idée de partir en Russie alors que je me doutais que rien n’allait être rose. Je suis venue en Amérique pour dire adieu à la mère qui m’a fait interner durant mon adolescence et qui m’a mise sur les trottoirs dès ma sortie de cet asile. Je n’aurais pas dû venir, après tout, je n’avais pas réellement besoin de faire un break. Ma rupture avec Alexandre ne me fait plus rien depuis longtemps et la douleur que je ressentais suite au départ de Skylar ne s’était pas miraculeusement transformée en joie. J’ai été idiote et aujourd’hui, tout mon entourage en paie les frais. Si je n’étais pas partie, peut-être qu’il se serait calmé et peut-être que j’aurais fini par l’aimer ? J’ai toujours su me faire aux situations désastreuses dans lesquelles je me traînais, pourquoi est-ce que ce cas-là aurait été différent ? Je baisse la tête. Je sais que je ne devrais pas me blâmer devant lui, que je ne devrais pas me blâmer tout court parce que je n’étais pas au courant qu’il s’était évadé de prison, mais c’est plus fort que moi. Au fond je suis l’investigatrice de tout ça.

- Bientôt, maintenant que tu es réveillé tout ira mieux, tout sera plus rapide et avec un peu de chance, tu sortiras rapidement.

Et pour aller où… Je reste perplexe puis met cette question de côté. Il y a un temps pour tout et je trouverais quelque chose pour l’aider puisque le présenter à Alek signera son arrêt de mort et le miens par la même occasion. Je déglutis et passe rapidement à autre chose en l’aidant à boire. Je grimace, Sky et sa fierté… D’un côté, je suis contente d’être celle qui aide et non celle qui est aidée. Pour une fois que je peux faire quelque chose pour lui (et aussi jouer du fait qu’il a besoin de moi) et non l’inverse, c’est plaisant. Même si pour lui ça ne l’est pas, chose que je comprends et qui me fait sourire intérieurement. Je pose le gobelet sur le meuble qui fait office de placard/table de chevet et le regarder serrer son fils dans ses bras. Je suis heureuse de voir ça, Matthew en avait besoin. Il a toujours eu besoin d’un père qui l’aime et qui est capable de tout pour lui et je vois qu’il est content. Je l’entends aussi puisqu’il se met à rire et il imite des petits sauts. Je ris et une fois qu’ils se séparent, je le laisse s’allonger en gardant mes mains à proximité et il s’allonge contre Sky qui passe sa main dans ses cheveux.

- Moi je trouve que ça te donne un petit côté sexy. Avec un peu de barbe je m’évanouirais. Dis-je en feintant un évanouissement, main posée sur mon front puis je ris. Je sais. Bientôt on pourra passer un moment tous les deux et se retrouver.

Je me lève ensuite pour aller chercher le vaporisateur d’eau et je me dirige vers le lit pour déposer mes lèvres sur le front de Matthew qui se frotter frénétiquement les yeux. Je lui enlève ses chaussures en sachant qu’il allait bientôt s’endormir puis je m’assieds et je ferme les yeux quelques secondes, son toucher m’avait manqué. Je hoche la tête.

- Je m’en occupe. Pour ce qui est du temps, tu n’as pas râté grand-chose. Il y a eu beaucoup de soleil et beaucoup de pluie. Matthew avait un peu bronzé, enfin bronzé… Il est devenu plus foncé et il était tout mignon.

Je l’ai souvent emmené à la plage et au parc pour qu’il profite du beau temps et malgré les couches de crèmes que je lui mettais régulièrement, il a quand même réussis à bronzer. Je comprendrais jamais. Bref. Je vaporise doucement le visage de Sky et utilise un mouchoir pour éponger les gouttes en trop et je vaporise à deux reprises le mouchoir pour le passer sur le visage, les bras et les jambes de Matthew pour le soulager un peu. Je le laisse m’attirer plus près de lui et soutient son regard. Ses paroles me surprennent et je reste un moment sans mot. Je détourne la tête et regarde par la fenêtre.

- J’en dis que tu aurais dû attendre avant d’en parler. Tu penses réellement que ce sera aussi facile ? Qu’il suffit de parler divorce et départ pour que ça arrive ? Ma voix s’emporte mais je me contrôle et je passe ma main sur mon visage. Je pense que… Je pense juste que ça paraît fou. Et si finalement on n’y arrivait pas ? Je tourne la tête vers lui. C’est un projet fou. J'y crois, mais dis comme ça c'est trop simple. On fera comment en attendant ? Il quitte rarement la maison, il ne me laisse pas sortir, si ce n'est pour aller au... Travail et encore, il fait souvent des rondes pour voir si je suis réellement là. J'y ai échappé de justesse mais pour la suite ?

Je ne réponds rien et me contente de hausser les épaules. J’ai fait l’erreur d’aller dans la gueule du loup alors j’estime que oui, j’y suis pour quelque chose mais bon, partir sur ce débat ne servira à rien, sauf à nous disputer dans le meilleur des cas. Puis je vais bien, me disputer avec lui… C’est une mauvaise idée. Je ne compte plus les problèmes que les problèmes que j’ai pu avoir à cause de son coma alors je veux que tout se passe bien. Pour nous trois et surtout pour moi. Je suis fatiguée de ne pas contrôler cette deuxième partie de moi qui me bouffe à chaque instant malgré les médicaments qui sont censés la garder calme. Cette partie qui me rend folle, qui ne fait perdre les pédales et qui m’a valu plusieurs allers retours à l’hôpital. Mais depuis plusieurs jours, je suis calme et je suis moi-même alors autant continuer sur cette lancée. Après tout, je retrouve l’homme que j’aime après quatre moi de coma dans lequel il pouvait m’entendre. Ca me fait chaud au cœur d’apprendre ça, je suis rassurée qu’il ait pu entendre mes récits sur Matthew qui grandit bien et qui m’en fait voir de toutes les couleurs, mes moments de doute quand je n’allais pas bien et mes moments de joie quand l’espoir revenait. Je crois que la seule chose que je peux qualifier de positif avec ce coma, c’est que je l’aime encore plus. La peur de le perdre a ouvert le coffre qui retenait mes émotions et j’ai été libéré. Je suis encore plus amoureuse de lui aujourd’hui. C’est bien la seule chose positive, n’est-ce pas ?

Ses paroles me font sourire et je pose ma main sur sa cuisse en laissant un « Je sais » franchir le pas de mes lèvres. Qui aime les hôpitaux ? Je souris de ses paroles, mais je sais qu’il serait très bien capable de partir sans prévenir personne et c’est ce qui m’inquiète s’ils le retiennent plus d’une semaine enfermé dans cette chambre pour lui faire des tests inutiles. C’est leur métier mais il va bien. Il arrive à bouger tous ses membres et il n’a presque plus de séquelles de cette bagarre, si ce n’est une petite cicatrice au menton qui se voit à peine. Mais moi je l’ai vu, après avoir passé des heures à le regarder sous tous les angles, j’ai vu des choses qui ne m’avaient jamais tapé dans l’œil, dont la cicatrice qu’il n’avait pas avant. Pour avoir passé de longues heures allongée à ses côté et à jouer avec son visage, je sais de quoi je parle. Je porte mon regard sur le père et le fils et je redeviens zen. Tout le stress, toute la peur, toutes les émotions qui s’entrechoquent s’envolent en posant mon regard sur le visage paisible de mon petit ange d’amour qui dort à moitié. Et bizarrement, il arrive à dormir sans sa tétine mais je lui mets tout de même son doudou à côté de lui. J’ai oublié sa tétine à la maison, ou plutôt, je ne l’ai pas assez cherché. Mais depuis que Matthew marche à quatre pattes, il perd tout et je suis sans arrêt à lui courir après pour lui éviter de se prendre tout ce qui est sur son chemin. Une terreur des tapis qui n’a pas peur de mettre les mains partout où il peut. Je hausse les épaules à sa réponse et pose mes mains sur ses joues.

- Han, j’ai hâte de te revoir avec ta barbe de trois jours… T’es si sexy avec. Tu fais enfant sans elle, ce n’est pas pour me déplaire mais je préfère ta barbe mal rasée. Elle te donne du charme en plus, puis on s’occupera de tes cheveux quand tu pourras reprendre une douche. Demain je pense, non ?

J’ai tellement hâte qu’il sorte de là pour pouvoir le retrouver pleinement et puis pour ne plus voir ces infirmières qui au début agissaient comme des groupies en chaleur et qui ont finit par devenir des conasses sans aucune grâce. Je ne pouvais rien leur demander « Désolée mais j’ai d’autre patients ! » voilà ce qu’elles disaient, ces idiotes qui n’ont jamais été capable de prendre soin de lui correctement. Enfin, qui n’ont pas voulu suivre mes instructions et qui n’ont jamais voulu laisser entrer plus de deux personnes à la fois. J’ai même eu du mal à faire entrer Matthew. Il pleurait, mais ce n’est pas de sa faute si ses dents poussaient. Elles doivent comprendre ça non ? Mais non, au bout de deux jours, elles n’avaient toujours pas compris qu’en présence de son père il se calmait. Je n’avais qu’à l’assoir à ses côtés pour qu’il arrête et qu’il joue avec ses doigts. Je soupire.

- Nous ne sommes qu’en juin, tu sais ? Il te reste trois mois pour profiter du soleil. On ira à la plage, à la foret, au parc, on se fera des petites sorties tous les deux, on en profitera… Tu verras, ça va être parfait.

Et on s’amusera comme des petits fous. Je lui vaporise le visage et je l’écoute. Je tourne la tête et lui répond mais apparemment il y croit dur comme faire. Je le laisse me magner et je ferme les yeux le temps du contact entre nos lèvres et je le regarde dans les yeux en me mordant la lèvre inférieure. Si ça ne marche pas il est prêt à fuir… Je ferme les yeux et je sens les larmes me monter aux yeux. Je les rouvres et je regarde Matthy qui dort profondément pouce en bouche.

Les larmes se mettent à couler seules. J’en ai marre d’être sensible. Si je réussis à obtenir le divorce, et s’il nous laisse en paix… Ce sera terminé ? On sera enfin une famille et on sera heureux… Ce sera finit, et on sera tranquilles. Et on ne se quittera plus ? D’accord. D’accord, on fait comme ça. Je t’aime, Skylar. Et puis… Matthew grandira bien, et… Je pensais… Si jamais il veut l’adopter ? Il m’en a déjà parlé et quand je lui ai dit non, il est rentré dans une colère noire et s’est emporté. Il a de l’argent aussi, il peut le faire sans problème et s’il veut Matthew est-ce que son avocat pourrait faire en sorte qu’il ait sa garde ? Skylar… Je ne veux pas qu’il l’ait, je ne veux pas qu’il prenne mon fils !

- Comment ça je fais enfant? Non mais dis donc à mon âge manquerais plus que je fasse enfant! Mais bon, ça me va aussi si tu trouves ça tellement sexy, c'est tout à ton honneur d'ailleurs. Je veux te plaire tu le sais bien. Je pourrais prendre une douche dès demain sans soucis oui, voir même ce soir, j'en ai marre d'être allongé j'ai les jambes toutes engourdies j'ai horreur de ça. Je laisse un rire s’échapper de mes lèvres.

« Je ne veux pas rater ta première douche, je veux te frotter le dos. Et je veux passer un moment intime avec toi aussi sous l’eau chaude, blottie contre ton torse… Je ne veux pas attendre. »

Je plisse les yeux, me mord l’intérieur de la joue et secoue la tête. Quatre mois que j’attends de le retrouver, je ne veux pas manquer ça. Je laisserais Matthew à Freddy, il sera ravi de s’en occuper puisqu’ils s’adorent tous les deux et je viendrais dès le début des visites. Maintenant qu’il est réveillé, je suis beaucoup plus enjouée pour venir le voir. Mon « mari » ? Je m’en occupe, une journée au spa, ou bien au parc avec quelques amies du club de maternité que j’ai rejoint avant la naissance du bout de chou, ça passera tout seul. Je reprends mes esprits quand il me parle du temps et lui dit que nous ne sommes qu’en juin. Nous avons tout notre temps pour profiter du beau temps. Je frissonne quand ses lèvres se posent sur ma main et hoche la tête.

« Oui, loin d’ici.. Un endroit où il fait chaud, où la mer est bleue et belle, où l’ambiance est chaleureuse, oui, je pense que ce serait parfait, puis on pourra se retrouver, loin de tout ça. »

Je pose ma main sur le haut de son torse pour tirer doucement sur le col de sa robe de chambre et me mord la lèvre inférieur. Ce serait paradisiaque. Mais voilà qu’on aborde le sujet sensible et je ne peux m’empêcher de pleurer en pensant au fait que mon mari fasse tout pour avoir la garde de Matthew, ce qui ne sera pas bien difficile au vu de mes antécédents psychiatriques, de mon travail actuel – qui me piège – et de mes revenus, mais il me rassure et je souris. Je hoche la tête et essuie mes larmes avec mes mains et je me relève pour entourer sa nuque avec mes bras et l’embrasser.

« Tu as raison, je ne dois pas me laisser aller mais je t’ai attendu pendant quatre longs mois, je suppose que la carapace que je m’étais construit n’a pas tenu le choc. Mais tout ira bien, et à deux, on arrivera à être heureux et on aura une vie de rêve tous les trois. »

J’attrape mon sac et en sort mon téléphone. Je fouille dans mes dossiers et tends le portable à Skylar pour qu’il regarde la vidéo qui met en scène un Matthew appuyé sur la table du salon et qui essaye de parler, en prononçant des syllabes.

« J’ai filmé ça, parce que j’étais persuadée qu’il allait prononcée son premier mot. » Mais à la place, on le voit tomber assis et souffler, comme s’il en avait marre d’essayer. « J’en ai plein des comme ça, et… Je l’ai aussi en train de marcher, ce ne sont pas ses premiers pas, mais c’était l’heure d’après, quand il a enfin décidé de se remettre debout, tu veux voir ? »